A l’issue de sa visite en Tunisie, Massoud Ahmed, directeur du département du Moyen-Orient et de l’Asie centrale au sein du Fonds Monétaire International ( FMI ) a tenu une conférence de presse, aujourd’hui, au siège de la Banque centrale de Tunisie, en présence de Chedly Ayari, gouverneur de la BCT et des membres de la délégation du FMI qui l’accompagnent.
Après avoir réaffirmé la détermination de l’institution financière à poursuivre son soutien à la Tunisie et félicité la Tunisie pour sa transition politique réussie, Massoud Ahmed a déclaré que sa mission lui a permis de rencontrer aussi bien les officiels tunisiens que les représentants de la société civile, pour discuter du dossier de la coopération entre son institution et la Tunisie. Il a également ajouté que cette visite a été l’occasion d’évaluer les éléments militants en faveur de la promotion des IDE, ainsi que les incertitudes à aplanir.
La collaboration entre le FMI et le nouveau gouvernement tunisien était également à l’ordre du jour de ses rencontres avec les responsables tunisiens, d’autant que le programme en cours entre les deux parties, initié en 2013, doit s’achever au milieu de 2015. Il était de ce fait important pour le FMI de connaître comment le nouveau gouvernement tunisien voit l’avenir de cette coopération.
Décrivant l’économie tunisienne, Massoud Ahmed a relevé la résilience de l’économie tunisienne durant toute cette période de transition démocratique, de conflits régionaux et de stagnation de l’économie européenne, résilience qui a permis de sauvegarder les grands équilibres macroéconomiques, avec toutefois un prix payé au plus fort, à savoir une chute du taux de croissance et un accroissement du chômage. Il a affirmé que la chute des prix du pétrole profitera à la Tunisie qui est aujourd’hui en meilleure situation qu’il y a un an et demi, comme l’a confirmé la conclusion de l’emprunt obligataire conclu récemment par la Tunisie sur les marchés de capitaux.
Mais cette stabilité politique aussi importante soit-elle n’est pas suffisante pour satisfaire les attentes économiques du peuple tunisien qui nécessitent une croissance forte, créatrice de richesses et de postes d’emploi.
Il y a trois dossiers importants à aborder, a ajouté le responsable du FMI. Le premier est celui de l’amélioration du contrôle et de la maîtrise des dépenses publiques afin de les orienter davantage vers les dépenses d’investissement. Le second dossier est celui de la réforme du secteur bancaire, notamment des banques publiques, afin de réduire sa vulnérabilité, ses faiblesses, par l’adoption d’un nouveau cadre législatif et réglementaire, la mise en œuvre de normes internationalement reconnues car il est difficile au secteur privé de créer des emplois s’il n’est pas adossé à un système bancaire solide. Enfin, le troisième dossier est celui du cadre et du climat des affaires en Tunisie, en particulier la loi sur le partenariat public-privé ( PPP ), la loi sur la faillite, la loi sur la concurrence et le nouveau code des investissements. La réforme de ces différentes législations doit permettre de créer un cadre clair pour les investisseurs.
A propos du programme de collaboration entre la Tunisie et le FMI, le directeur du FMI a déclaré avoir discuté avec les responsables tunisiens de la poursuite de ce programme actuel, ajoutant que le FMI est ouvert au changement du calendrier établi, pour laisser au nouveau gouvernement le temps nécessaire pour l’élaboration d’un nouveau programme si nécessaire pour soutenir la transition économique de la Tunisie. L’objectif est d’avancer vers des réformes structurelles, tout en veillant à la stabilité macroéconomique du pays. Ces réformes, que le FMI soutient, sont donc à définir avec la participation de toutes les parties prenantes : autorités, société civile, partenaires économiques.
Intervenant à propos de la situation des banques publique, Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, a annoncé que la situation de la BH va nécessiter une augmentation de son capital, la BNA étant encore sous audit ; la situation de la STB restant le nœud du problème. En effet, a-t-il ajouté, la STB nécessite une nouvelle gouvernance, un nouveau business plan, une recapitalisation. Son dossier devrait être examiné bientôt par l’ARP.
Pour sauvegarder l’indépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur, il faudrait consommer moins et épargner plus, a déclaré le gouverneur de la Banque Centrale, ajoutant que l’épargne est à 13% du PIB et que l’investissement tunisien atteint les 20% du PIB.
Sur un autre plan, le ministre des Finances, Slim Chaker a reçu lundi au siège de son département, Messaoud Ahmed, et ce, en présence de madame Boutheina Ben Yaghlane, secrétaire d’Etat aux Finances. Le ministre a présenté un aperçu sur la situation des finances publiques et l’état d’avancement des différentes réformes. Il a souligné l’engagement du gouvernement à préserver les équilibres globaux, à respecter ses accords financiers et à poursuivre le processus de réforme. Messaoud Ahmed a renouvelé le soutien du FMI à la Tunisie dans la transition économique vu son succès dans la transition politique.