Le Cercle Kheireddine organise le 16 novembre une rencontre-débat au siège de l’Utica. Ce débat portera sur le thème de la « Mobilité urbaine et crise des transports publics : cas du grand Tunis ». Les conférenciers présenteront un diagnostic et des pistes de réforme du secteur des transports. Cette rencontre permettra de discuter de certaines options.
En effet, les conférenciers donneront un rapide aperçu des risques imminents de faillite du secteur des transports publics du Grand Tunis. Ils discuteront notamment du recours à la concurrence. Et ce, à travers: la délégation de service public pour réduire les coûts; la restructuration et la rationalisation de la gestion des entreprises publiques; la diversification de l’offre de transport public; et la régulation du transport non régulier.
Car, selon une note de présentation du thème de ce débat, 74% des Tunisiens utilisent les transports publics. 40% d’entre eux y ont recours quotidiennement. Pour eux, la situation n’est plus tenable. De même, pour ceux qui perdent des heures dans des embouteillages monstres. Et qui constatent qu’il n’y a plus une seule « heure de pointe », les choses ne sont pas plus simples.
Un manque de 800 bus dans le Grand-Tunis
Par ailleurs, supposée faire le bonheur des classes moyennes, la politique de la voiture populaire est dans l’impasse. Elle devait leur permettre d’accéder à des modes de consommation de masse. Alors qu’on avoue un manque de 800 bus dans le Grand-Tunis et dans plusieurs gouvernorats. Et que le démarrage du RFR retardé à plusieurs reprises et annoncé pour juin 2019, prendra encore du retard. Une situation qui n’étonnera pas tous ceux qui, tous les matins, sous le soleil ou la pluie, attendent patiemment le passage d’un Godot trop souvent en ferraille.
Une récente enquête a été réalisée sur les conditions de vie des étudiants d’un établissement universitaire de l’Université de la Manouba pourtant relativement bien desservi par une ligne de métro. Elle montrait que 34% d’entre eux mettent quotidiennement plus de trois heures dans les transports en commun. Autant dire que ces étudiants n’ont le temps ni de réviser, ni de lire des livres, ni même d’avoir une vie culturelle en dehors de la course derrière un bus ou un métro.
Les millions d’heures de vie et de travail gaspillés à cause des problèmes de mobilité géographique finissent par bloquer la mobilité sociale. A son tour, la panne de l’ascenseur social rejette de plus en plus d’habitants vers la périphérie du grand Tunis et accentue les problèmes de mobilité géographique.
L’impasse
Ainsi, la gestion actuelle des transports collectifs urbains est devenue insoutenable et se trouve dans l’impasse.
Cette gestion est assimilable à de la régie: le quasi-monopole des transports réguliers est accordé aux opérateurs publics dont la gestion est étroitement contrôlée par l’Etat qui arrête les tarifs, décide la politique salariale, autorise les recrutements, etc. A leur tour, les opérateurs publics sont en quasi faillite.
Une situation devenue intenable depuis 2011, du fait de l’accumulation des déficits, la réduction de la capacité de transport, la baisse de l’activité et de la productivité, les sureffectifs des entreprises publiques et la stagnation des tarifs en même temps que la hausse rapide des coûts.
Triple impact négatif
La situation a un premier impact négatif sur les usagers obligés de recourir à des modes de transport plus coûteux, tels que les transports artisanaux qui ont connu un grand développement.
Un impact négatif sur les entreprises qui sont en survie grâce aux transferts quasi quotidiens de l’Etat. Un impact sur l’Etat lui-même dont l’effort budgétaire a très fortement augmenté mais s’avère non suffisant et non payant.
Les problèmes sont multiples et s’accumulent. Il y a une insuffisance de l’offre de transports collectifs, une dégradation sans précédent de la qualité des services, une remise en cause de la sécurité des transports (et dans les transports). De nouveaux quartiers poussent sans réelle planification des transports collectifs… Souhaitons donc que ces débats soient porteurs de projets et de solutions adéquates à la situation.