Depuis jeudi 1er février 2024, 45 entreprises et organisations en Allemagne mettent à l’épreuve la semaine de travail de quatre jours pendant six mois. Les employés recevront un salaire complet, même s’ils travaillent moins d’heures au bureau ou à la maison. L’ensemble du projet est une initiative de la société de conseil en gestion, Intraprenor, en collaboration avec l’ONG “4 Day Week Global” (4DWG).
Les partisans de la semaine de travail de quatre jours estiment que cela contribuera à remédier à la pénurie de travailleurs qualifiés. Car, selon eux, cela augmentera la productivité des travailleurs. Ils soutiennent que les personnes qui travaillent seulement quatre jours par semaine au lieu de cinq sont plus motivées et donc plus productives.
En outre, ils estiment qu’il y aura davantage de personnes intéressées par un poste comportant quatre jours de travail, qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas travailler cinq jours. Ils estiment que c’est précisément de cette manière que l’on limitera le manque de main-d’œuvre qualifiée.
Congés de maladie réduits de 66 %
La semaine de quatre jours a déjà été testée dans la pratique. Depuis 2019, l’ONG 4DWG mène de tels programmes pilotes au Royaume-Uni, en Afrique du Sud, en Australie, en Irlande et aux États-Unis. A cet égard l’organisation indique que plus de 500 entreprises ont participé à son initiative à ce jour. Les résultats semblent confirmer les attentes de résultats positifs.
Ainsi, les chercheurs de Cambridge et de Boston relèvent que les congés de maladie ont été réduits d’environ 66 %. Tandis que près de 40 % des travailleurs ont déclaré se sentir moins stressés après l’exercice qu’avant. Il est également intéressant de noter que le nombre d’employés qui ont démissionné de leur emploi a diminué de 57 %.
Peut-être plus important encore, les chercheurs ont enregistré une augmentation moyenne du chiffre d’affaires d’environ 1,4 %.
A noter enfin que 56 des 61 entreprises participantes ont déclaré qu’elles maintiendraient la semaine de travail de quatre jours après la fin de l’expérimentation.
Y aura-t-il un déficit d’horaires de travail?
Les entreprises allemandes qui participeront à l’essai de travail de quatre jours ont déposé leur candidature il y a quelques mois. C’est là que réside la racine du problème, estime l’expert allemand du marché du travail, Enzo Weber, qui critique jusqu’à présent les résultats des programmes pilotes.
Comme l’explique M. Weber, seules les entreprises pour lesquelles la semaine de travail de quatre jours est pertinente ont déposé une demande de participation au projet. Ces entreprises ne sont donc pas représentatives de l’ensemble de l’économie. Il constate également que non seulement les heures de travail hebdomadaires sont réduites, mais que les processus et l’organisation sont également affectés négativement. Dans le cas où une augmentation de la productivité serait effectivement enregistrée dans l’expérience, il n’est pas nécessaire qu’elle soit liée à une réduction du temps de travail, estime l’expert allemand.
Holger Schaefer, de l’Institut allemand d’économie (IW Cologne), partage cette évaluation. Il estime que l’instauration de la semaine de travail de quatre jours est contre-productive. “Ce qui semble logique à première vue s’avère finalement problématique : si toutes les entreprises adoptent la semaine de travail de quatre jours, il y aura un déficit d’horaires de travail”, conclut l’expert allemand.
Malgré tous les arguments contre, le plus grand syndicat allemand, IG Metall, est depuis longtemps favorable à une réduction du temps de travail. Or, le fait est que la semaine de travail de 35 heures est déjà établie dans l’industrie sidérurgique.