La poursuite de la crise politique entre l’Algérie et la France a affecté les relations économiques, puisque les échanges commerciaux entre les deux pays ont diminué de 4,3 % en 2024, atteignant 11,1 milliards d’euros, selon les derniers chiffres publiés le 10 mars 2025 par la Direction générale du trésor, relevant du ministère français de l’Economie.
Bien que la même source ait justifié la baisse enregistrée par la diminution des prix du pétrole, au motif qu’elle a entraîné une contraction des importations françaises en provenance d’Algérie, l’impact des tensions politiques et diplomatiques entre l’axe Alger-Paris, qui a connu une tendance à la hausse au second semestre de l’année dernière après que le président français a reconnu le « plan d’autonomie » pour le Sahara occidental, jette une ombre sur le secteur économique, à un moment où les deux parties n’excluent pas d’utiliser les cartes de pression à leur disposition.
A cet égard, les chiffres de la Direction générale du trésor français indiquent une baisse des importations françaises en provenance d’Algérie de 11,2 % en 2024 à 6,3 milliards d’euros contre 7,1 milliards d’euros en 2023. Le document du Trésor français précise que « cette baisse est principalement due à la baisse des prix mondiaux du pétrole, un secteur qui représente 79,4 % des exportations algériennes vers la France ». Les ventes de carburants à la France ont enregistré une baisse de 14 %, passant de 5,8 milliards d’euros en 2023 à 5 milliards d’euros en 2024.
« Malgré ce recul, certains secteurs ont montré une grande résilience », a indiqué la source, notant que les produits pétroliers raffinés ont progressé de 3,7 % à 789 millions d’euros.
En revanche, les importations françaises de produits industriels algériens, hors secteur des hydrocarbures, ont légèrement diminué de 2,6 % pour atteindre 414 millions d’euros.
Au cours de la même période, les exportations françaises de biens vers l’Algérie ont progressé de 6,6 % sur un an pour atteindre 4,8 milliards d’euros, après une légère baisse de 0,5 % en 2023.
Ventes agricoles françaises à l’Algérie
La crise actuelle entre Paris et Alger a affecté les ventes du secteur agricole français vers l’Algérie, un secteur qui a longtemps été un pilier des échanges franco-algériens, qui se hisse désormais à la quatrième place des exportations malgré la forte reprise des ventes de céréales françaises au premier semestre, qui ont bondi de 105,6 %, atteignant 329 millions d’euros sur un an après une forte contraction de 80,7 % en 2023.
En revanche, les exportations de produits de l’industrie agroalimentaire, à la cinquième place des exportations, ont fortement chuté à 21,9 %, passant de 408 millions d’euros en 2023 à 319 millions d’euros en 2024.
Malgré toutes ces circonstances, l’Algérie maintient sa position de deuxième marché des exportations françaises en Afrique, après le Maroc (7,4 milliards d’euros) et devant la Tunisie (3,4 milliards d’euros), selon le même document.
La même publication a également évoqué le solde des investissements directs étrangers français en Algérie, selon les données de la Banque de France, où la valeur des projets d’investissement des entreprises françaises en Algérie (c’est-à-dire les flux totaux, ajustés du taux de change) s’élevait à 2,8 milliards d’euros en 2023. Ce qui place également la France à la troisième place des investisseurs en Algérie, derrière les États-Unis et l’Italie. Les investissements directs étrangers français se concentrent dans trois secteurs : les services financiers, l’industrie manufacturière et les industries extractives.