Le Forum Tunisie – Pays du Golfe de l’investissement a débuté ce matin au siège de l’UTICA et se poursuivra jusqu’à demain, mardi 6 mai. Ce forum intervient suite à la tournée du Premier ministre Mehdi Jomaa effectuée en Arabie Saoudite, au Qatar, au Koweït et au Bahreïn, en mars dernier.
Alors que le contexte général semble s’améliorer de jour en jour, la Tunisie est aujourd’hui en quête de nouvelles opportunités d’investissements privés et étrangers. Jusqu’ici, la coopération entre la Tunisie et les pays du Golfe est encore au stade des balbutiements, avec un volume d’échange commercial estimé à 550 millions de dollars en 2010 et à 512 millions de dollars en 2012, soit près de 15% du volume total de l’échange commercial international tunisien. Les principaux produits tunisiens exportés dans les pays membres du Conseil de coopération des États arabes du Golfe sont les dattes (140 millions de dollars), l’huile d’olive et le textile (cotonnade). En contrepartie, la Tunisie importe de ces pays les carburants et autres produits combustibles, les produits pétrochimiques, l’aluminium, les équipements de climatisation et les produits plastiques et isolants. La tenue de ce forum est justement une occasion pour dynamiser cet échange.
Si jusqu’ici, les investisseurs des pays du Golfe misaient principalement sur les secteurs immobilier et touristique en Tunisie, ils commencent aujourd’hui à s’intéresser par exemple aux secteurs agroalimentaire, industriel et médical. Un investisseur a en effet annoncé le prochain lancement d’un projet de cité médicale avec de nombreuses structures hospitalières. D’autre part, il est prévu de lancer dans quelques pays du Golfe des mini-malls axés sur l’artisanat. Or, malgré tous ces efforts, les participants au forum se sont accordés à dire que les procédures contraignantes et l’ambiguïté des lois mises en place freinaient considérablement l’échange commercial international. Prenant la parole, des hommes et femmes d’affaires se sont plaints des difficultés rencontrées au niveau de la Banque centrale, de l’aval obligatoire du gouverneur pour le lancement d’un projet auquel sont associés des étrangers, de l’impossibilité de dépasser 49% pour un investisseur étranger dans le capital d’une société… A cet égard, Hakim Ben Hammouda, ministre de l’Économie et des Finances, a promis un assouplissement des lois en vue d’améliorer le climat d’investissement en Tunisie, ainsi que l’accroissement de la présence des Tunisiens dans les pays du Golfe, afin de fluidifier les échanges et faciliter l’accès aux informations relatives aux opportunités d’investissement.
Chute des investissements étrangers
Durant trois années, les investissements étrangers ont subi de plein fouet l’insécurité et l’instabilité socio-politique du pays. Avec l’adoption de la nouvelle Constitution et la composition d’un nouveau gouvernement, beaucoup pensaient que la courbe allait s’inverser et que le marché des échanges internationaux reprendrait des couleurs. Faux ! Pour preuve, les chiffres peu flatteurs annoncés il y a peu par l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA). En ce premier trimestre, les investissements étrangers sont estimés à 342,1 millions de dinars (MD) contre 423,7 MD pour la même période en 2013, soit une baisse de 19,3% par rapport à 2013 et une baisse de 28,1 % par rapport à 2010. Les investissements directs étrangers (IDE) ont été de 321,1 MD en 2014 (20,5% par rapport à 2013 et -22,2% par rapport à 2012) tandis que les investissements en portefeuille sont de 21 MD (-5% par rapport à 2013 et -25,3% par rapport à 2012). Les principaux investissements concernent comme toujours les énergies (265 MD), les industries (43,2 MD) et les services (12,9 MD). Si le secteur des énergies est en hausse (15,2% par rapport à 2013), les autres secteurs enregistrent tous une baisse, à l’instar des investissements dans les énergies qui ont chuté de 10,9% par rapport à la même période en 2013 (48,5 MD) et de -53,9% (93,8 MD) en 2012 ou encore des services qui affichent un recul de 89,7% par rapport à 2013 et de 81,3 % par rapport à 2012.