On n’en finit pas d’entendre parler du projet de loi relatif à la réconciliation nationale. Pour une bonne partie des personnes, il s’agit d’une question fondamentale, parce qu’elle concerne la Tunisie nouvelle post-révolution qui ne peut se faire qu’après avoir soldé les comptes du passé et suivi un processus de transition démocratique. Alors que pour d’autres, cela permettrait de mettre fin à l’impunité.
Elyes Fakhfakh, ancien ministre des Finances sous le gouvernement de la Troïka est en faveur de la réconciliation. Il explique : « Évidemment, personne n’est contre la réconciliation, c’est la volonté majeure de tout Tunisien. Mais il est bien de savoir entre qui et qui cette réconciliation doit se faire. Est ce qu’il s’agit de la réconciliation des Tunisiens qui se sont révoltés, contre le régime de Ben Ali, avec l’Etat et les institutions de l’Etat. Or quand on parle de réconciliation, on parle de l’aboutissement d’un processus qui avait déjà démarré. »
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Il continue : « On peut modifier le processus de justice transitionnelle voire même l’améliorer. Cela dit, il ne faut pas rompre le processus ou le biaiser, mais le consolider, en cherchant à connaître la vérité. Et j’ajouterais que c’est aux vrais responsables de s’expliquer de ce qu’ils ont commis, d’assumer pleinement leurs responsabilités, et de rendre justice aux victimes. Cependant, toute volonté d’étouffer le processus de justice transitionnelle est extrêmement grave. »
Zied Lakhdhar, député du Front populaire, a, de son côté, déclaré : « Ce sont des essais répétitifs et ceci dans le but de contourner le processus de la justice transitionnelle. Cependant, nous ne sommes pas contre la réconciliation. »
Il conclut: « Qui dit réconciliation, dit processus d’une justice transitionnelle. Or ce qui se passe en ce moment, c’est qu’il y a une volonté d’écourter les délais de ce processus, l’objectif étant d’aller plus vite, ou de le nier totalement, ce qui ne sera en aucun cas bénéfique à la Tunisie, dans le processus de transition démocratique en lui-même. »
La justice transitionnelle est un long processus. Mais, il y a tant d’analyses, d’explications pour relancer le débat sur la réconciliation, qu’au final on est resté au point de départ. Des questions restent à ce jour restent sans réponse.