Vingt huit associations et ONG ont dénoncé vendredi la campagne de dénigrement ciblant les militantes et militants des droits de l’homme et les appels à activer la peine de mort.
La société civile condamne la recrudescence, observée au cours de la dernière période, des atteintes au droit à la vie de la part de journalistes, responsables et acteurs politiques. Une attitude qui traduit le niveau de populisme atteint dans la sphère politique, regrettent les membres de la société civile.
Dans une déclaration, les signataires appellent à la nécessité d’éviter les discours de haine, de respecter la présomption d’innocence. Ainsi que de cesser d’instrumentaliser les crimes à des fins politiciennes populistes.
Ils mettent en avant l’importance de respecter les engagements internationaux de la Tunisie, en particulier les résolutions onusiennes relatives à la suspension de la peine de mort. Les signataires recommandent, dans ce sens, l’ouverture d’un débat national sur les causes de la prolifération du crime et les moyens d’y remédier.
Les associations soulignent dans leur déclaration que les mouvements de défense des droits de l’homme en Tunisie ne doivent pas être tenus responsables de la faiblesse du système sécuritaire. Notamment face aux crimes organisés et aux réseaux de corruption et de contrebande.
Et d’ajouter que l’application de la peine capitale ne réduit aucunement le taux de criminalité tel qu’il a été constaté dans certains pays.
Les défenseurs des droits humains ont été surpris par les récentes déclarations du président de la République, lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale le 28 septembre. Ainsi qu’au cours de son entretien avec le ministre de la Justice lorsqu’il a souligné la nécessité de rétablir la peine de mort et de se conformer, à ce sujet, aux règles de la Chariaa, lit-on de même source.
Ces déclarations, estiment-ils, s’opposent aux engagements internationaux de la Tunisie. Ainsi qu’au caractère civil de l’Etat qui se base sur la Constitution et les lois positives en général. Il s’agit, également, d’une atteinte au principe de séparation entre les pouvoirs.
La déclaration est signée par notamment l’Association tunisienne des femmes démocrates, la Coalition tunisienne contre la peine de mort, la Ligue tunisienne pour les droits de l’homme, l’Organisation tunisienne contre la torture, l’association Yakadha pour la démocratie et l’État civique, le centre de Tunis pour la liberté de la presse et l’Observatoire pour la défense du caractère civil de l’État.
La mort de la jeune femme Rahma Lahmar dont le corps a été retrouvé dans la zone de Ain Zaghouan à Tunis, le 25 septembre, est venue raviver le débat sur l’application de la peine de mort en Tunisie, en moratoire depuis 1991.
Avec TAP