Des barricades sur les autoroutes et des incendies ont donné le coup d’envoi des manifestations d’hier : environ 300 à travers le pays, pour contrer le projet du gouvernement visant à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.
Les 300 manifestations étaient organisées à travers la France pour ce que les dirigeants syndicaux ont qualifié de ” mobilisation historique ». Les syndicats à l’origine des manifestations de mardi ont appelé à reconduire les grèves aujourd’hui et à une septième journée d’action le 11 mars.
Le cortège parisien est parti et cheminé le long du boulevard Raspail, dans le quartier latin, en direction de Montparnasse puis de la place de l’Italie. En tête, tous les dirigeants syndicaux, derrière une grande banderole contre la réforme : “le 7 mars on bloque tout jusqu’au retrait”.
Il y a une certaine tension dans le cortège bondé à Nantes, dans l’ouest du pays, où la police a lancé quelques grenades lacrymogènes. La crainte des autorités policières est que la marche pacifique ne devienne le théâtre de violences bien connues des Français depuis l’époque des coûts du carburant par les ultras et les gilets jaunes.
Carburant introuvable pour cause de raffineries fermées, 80% des trains à l’arrêt, ordures non ramassées : ce ne sont que quelques-unes des conséquences de la grève générale en France contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron.
L’objectif des syndicats est de paralyser le pays en quelques jours après l’adoption probable de la réforme controversée au Sénat. Tous les principaux secteurs productifs se sont arrêtés : des transports aux centrales électriques.
Paralysie des transports
A la SNCF, où la grève a débuté lundi à 19 heures, 80 % des TGV ont été supprimés avec des liaisons internationales par à-coups voire interrompues avec l’Allemagne et l’Espagne. A Paris, sur le réseau RATP, le trafic n’est régulier que sur les lignes 1 et 14 du métro (sans chauffeur), le reste du réseau est très perturbé.
Dans le secteur aérien, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies d’annuler entre 20 et 30 % des vols entre mardi et mercredi en prévision de la grève des contrôleurs aériens. Mardi matin, les retards moyens au départ étaient d’environ 10 minutes. Air France prévoit d’opérer près de huit vols sur dix, dont l’ensemble de ses vols long-courriers, sans exclure “les retards et annulations de dernière minute”. Transavia a annulé 30% de ses vols, soit 48 dans la journée.
Pénurie de carburant
Les expéditions de carburant ont été bloquées en sortie de “toutes les raffineries” de France (TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos), a indiqué le syndicat CGT-Chimica.
Si ces blocages perdurent, ils pourraient entraîner la fermeture de raffineries qui n’auraient plus de place pour stocker le carburant produit localement, et des pénuries dans les stations-service.
A Paris, les trois incinérateurs de déchets sont à l’arrêt. La collecte est à l’arrêt dans les dix arrondissements gérés par la commune avec “plusieurs milliers de tonnes d’ordures ménagères” non collectées.
Une France fermé, “fait évidemment mal à nos concitoyens”, et “les premiers pénalisés, quand on a des grèves, ce sont les Français les plus modestes”, a commenté la Première ministre Elisabeth Borne, défendant une réforme qui garantira, selon elle, la pérennité de “l’un des piliers de notre modèle social”.