Les mesures sociales prises par le Chef du gouvernement en faveur des gens les plus touchés par la crise sanitaire sont pertinentes et nécessaires. Toutefois, la logistique a fait défaut. Des milliers de personnes ont bravé le confinement en s’attroupant devant les bureaux de Poste pour recevoir l’aide promise. Le pire est à craindre…
Dans la soirée du jeudi 2 avril, le chef du gouvernement Elyés Fakhfakh avait prononcé un discours très attendu sur la situation sanitaire du pays et les mesures prises par le gouvernement pour faire face au terrible fléau de la pandémie de Coronavirus qui frappe durement notre pays, ainsi que le reste du monde.
Un discours unanimement salué
Un discours d’un homme d’Etat, clair, rassurant, pondéré, voire anesthésiant. L’essentiel est qu’il a fait l’unanimité chez les Tunisiens. Une prouesse !
D’autant plus, qu’en bon gestionnaire, M. Fakhfakh avait annoncé de nouvelles mesures sociales concrètes au profit des classes les plus fragiles : 100 dinars supplémentaires pour les 130 000 retraités qui touchent une pension de moins de 180 dinars, 200 dinars pour les personnes n’ayant pas de couverture sociale et une enveloppe complémentaire de 100 millions de dinars de plus des 300 millions déjà annoncés. Et ce en faveur des personnes qui se trouvent en chômage technique.
A l’issue de ce discours, les Tunisiens se sont endormis avec l’impression que les pouvoirs publics ont la situation “sous contrôle”, et que ce que nous vivons n’est qu’un nuage noir mais passager. Bref, une faible lumière au bout du tunnel.
Des images terrifiantes
Le lendemain, les Tunisiens se réveillent avec une gueule de bois carabinée en voyant sur leurs écrans les images terrifiantes des attroupements et de longues listes de personnes qui s’entassent, dans le désordre le plus total, les bureaux de Poste pris d’assaut.
Sans masques, sans respect de distance, sans le minimum de mesures de protection. Comme si le coronavirus n’était qu’un lointain souvenir !
Alors, que s’est-il passé en à peine quelques heures après le discours du Chef du gouvernement ?
Un message qui n’arrive pas à destination
L’appel du ventre pardi ! Des centaines de milliers de personnes se sont rués sur les Bureaux de poste pour réclamer l’aide promise par l’Etat. Pourtant, le Chef du gouvernement a bien martelé que chaque personne concernée par les aides sociales recevra sous peu un SMS indiquant la somme d’argent qui lui est due et précisant la date où elle devra se présenter à la Poste.
Ce message a-t-il été entendu ? Et d’abord, tout le monde possède-t-il un portable ? Et si oui, les personnes analphabètes savent-elles le manipuler pour recevoir l’application envoyée par la Poste ? “Disons clairement qu’il existe une rupture réelle entre l’élite que nous sommes et le Peuple. Si la Tunisie d’en bas n’arrive pas à entendre le message de nos politiciens, c’est notre faute car nous nous vivons dans un cocon douillet loin des préoccupations réelles des gens”, s’est écrié le célèbre chroniqueur, Lotfi Laamari, hier soir sur le plateau de Mariem Belkadhi. Tout était dit.
Une affaire de génétique ?
Alors que faire devant cette foule qui brave le Covid-19 devant les bureaux de poste avec les conséquences sanitaires terrifiantes qu’on a du mal à imaginer ? “Il y a moins de décès consécutifs au coronavirus en Tunisie qu’ailleurs en Europe”, a expliqué un éminent pneumologue de l’hôpital Abderrahman Mami, hier soir sur la Chaîne Nessma.
“Ce phénomène pourrait s’expliquer par le fait que la majorité des Tunisiens sont vaccinés contre la BCG. Ou, probablement que notre patrimoine génétique est plus résistant au nouveau virus que les Européens”, a-t-il doctement ajouté.
Et pourquoi ne pas évoquer non plus la baraka de Sidi Mehrez, soltan al madina, tant que nous y sommes ?
Sans commentaire…