« Le commerce et l’innovation ont stimulé la croissance, mais l’amplification des risques climatiques, la faiblesse de la gouvernance et le sous-investissement menacent l’avenir du secteur et la vie de 600 millions de personnes dans le monde ». Ainsi s’inquiète la CNUCED, dans une nouvelle étude publiée le 24 février 2025 sur l’économie océanique.
A souligner au passage que cette étude intervient à l’approche du 5e Forum des Nations unies sur les océans, prévu pour mars et de la Conférence des Nations unies sur les océans de 2025, qui aura lieu en juin.
Pour commencer, l’étude de l’organisme onusien souligne que « l’économie océanique a été multipliée par 2,5 depuis 1995, dépassant la moyenne mondiale ».
Le commerce des biens et services océaniques s’est élevé, respectivement, à 899 milliards de dollars et 1 300 milliards de dollars en 2023. Ce qui souligne l’importance croissante des activités maritimes pour les pays côtiers et insulaires. La pêche à elle seule fait vivre aujourd’hui 600 millions de personnes à travers le monde, vivant pour la plupart dans des pays en développement.
L’étude note au passage que « le commerce Sud-Sud est en plein essor ». D’ailleurs, entre 2021 et 2023, les exportations de poisson (primaire) ont augmenté de 43 % pour atteindre la valeur de 19 milliards de dollars, contre les exportations de poisson transformé qui ont bondi de 89 % pour atteindre 23 milliards de dollars.
La CNUCED indique que l’océan reste largement inexploré, avec jusqu’à deux tiers des espèces marines non encore identifiées, et offrant un vaste potentiel. En effet, « le marché de la biotechnologie marine, estimé à 4,2 milliards de dollars en 2023, devrait atteindre 6,4 milliards de dollars d’ici 2025, grâce aux aliments marins à faible teneur en carbone, aux nouveaux antibiotiques et aux matériaux biosourcés », selon l’étude.
Ceci dit, l’avenir du secteur est menacé par le changement climatique, la pollution, la surpêche, les lacunes réglementaires et le sous-investissement.
Ainsi, le réchauffement des eaux océaniques perturbe les écosystèmes marins, nuit aux poissons, réduit les récoltes et menace la sécurité alimentaire, en particulier pour les communautés côtières, selon l’étude.
« Les risques s’étendent au commerce maritime. L’élévation du niveau des mers et la sécheresse menacent les ports et les routes maritimes. Tandis que les conditions météorologiques extrêmes retardent les expéditions et gonflent les coûts d’assurance ».
Dans ce cadre, l’enquête révèle que l’économie océanique représente 11 % des émissions mondiales de CO2, pourtant aucun ensemble de données complet ne relève les émissions dans les secteurs clés.
Pour sa part, le tourisme côtier et maritime représente à lui seul 4 % des émissions mondiales, mais les données officielles sont incomplètes, regrette l’étude.
Si le transport maritime, l’exploitation pétrolière offshore et la pêche sont mieux documentés, en revanche, d’autres secteurs, tels que les ports et la construction navale, sont largement absents des évaluations mondiales des émissions de carbone.
« L’élargissement de la base de données sur le commerce océanique de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et des statistiques de la FAO sur la pêche pourrait contribuer à combler ces lacunes ».
Alors qu’est-ce qui doit changer?
Estimant que « l’économie océanique est à un tournant », les auteurs de l’étude, pour assurer une croissance durable et inclusive, préconisent cinq actions qu’ils considèrent comme nécessaires, à savoir :
- Intégrer les secteurs liés à l’océan dans les plans nationaux sur le climat et la biodiversité afin d’accélérer l’adaptation et d’améliorer la résilience.
- Finaliser le traité juridiquement contraignant sur la pollution plastique afin de réduire les déchets et de permettre l’utilisation de matériaux d’origine marine.
- Réduire les barrières commerciales pour stimuler le commerce Sud-Sud de la pêche et de l’aquaculture.
- Élargir la collecte de données sur les émissions, le commerce et les investissements liés aux océans.
- Mettre fin aux subventions néfastes et augmenter le financement, en mobilisant des fonds publics et privés.