Les États-Unis tournent la page du libre-échange et adoptent une approche plus protectionniste. Le commerce international est à nouveau dominé par des rapports de force, tandis que Trump, déterminé à lutter contre les déficits commerciaux, prévoit d’augmenter les droits de douane. Malgré un déficit croissant de la balance courante, largement compensé par d’importants flux de capitaux, il fait de sa réduction la priorité de sa politique économique. Cependant, Trump a également été élu sur d’autres engagements, parfois en contradiction avec cette volonté de réduire le déficit commercial.
Réduire une inflation pénalisante pour le pouvoir d’achat des Américains
Son engagement à imposer des droits de douane risquerait de générer des pressions inflationnistes du fait que les tarifs
douaniers agissent comme une taxe sur les biens importés. De même, sa bataille contre l’immigration, en renvoyant les
migrants sans papiers, provoquerait une pénurie de travailleurs qui risque d’augmenter les coûts de la main-d’œuvre
et par conséquent, nourrir les pressions inflationnistes. Une dérive très embarrassante pour la politique monétaire de la Fed.
Rééquilibrer la valeur du dollar jugée surévaluée
Toute majoration tarifaire finira par renforcer le dollar via la diminution de la demande de devises étrangères. Par ailleurs, si les pressions inflationnistes se confirment, la Fed pourrait être contrainte de maintenir des taux d’intérêt élevés, ce qui renforcerait encore plus le billet vert. Enfin, l’histoire nous enseigne que le principal partenaire commercial des Etats-Unis (la Chine) sera amené à affaiblir sa monnaie.
Assainir des finances publiques étouffées par le service de la dette
Une autre priorité de la nouvelle administration du président élu est la réduction des dépenses publiques, une tâche
confiée à Elon Musk et son équipe du Doge. Trump envisage de faire passer le déficit de 6,5% à 3% du PIB tout en
diminuant les impôts, comptant sur les recettes des droits de douane et une croissance plus élevée pour y parvenir. Un pari risqué pour inverser le trend de la dette.
La combinaison de ces mesures pourrait rendre l’objectif difficile à atteindre. Chercher à tout prix à réduire le déficit commercial tout en maintenant une croissance forte, une inflation maîtrisée et un budget sous contrôle relève d’un exercice d’équilibriste périlleux, miné par de profondes contradictions. Dans cette course aux objectifs incompatibles, l’incertitude règne en maître.
Par Noura Harboub-Labidi
Cet article est disponible dans le Mag de l’Économiste Maghrébin n 914 du 26 février au 12 mars 2025