La guerre à Gaza a coûté énormément cher à l’économie israélienne. Les derniers chiffres officiels évoquent un déficit budgétaire qui se creuse pour atteindre 3,4 % du PIB. Soit 16,6 milliards de shekels (4,48 milliards de dollars). Les dépenses publiques ont augmenté à 46,9 milliards de shekels (12,6 milliards de dollars); alors que les recettes fiscales ont chuté de 16,5 %.
Tel Aviv a été contrainte de doper ses dépenses militaires et civiles pour financer la guerre à Gaza. Se faisant, les coûts directs de la guerre se sont établis à 5,8 milliards de shekels (1,6 milliard de dollars). De même, les autorités ont également avancé des paiements aux fournisseurs et aux autorités locales. Et ce, sans compter plus de 300 000 réservistes, parmi lesquels des techniciens et des employés de divers secteurs d’activité, qui ont été appelés sous les drapeaux. Ce qui a entraîné des perturbations dans les activités de nombreuses entreprises. D’autres, comme les entreprises de vente au détail, mettant leurs employés au chômage technique.
Un novembre noir
Ainsi, les recettes ont diminué au cours du mois de novembre à 30,3 milliards de shekels (8,1 milliards de dollars), dont 29,7 milliards de shekels (8 milliards de dollars) de recettes fiscales. La baisse à deux chiffres s’explique par les reports d’impôts accordés aux entreprises et aux particuliers pendant la période de guerre. Le revenu net de l’impôt sur l’immobilier chute donc de 61 % en glissement annuel à 0,8 milliard de shekels (0,2 milliard de dollars). Alors que la collecte des taxes d’achat baisse de 56 % en novembre. Le revenu des taxes d’amélioration de la propriété glissant de 69 % sur la même période.
Une facture historique
Par ailleurs, la semaine dernière, la Knesset a lancé les manœuvres pour modifier le budget 2023. Et ce, afin que le gouvernement puisse allouer un peu plus de 30 milliards de shekels (8,1 milliards de dollars) à l’armée et environ 13,63 milliards de shekels (3,7 milliards de dollars) à l’aide civile.
Dans ce contexte, notons que les avancées budgétaires de 2022, marquées par le premier excédent budgétaire en 35 ans, n’ont pas duré longtemps. Ainsi, les retombées économiques de la guerre à Gaza et le ralentissement attendu de la consommation et de la demande privées planent désormais sur l’Etat hébreux. Dans ce contexte, les agences de notation ont réduit leurs perspectives de croissance au cours des dernières semaines, estimant que la facture du conflit est de 200 milliards de shekels (54 milliards de dollars). En outre, l’OCDE a abaissé les prévisions du PIB israélien pour 2023 de 60 points de base à 2,3 %, et à 1,5 % en 2024 (3,3 % précédemment).
Un pauvre peuple à Gaza paie le prix
Les Américains se sont déjà envolés pour aider les Israéliens. Ils ont adopté depuis octobre un plan prévoyant une aide militaire de 14,5 milliards de dollars. Le programme est financé par des coupes dans l’Internal Revenue Service. En même temps, le Sénat n’est pas parvenu la semaine dernière à valider une aide de plus de 106 milliards de dollars pour l’Ukraine et Israël, le camp républicain réclamant en échange un durcissement de la politique migratoire des Etats-Unis. Le président démocrate s’est d’ailleurs dit prêt à des compromis afin d’obtenir un soutien des deux chambres au Capitole. Les négociations se poursuivent.
En même temps, le monde arabe se contente d’envoyer des aides humanitaires au rythme d’une perfusion. Pris entre le marteau israélien et l’enclume de la pression de leurs peuples, les dirigeants des pays les plus influents sont bloqués. Les enjeux politiques entrent en jeu. Le Hamas est, in fine, l’une des formes des frères musulmans, largement haïs et pourchassés par les régimes des pays voisins. Les sauver signifie donner un nouveau souffle aux autres branches. Les deux millions de Palestiniens paient les pots cassés de ces calculs.