Kamel Ayadi, expert international en politique et stratégie de transparence qui a participé aux élections législatives 2014, a livré ses commentaires et remarques sur ces élections, lors d’un Forum tenu ce mardi le 11 novembre à Tunis. « Ce sont les commentaires et les remarques d’un expert et non d’un indépendant qui a participé à la course électorale », précise-t-il au début de son intervention.
Argent politique présent dès le début
L’expert affirme que plusieurs partis politiques ont préféré avoir recours à des candidats homme d’affaires ou des personnes ayant une très bonne situation financière, notamment ceux qui exercent dans le secteur privé. Cette remarque est illustrée par deux chiffres signifiants : l’un des partis politiques, qui a remporté les élections législatives compte parmi ses députés 16 hommes/femmes d’affaires et 20 députés travaillant comme profession libérale. Un autre parti politique a faire élire huit députés dont quatre hommes d’affaires et quatre professions libérales.
Financement public a priori
Pour l’intervenant, accorder le financement public de la campagne électorale aux listes électorales avant le début de la campagne a contribué à la dilapidation des deniers du trésor public. Ce facteur a contribué à la complication du processus électoral pour tous les intervenants. Autrement dit, au niveau de l’ISIE, le contrôle du financement est devenu problématique, étant donné le nombre pléthorique des listes dans les circonscriptions. A ce niveau, l’expert a estimé que certaines circonscriptions contiennent près 60 listes électorales, ce qui complique la communication avec l’électeur qui est devenu nonchalant et a montré un manque de confiance par rapport à ces listes électorales. Cet électeur peine à distinguer entre les programmes des partis politiques.
La récupération de l’argent : mission impossible
L’intervenant est demeuré sceptique quant à la récupération de l’argent du financement public des partis qui n’ont pas obtenu 3% des voix ou n’ont pas obtenu un siège à l’Assemblée du peuple, surtout qu’il s’agit de 1326 listes électorales pour un montant total de 5.030.595 dinars. D’après Kamel Ayadi, une grande majorité de ces listes sont constituées de chômeurs ce qui complique davantage la restitution de l’argent. « Je ne pense pas que l’ Etat poursuivra en justice les membres récalcitrants de ces 1326 listes électorales », estime-t-il.
Loi électorale robuste mais…
Sans vouloir donner de chiffres, nommer des partis politiques ou évoquer des circonscriptions, M. Ayadi a affirmé que malgré les points positifs et l’efficacité de la loi électorale, plusieurs phénomènes ont vu le jour durant les élections législatives de 2014. Il convient de noter que M. Ayadi a participé comme candidat indépendant à ces dernières élections. Le phénomène en question est le courtage politique. D’après les constatations de l’expert, dans plusieurs zones rurales, des personnes particulières se sont chargées de mobiliser les électeurs pour aller voter pour un parti ou un autre, suite à une rémunération. Ces personnes ont ainsi proposé leurs services aux partis politiques capables de payer.
Kamel Ayadi a tiré la sonnette d’alarme, en affirmant qu’il est dangereux que les élections deviennent l’affaire de commerçants et de courtiers. Les listes volatiles sont un autre phénomène qui a été constaté par l’expert : « Il s’agit de listes électorales qui, une fois empoché le financement public, s’éclipsent sans laisser de trace ou vendent leurs voix à une autre liste ».