Que le destin de la Tunisie soit lié à celui du continent africain est une chose, que les préparatifs devraient être rapidement mis en place pour conquérir le marché africain en est une autre. Si la première est une évidence, la deuxième ne l’est certainement pas, enfin pour le moment.
C’est le bilan des interventions sur l’Afrique présentées lors d’une « Journée spéciale Afrique », organisée récemment par l‘Institut des hautes études commerciales de Carthage (IHEC Carthage), dans le cadre de l’événement HEC Challenge. Entre des spécialistes en la matière et de nombreux étudiants pressés de découvrir l’univers africain.
Quel chemin emprunter pour réussir en Afrique ?
Cependant réussir en Afrique, réaliser un chiffre d’affaires important et/ ou s’imposer sur le marché africain par rapport à d’autres concurrents venus de nombreux horizons n’est pas l’apanage de tous les entrepreneurs.
Pour réaliser de telles prouesses, l’entrepreneur doit être doté d’un certain nombre de qualités. Zied Loukil, représentant le cabinet Ecc Mazars, spécialisé dans les audits, a pris soin de présenter les résultats d’une étude menée par le cabinet en 2016 qui retrace les facteurs clés du succès selon le point de vue des entrepreneurs qui exercent en Afrique.
D’après l’intervenant, à la suite de la réalisation d’une cinquantaine d’entretiens pour des CEO africains, portant sur les facteurs qui leur ont permis de réussir, il en ressort que les facteurs majeurs de réussite en Afrique sont le sens de l’adaptabilité à toutes les situations et le savoir-faire.
« La frugalité des moyens, la jeunesse, la complexité ou parfois les dysfonctionnements des systèmes de financement et d’investissement imposent une ingéniosité et une adaptabilité permanente, et une capacité à transgresser des conventions culturelles établies. ». Ainsi l’intervenant a estimé que la faculté de s’adapter rapidement à une nouvelle situation donnée est primordiale dans un contexte à la fois particulier et instable comme l’Afrique.
D’après la même étude, « les CEO africains modernes sont déterminés à réussir en équipe et à construire aussi de nouvelles figures de leadership plus collaboratives et connectées à des univers modernes et internationaux ». Ainsi cette réponse vient rejeter plusieurs clichés sur la réussite individuelle.
Suite à des entretiens conduits avec 760 leaders en devenir (âgés entre 20 et 35), l’étude indique un certain nombre de profils que les entreprises doivent prendre en considération pour attirer les leaders de demain.
Il s’agit d’une génération ambitieuse étant donné que 90% d’entre eux veulent gérer une équipe – ou le font déjà – et 70% désirent accéder à des postes de Direction Générale. Pour cette génération, l’engagement passe par une responsabilisation sur de grands projets. De même c’est une génération qui accorde plus d’importance au développement personnel et au parcours professionnel qu’au prestige d’une marque ou à la rémunération : « De nombreux critères entrent en jeu dans le choix d’une entreprise, mais les plus prisés par les « Millennials » sont les opportunités d’évolution professionnelle (94%), d’acquisition de nouvelles compétences (84%) et de contribution à des missions stimulantes (82%). », affirme l’étude.
De même, c’est une génération prête à travailler en utilisant au mieux toutes les solutions et les leviers offerts par les nouvelles technologies : « 60% déclarent vouloir s’impliquer fortement, mais ils souhaitent bénéficier de plus de flexibilité. En d’autres termes, de pouvoir décider librement “où”, “quand” et “comment ” ils travaillent. Ils sont donc prêts à travailler beaucoup plus, mais de manière plus efficace et ingénieuse, ce qui veut dire de nos jours, en utilisant tous les avantages des nouvelles technologies », souligne l’étude.
Par ailleurs, il s’agit d’une génération qui veut construire une nouvelle Afrique : « 10% ont souhaité passer toute leur carrière hors d’Afrique mais 30% à vouloir créer leur entreprise ».
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Et si on évoquait le cas de la Côte d’Ivoire ?
L’intervention de Mme Najoua Riffi, représentante du CEPEX en Côte-d’Ivoire, semble être une réponse à la question suivante : en quoi la Côte-d’Ivoire est un terrain fertile pour les investisseurs tunisiens ?
Lors de son intervention, elle a indiqué que ce pays est plein d’opportunités d’investissement étant donné que son plan national de développement a identifié les secteurs porteurs (infrastructure, informatique, transformation, l’amélioration des compétences…).
« Déjà ces projets sont une demande ivoirienne qui pourrait être satisfaite par une offre tunisienne surtout que la Tunisie dispose de plusieurs compétences dans les secteurs d’investissement direct ou indirect », a-t-elle précisé.
Revenant sur le positionnement de la Tunisie en Côte-d’Ivoire, elle a affirmé que la Tunisie se repositionne « parce que la concurrence est dure. La concurrence est chinoise, française, libanaise, turque… », a-t-elle précisé. L’intervenante a mis en exergue les entraves à l’accès aux marchés africains tels l’absence de banques tunisiennes, un coût de transport très élevé, l’absence d’entreprises tunisiennes d’assurance surtout avec le risque et à tout cela viennent s’ajouter les « stéréotypes sur l’Afrique ».
Pour dépasser ces obstacles, l’intervenante a indiqué qu’il faut fixer une bonne vision et une bonne volonté de l’entreprise et ce, à travers la diplomatie économique et l’appui politique. Et de rappeler l’existence de plusieurs accords signés entre la Tunisie et la Côte-d’Ivoire (2 décrets, 2 protocoles et 13 accords bilatéraux).
Quelle utilisation des TICs et des réseaux sociaux en Afrique ?
Iheb Beji, directeur général de Medianet, a exposé un certain nombre de chiffres sur l’utilisation des TIC et des réseaux sociaux dans les pays africains.Il en ressort que le réseau professionnel Linkedin n’est pas le plus exploité par les internautes africains et que Facebook prend le dessus. En effet, le nombre total des utilisateurs en Afrique a atteint 126,785 millions en Afrique jusqu’au 1er janvier 2016. La Tunisie est classée 6ème avec 5 millions de Facebookers, devancée par le Maroc (10 millions) et l’Algérie (12 millions).
Pour Linkedin, le continent africain, compte 20,7 millions utilisateurs de ce réseau professionnel. La Tunisie occupe la huitième place dans ce classement avec 664 000 utilisateurs.
Noureddine Hajji d’Ernest & Young, lors de son intervention, a indiqué que l’Afrique présente encore un terrain favorable à l’investissement. En 2015, 771 projets ont été réalisés en Afrique, pour un coût total de 71,3 MD créant 148695 postes d’emploi.
Bassem Loukil, président-directeur général du Groupe Loukil a, de son côté, indiqué que la Tunisie est « le pays le plus apte à réussir une aventure africaine ».
L’intervenant a indiqué qu’il y a un manque de représentativité diplomatique dans les pays africains et que le nombre de liaisons aériennes entre la Tunisie et les pays africains reste très limité. M. Loukil a renouvelé sa confiance à la réussite de l’expérience tunisienne en Afrique.