Le président français Emmanuel Macron se rendra en Algérie du 25 au 27 août. C’est son deuxième voyage depuis qu’il est à l’Elysée. Apparemment, cette nouvelle visite aurait été décidée lors d’un entretien téléphonique au cours duquel le président de la France a présenté à son homologue algérien ses condoléances. Et ce, suite au décès de 37 Algériens dans les incendies gigantesques qui ont ravagé le nord de l’Algérie les 17 et 18 août.
Selon un communiqué de l‘Elysée, « ce déplacement contribuera à approfondir la relation bilatérale tournée vers l’avenir au bénéfice des populations des deux pays. Ainsi qu’à renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et à poursuivre le travail d’apaisement des mémoires entre la France et l’Algérie ».
Depuis l’indépendance jusqu’à ce jour, les relations franco-algériennes ont toujours été marquées par des développements en dents de scie. Aucun président français n’a réussi à épurer les relations des deux pays de « la tension mémorielle » qui les mine.
Macron, le seul président à être né après la Guerre d’Algérie, a tenté de commencer « le travail d’apaisement des mémoires ». En effet, au cours de sa première visite en Algérie en 2017, il a qualifié la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité ». Cette simple affirmation a été très appréciée par les Algériens; mais fortement critiquée par la droite et l’extrême droite françaises.
La tension entre les deux pays a brusquement monté en septembre dernier quand, sans rime ni raison, le président français a fait une déclaration dans laquelle il s’est attaqué au « système politico-militaire algérien qui entretient une rente mémorielle ». Tout en mettant en doute l’existence même d’une nation algérienne avant la colonisation…
On comprend la colère de l’Algérie qui a alors rappelé son ambassadeur à Paris « pour consultation ». La consultation a duré trois mois et l’ambassadeur n’a regagné son poste qu’après que le président français a exprimé publiquement ses regrets.
Cette visite qui durera deux jours réussira-t-elle à épurer durablement les relations franco-algériennes de la tension qui les a pratiquement toujours marquées? Les deux pays ont des intérêts évidents liés à l’émigration, l’économie et le commerce qui les poussent à assainir durablement leurs relations. Mais les deux pays font face aussi à des obstacles réels qui pourraient entraver les efforts franco-algériens de normalisation durable.
Parmi ces obstacles, il faut citer la droite et l’extrême droite françaises qui continueront à s’opposer à ce que l’Etat français présente ses excuses des crimes commis pendant les 132 ans de colonisation. Il y a aussi le dossier des immigrés algériens illégaux sur lequel Paris et Alger sont encore loin de trouver un terrain d’entente pour son traitement. Il y a enfin le problème du Sahara occidental qui a toujours mis la France dans la situation inconfortable engendrée par les difficultés de la diplomatie française à trouver un équilibre entre les positions extrêmes d’Alger et de Rabat sur la question.
Sur ce dernier point, et à quelques jours de la visite d’Emanuel Macron en Algérie, le roi du Maroc a, volontairement ou involontairement, aiguisé l’embarras de la France. C’était le 20 août à l’occasion du 69ème anniversaire de « la révolution du roi et du peuple ». Dans un discours remarqué, le roi Mohammed VI a affirmé notamment: « S’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque. »
Le message s’adresse en premier lieu à la France, que le Maroc souhaite vivement voir suivre l’exemple de l’Espagne. Celle-ci, il y a quelques mois, provoquait l’ire d’Alger après avoir changé sa position de neutralité sur le Sahara occidental et s’être alignée sur la position marocaine.
Toutefois, il y a très peu de chances que, dans un avenir prévisible, la France réponde positivement aux sollicitations marocaines. En ajoutant ainsi un autre problème de taille à ses relations avec Alger qui sont déjà suffisamment épineuses.