Les travaux du « Forum d’Investissement Tunisie – Pays du Golfe », qui se tient du 5 au 6 mai , ont été ouverts aujourd’hui au siège de l’UTICA, en présence de représentants du gouvernement et de plusieurs responsables économiques des pays du Golfe.
Organisé par l’UTICA et l’Union des Chambres de commerce et d’industrie des pays du Conseil de Coopération du Golfe, en collaboration avec le ministère de l’Economie et des Finances, cette manifestation intervient après la récente visite du chef du gouvernement Mehdi Jomaa dans les pays du Golfe.
Ouvrant les travaux du forum, Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a déclaré que cette manifestation vise au développement et au renforcement de la coopération et des échanges économiques avec les pays arabes du Golfe. Les créations d’opportunités d’affaires et d’investissements, la création de projets ne peuvent être uniquement de la responsabilité des gouvernements, a ajouté Mme Bouchamaoui. Ce forum devrait aboutir à des recommandations pratiques, de nature à être mises en œuvre, afin de dépasser la coopération classique, à travers notamment la réalisation d’investissements mixtes et la conquête en commun de nouveaux marchés d’exportation. La présidente de l’UTICA a conclu en appelant à la réactivation des conseils d’hommes d’affaires, pour promouvoir cette nouvelle approche.
Lui succédant, M. Hassen Naki, président de l’Union des chambres de commerce et d’industrie des pays du Conseil de coopération du Golfe, a déclaré que les opportunités de réaliser des investissements en Tunisie existent réellement et qu’il y a lieu de renforcer davantage la coopération bilatérale pour dépasser le très faible volume des échanges commerciaux qui est actuellement seulement de l’ordre de 500 millions de dollars. Les opportunités d’investissement en Tunisie sont multiples et intéressent aussi bien l’agriculture, la finance, l’énergie que l’industrie agroalimentaire et bien d’autres secteurs encore. L’intervenant a aussi appelé à la création d’un réseau des hommes d’affaires de Tunisie et des pays du Golfe, ajoutant qu’il est nécessaire que la Tunisie renforce les facilités monétaires et de transfert des capitaux pour les investisseurs étrangers. Il est aussi nécessaire que la Tunisie donne une vision claire sur les projets qu’elle propose aux investisseurs, a déclaré l’intervenant, en mettant l’accent sur le renforcement des liens entre les entreprises des deux parties.
Suite à ces deux interventions, les présidents de l’UTICA et de l’Union des Chambres de commerce et d’industrie des pays du Conseil de coopération du Golfe ont procédé à la signature d’une convention de coopération entre les deux organisations.
La convention stipule, notamment, un échange de programmes d’activités entre les deux organisations, afin de coordonner leurs activités, notamment les programmes des séminaires, de congrès et des journées d’études et recherches, ainsi que l’édition de supports promotionnels. De même la convention, dans son article 2, promeut l’échange d’expertises et d’avis à propos des accords d’intérêt commun.
Dans le volet investissement, les deux parties s’engagent à échanger toutes les informations concernant les opportunités d’investissement commun et la diffusion de ces informations sur leurs sites web réciproques, sur les supports papier des deux organisations, ainsi que l’organisation de missions d’hommes d’affaires pour la réalisation de cet objectif de promotion des investissements.
Les deux parties fixeront les activités à réaliser dans le cadre de la convention et un programme d’activités annuel commun sera fixé d’un commun accord entre les deux parties. De même un programme d’échange de visites entre les fonctionnaires des deux organisations sera élaboré.
Enfin, les deux organisations réaliseront une interconnexion entre leurs sites web.
Ce fut ensuite à M. Hakim Ben Hamouda, ministre de l’Economie et des Finances de prendre la parole pour donner un bref aperçu sur la situation économique de la Tunisie. Le ministre a déclaré qu’après le succès du dialogue national et l’heureuse issue trouvée à la crise économique, la Tunisie devra reprendre le chemin de la croissance, qui serait selon les prévisions de 3% en 2014. La nouvelle politique économique prônée par le nouveau gouvernement provisoire veut faire de l’investissement, et en particulier de l’investissement étranger, la locomotive de l’économie en 2014. Ce nouveau choix fera de l’investissement la colonne vertébrale du développement du pays. Pour ce faire, a ajouté le ministre, plusieurs mesures ont été adoptées et d’autres sont en chantier et concernent notamment la modernisation de la législation, le renforcement de l’entreprise pour en faire un moteur de création d’emplois et les solutions pour les entreprises en difficulté.
Concernant plus particulièrement la coopération avec les pays du Golfe, le ministre a déclaré que la visite effectuée dernièrement dans les cinq pays du Golfe a été bénéfique, mais que la coopération bilatérale reste en deçà des espérances et qu’il y a lieu de la renforcer, afin de dépasser le volume des échanges des 500 millions de dollars actuellement réalisé. Le ministre a également relevé l’absence dans ces pays d’une information exhaustive sur le climat des affaires en Tunisie, notamment sur la législation relative aux IDE. Ce forum est l’occasion d’améliorer cette information. Le ministre a conclu que le gouvernement œuvrera à multiplier le nombre des bureaux tunisiens chargés d’informer les investisseurs du Golfe sur le climat de l’investissement en Tunisie.
Lui succédant, M. Chedly Ayari, Gouverneur de la Banque centrale de Tunis, a proposé que les axes de coopération dessinés entre la Tunisie et les pays du Golfe renforcent la coopération entre la BCT et les banques centrales et les institutions financières des différents pays du Golfe. Il a mis l’accent sur l’importance du développement de la finance islamique qui en est à ses débuts en Tunisie et du besoin du pays de l’expertise des pays du Golfe. Il a ensuite présenté brièvement le programme de restructuration du système bancaire et financier tunisien, à travers la mise en place d’un nouveau système qui a été déjà été accueilli par les différentes instances internationales, notamment le FMI. Le gouverneur de la BCT a proposé dans ce cadre la réunion d’une commission bilatérale spéciale pour étudier les opportunités offertes, notamment à travers la recapitalisation de certaines banques ou le partenariat dans les investissements. Concernant les garanties offertes aux IDE, M. Ayari a déclaré que la Tunisie n’a jamais failli à ses obligations financières et n’a jamais demandé un rééchelonnement aussi bien des capitaux que des bénéfices.
Lors des débats, les intervenants ont posé des questions relatives à la sécurisation des investissements, aux projets proposés aux investisseurs, à la protection des investissements, à l’introduction des entreprises étrangères à la Bourse de Tunis, en mettant l’accent sur l’ouverture de toutes les activités aux IDE et à la nécessité d’une vision claire pour l’avenir économique de la Tunisie. Concernant cette dernière question, Chedly Ayari a déclaré que la Tunisie disposera avant fin août d’une vision économique pour la période 2015/2020, avec notamment une carte géographique des potentialités d’investissement.