Précédent stratégique important, les Turcs n’auront désormais plus besoin de visa pour entrer en Union européenne. Ankara avait été claire dans les négociations qu’elle menait depuis quelques semaines avec l’Union européenne : le refus de cette condition aurait mis en péril l’accord scellé le 18 mars sur la gestion de la crise migratoire.
La commissaire européenne Margrethe Vestager a officialisé la ratification de l’accord sur Twitter. La question des visas est l’un des points clefs de l’accord migratoire conclu le mois dernier entre les 28 et la Turquie. L’accord très polémique sur le renvoi en Turquie des migrants, débarquant sur les îles grecques, vacillait sur cette question des visas, considérée par les autorités turques comme “non-négociable”.
Les Européens n’ont eu de cesse de rappeler que pour y parvenir les autorités turques doivent répondre aux 72 critères nécessaires à une telle levée. Ils viennent de réviser leurs exigences. Si la mise en application de la mesure n’est pas encore effective ( la Turquie doit se mettre aux normes sur quelques points exigés par l’Union européenne), elle le sera d’ici juin. Et l’Union européenne de rappeler que la mesure concerne uniquement les titulaires de passeports biométriques.
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La question de la libre circulation, qui impliquait une remise en question du mur de la Méditerranée était considérée, par l’Union européenne, comme un sujet tabou. Le libre marché euro-méditerranéen, défendu par l’Union européenne concernait les produits, mais excluait les personnes. L’exigence turque, dans le cadre d’un marchandage évident, permit d’ouvrir une brèche. Ce précédent heureux devrait être exploité par les pays sud-méditerranéens, qui revendiquaient l’élargissement des accords, à la libre circulation des personnes. Peut-on l’envisager dans le cadre de la renégociation de la politique de voisinage, actuellement à l’ordre du jour?
Le nouveau contexte devrait faire valoir une nouvelle grille de valeurs, partagée par les différents acteurs du partenariat. L’Union européenne s’y prépare, en engageant des négociations au sujet de l’Accord de libre-échange complet et approfondi, ( ALECA ) qu’elle semble ériger en ultime objectif. Les pays du voisinage sont invités à assumer cette vision, qui suscite leurs réticences, vu l’aliénation unilatérale de la libre circulation. Peut-on faire passer pour des décisions possibles de vieilles significations qu’on ne sait plus argumenter, telles que le libéralisme absolu, le marché libre, “la bien pensance” occidentale, dans le cadre de la promotion de la forteresse Europe? Il faudrait peut être inscrire désormais les accords et orienter les relations de voisinage, dans le cadre de l’ouverture des horizons et de la transgression des rapports d’asymétrie. L’écoute de l’habilitation citoyenne du “printemps tunisien” devrait faire valoir cette exigence. L’exemple turc permet de l’espérer.
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