Un nombre croissant de personnalités du monde des affaires aux Etats-Unis soutient désormais la candidate à la primaire du Parti républicain, Nikki Haley, considérée comme plus prévisible que Donald Trump. Fera-t-elle de l’ombre au sulfureux magnat de l’immobilier qui rêve de reconquérir la Maison Blanche?
Et si c’était elle, la future locataire de la Maison Blanche? Pourtant, Nikki Haley, la candidate à l’investiture républicaine, n’avait aucune chance de faire de l’ombre au super favori, Donald Trump, quand elle se lança dans la course au mois de février dernier. En ce temps là, elle ne ramassait que 4 % d’intentions de vote; des miettes en comparaison de Ron DeSantis (32,3 %) et surtout de l’indéboulonnable Donald Trump qui caracolait à (43,8 %). Sachant que celui-ci aura choisi de ne pas participer au traditionnel rendez-vous télévisé, en raison, selon lui, de son avance « vertigineuse » dans les sondages républicains.
Entre temps, surfant sur une dynamique ascendante, l’ex-gouverneure de Caroline du Sud est remontée à près de 18 % dans les sondages pour les primaires présidentielles du Parti républicain de 2024. Et elle est se place désormais au coude-à-coude avec Ron DeSantis (autour de 19 %). Ce dernier décrochant manifestement, dans une courbe descendante.
Retour aux fondamentaux budgétaires
Cette remontée spectaculaire a fini par attirer l’attention d’un nombre croissant de personnalités du monde économique, y compris les donateurs du Parti républicain qui font et la pluie et le beau temps aux élections américaines. Tous séduits par cette candidate de 51 ans aux origines indiennes, considérée comme plus prévisible que Donald Trump et plus favorable aux intérêts des entreprises que Joe Biden. Et la liste ne cesse de s’allonger.
« Le monde de l’entreprise s’inquiète de l’instabilité potentielle que créerait une nouvelle présidence Trump. Par contre, Il semble qu’elle soit prête à respecter des limites, plus que d’autres », analyse Daniel Kinderman, professeur à l’université du Delaware. « Et c’est quelque chose que les responsables économiques apprécient plutôt. Ils n’aiment pas trop les coups de folie ».
De plus, l’ancienne ambassadrice américaine auprès des Nations unies prône des baisses d’impôts, un retour progressif à l’équilibre budgétaire et le relèvement de l’âge minimum de départ à la retraite. Pour sa part, Donald Trump propose également de réduire la charge fiscale, en particulier l’impôt sur les sociétés, mais parle peu des déficits et de la dette. Sa promesse d’étendre et de relever les tarifs douaniers préoccupe particulièrement les milieux économiques.
Des soutiens financiers de poids
Ainsi, elle vient de recevoir le soutien de Jamie Dimon, P-DG de JPMorgan, considéré comme le patron le plus puissant des Etats-Unis. En effet, celui-ci s’est écrié, s’attirant l’ire de Trump, : « Même si vous êtes un démocrate très à gauche, je vous le demande, aidez Nikki Haley, vous aussi. Faites émerger une meilleure option que Trump côté républicain. »
Et c’est sans compter l’appui financier du milliardaire industriel Charles Koch l’un des plus gros donateurs en politique, ou l’investisseur Stanley Druckenmiller. Elle décrochera probablement celui du financier Ken Griffin, ex-grand donateur de Ron DeSantis, qui confie « y réfléchir activement». Grace à ces dons, Nikki Haley est parvenue à investir la semaine dernière 10 millions de dollars dans sa première grande campagne publicitaire télévisée, à un mois et demi des primaires, qui démarrent le 15 janvier 2024.
« Celle que Donald Trump la surnomme « birdbrain » (cervelle de moineau) fait une campagne très intelligente. A chaque débat présidentiel organisé entre les candidats à l’investiture, elle a été la meilleure et de loin. Elle a réussi à imposer sa propre voix, à se créer un créneau électoral, à séduire les femmes des banlieues dont le vote est aujourd’hui crucial, et à dépasser les clivages au-delà du Parti républicain », analyse le sondeur John Zoby.
Fera-t-elle le poids face à Trump?
Sera-t-elle une concurrente sérieuse face à Trump? « Si cette dynamique électorale dont elle bénéficie aujourd’hui, se confirme, note le même sondeur, si elle s’assure une solide deuxième place dans l’Iowa, avec un score supérieur aux attentes, de l’ordre de 30 % des voix, derrière un Trump victorieux mais avec une performance décevante, à 40 %, tous les espoirs lui sont permis », ajoute-t-il encore. Tout en pronostiquant que dans ce cas de figure « les autres candidats en lice seraient alors obligés de quitter la course, lui laissant le champ libre pour affronter, seule, l’ancien président, en terrain familier, la Caroline du Sud, où elle fut gouverneure pendant six ans ».
Dernier argument qui ne manque pas de poids pour les soutiens de cette étoile montante dans le ciel de l’Old Party, un récent sondage de l’Institut Harris donnait un meilleur résultat potentiel pour Nikki Haley face à Joe Biden que pour Donald Trump; sans compter que les multiples procédures judiciaires visant l’ancien chef de l’Etat font planer une menace sur sa campagne.
Handicap
Reste un handicap de taille : « N’êtes-vous pas un peu trop proche des banques et des milliardaires pour convaincre la base ouvrière, qui veut s’en prendre au système, pas élire quelqu’un qui en est issu? » Ainsi l’interrogea, non sans malice un journaliste. C’est de sa capacité à surmonter cette image de proximité avec les nantis que se dessinera le destin national de Nimrata Nikki Randhawa Haley issue d’une famille émigrée de l’Etat indien du Pendjab qui arrive en Caroline du Sud dans les années 1960.
