La Tunisie célèbre, pour la quatrième année consécutive, le bénévolat. Parce qu’il s’agit d’une culture à promouvoir auprès du public, la Journée nationale du bénévolat qui se tient aujourd’hui est une occasion de s’interroger sur l’apport du bénévolat aux sociétés, notamment sur le plan économique.
La contribution du travail bénévole au fonctionnement des organismes non lucratifs et dans la société civile de manière générale n’est plus à démontrer. Pourtant, il est difficile de quantifier la valeur monétaire du travail bénévole. Le bénévole met son temps et ses compétences au service des autres, ce qui fait de lui une importante ressource productive. Déterminer la valeur économique est crucial, car il n’est pas rare que les bailleurs de fonds demandent aux organismes de déterminer la valeur économique du travail bénévole pour les projets qu’ils financent. L’une des méthodes utilisée étant l’estimation du « coût » de l’activité du bénévole pour le même nombre d’heures sur le marché du travail.
Malgré l’absence de consensus sur une méthode de quantification donnée et les divergences d’interprétation des méthodes proposées, diverses études sont parvenues à évaluer le poids économique du travail bénévole dans les organismes à but non lucratif. Une étude menée par des chercheurs du Centre d’économie de la Sorbonne a montré qu’en France le travail bénévole représente de 1 % à près de 2 % du PIB, selon la méthode d’évaluation retenue.
De même qu’un rapport de l’Organisation Internationale du Travail ( OIT ), publié en 2011 ( Manuel de mesure du travail bénévole), montre que dans 37 pays, 12% de la population adulte, soit 140 millions de personnes, participent à une activité bénévole chaque année.
Le Manuel de mesure du travail bénévole montre par ailleurs que si tous les bénévoles ( des 37 pays étudiés ) constituaient la population d’un pays, il s’agirait du huitième pays du monde, qui se situerait entre la Russie et le Japon.
Ces chiffres sont-ils transposables à la Tunisie? Il est difficile de se prononcer car depuis la Révolution, le monde associatif connaît une véritable renaissance qui n’est pas encore arrivée à maturité. Les jeunes longtemps perçus comme passifs et dépolitisés ont montré leur engagement dans la structuration du tissus associatif, mais il reste beaucoup à faire.
L’enquête nationale auprès des jeunes (15-24 ans) sur les comportements à risque, réalisée en 2012, montre que peu de jeunes parmi les enquêtés sont adhérents aux structures de la société civile, avec un taux de participation aux structures de la société civile de 5% chez les interrogés. Il est temps de promouvoir le travail bénévole et surtout le valoriser en tant que ressource dans le monde associatif et la société civile.
A cet effet, pour mettre la lumière sur ce vecteur de la société, la quatrième édition de la Journée nationale du bénévolat se tiendra aujourd’hui à l’Institut national des sciences appliquées et de la technologie, constituant un espace d’échange et une occasion de récompenser l’association la plus active et la plus innovante de cette année.