Le chef du gouvernement d’union nationale libyen, Abdelhamid al-Dabaiba, a encore défendu hier la signature par son gouvernement d’un accord pétrolier et gazier avec la compagnie italienne Eni. Et ce, après une polémique soulevée par plusieurs autorités locales, dont le ministère du Pétrole. Certaines tribus ont lancé ces derniers jours des menaces explicites et publiques mettant ces accords en danger.
Samedi dernier, la Libyan National Oil Corporation et Eni ont signé un accord pour développer deux gisements de gaz offshore dans la parcelle “NC41″ dans le nord du pays. Mais le ministère du Pétrole a critiqué l’accord, le qualifiant d'”illégal”.
Voulant apaiser les esprits, M. Dabaiba a déclaré hier dans son discours lors d’une session du cabinet dans la ville d’Al-Jamil (ouest de la Lybie) : « Aujourd’hui, je m’adresse à tout le peuple libyen pour présenter une image claire et réaliste de l’accomplissement que la Libye a signé dans l’accord pétrolier avec l’Italie.”
Cette prise de parole intervient également après que le chef adjoint du Conseil suprême des tribus libyennes chargé du pétrole, du gaz et de l’eau, Al-Senoussi Al-Haliq, a déclaré que « la contestation dans la rue libyenne a atteint un degré sans précédent ». Ajoutant que « les tribus libyennes vont prendre des mesures d’escalade dans les prochains jours. Surtout après l’accord signé par “le gouvernement de Dabaiba” avec l’Italie. ».
Il a qualifié l’accord conclu par le gouvernement de Dabaiba d’illégal et illégitime. Tout en ajoutant que “les mesures d’escalade consistent à fermer les champs pétrolifères, les ports et les conduites d’approvisionnement en gaz vers l’Italie dans toutes les zones situées à Syrte et dans le sud-est”.
Il a expliqué que “les tribus libyennes de l’est ont l’intention d’aggraver les choses dans une large mesure. D’autant plus que tout l’argent du pétrole est contrôlé par des mains peu sûres”. Soulignant que “les tribus libyennes vont fermer de nombreux champs pétrolifères dans le sud-est, à Syrte, et dans toutes les régions de l’est de la Libye”.
M. Al-Haliq a révélé que la fermeture du complexe pétrolier et gazier “Mellita”, point principal du gazoduc reliant la Libye et l’Italie, est une première étape. Et ce, après la signature d’un accord entre le chef du gouvernement d’unité, M. Dabaiba, et le Premier ministre italien, Georgia Meloni.
Menaces sérieuses
Au cours des derniers jours, des manifestants ont pris d’assaut le complexe de Mellitah pour fermer le gazoduc exporté vers l’Italie. Et pour exiger que la National Oil Corporation les nomme. Ce qui a provoqué une réduction du pompage dans le gazoduc, montrant donc la possibilité de mettre en œuvre ces menaces.
Suite aux doutes sur l’accord signé par le gouvernement d’unité nationale, le chef du Bureau d’audit, Khaled Shakshak, a pris l’initiative, en accord avec le chef de la National Oil Corporation, Farhat bin Qadara, d’attribuer le Bureau à un groupe international bureau consultatif chargé d’entreprendre des examens et des audits de certains accords, contrats et opérations fondés sur ceux-ci.
Lors d’une réunion au siège de la Cour des comptes à Tripoli, M. Shakshak a confirmé que le secteur pétrolier est surveillé comme la principale ressource du budget général. Surtout après avoir alloué un budget exceptionnel pour le développement du secteur. Soulignant la nécessité de se concentrer sur les dépenses de développement et l’amélioration des taux de production.
Il a déclaré qu’il est nécessaire d’adhérer à une politique claire dans les opérations d’enregistrement, d’approvisionnement et de distribution, et d’assurer la couverture du besoin réel et de réduire le phénomène de la contrebande.
Farhat bin Qadara a fait référence à l’engagement de la National Oil Corporation envers les observations et les recommandations du Bureau. Ainsi qu’à leur volonté de coopérer, pour atteindre le plus haut niveau de transparence, a-t-il déclaré.
Quatre jours après que la National Oil Corporation à Tripoli a conclu un accord d’exploration, de développement et de partage de production avec la société pétrolière et gazière italienne Eni d’une valeur de 8 milliards de dollars, le ministre du Pétrole et du Gaz Mohamed Aoun continue d’exprimer son objection à l’accord.