Les grandes conférences suscitent fréquemment de grands espoirs, parfois une profusion de discours. Mais lorsque l’océan s’emballe et que la biodiversité marine suffoque, l’heure n’est plus à la rhétorique. L’UNOC 2025 a été inaugurée ce 9 juin à Nice, aspirant à transformer les paroles en actions – avec une certaine ambiguïté quant aux méthodes.
Quels sont les enjeux de cette Conférence ?
Cette troisième édition de l’UNOC, après avoir été organisée à New York (2017) et Lisbonne (2022), a lieu tous les cinq ans et s’intègre au programme de la Décennie des Nations unies pour les sciences océaniques (2021–2030). Elle se tient à Nice du 9 au 14 juin 2025, coorganisée par la France et le Costa Rica. Elle cible la signature et l’application du Plan d’Action Océan de Nice.
L’ONU aspire à le transformer en une croisée des chemins entre la science, la diplomatie et l’investissement financier. 55 dirigeants, parmi lesquels des chefs de gouvernement et d’État, des milliers de chercheurs, d’activistes, de jeunes, d’autochtones, ainsi que des ONG et des entreprises du domaine maritime, sont assemblés.
L’urgence? Emmanuel Macron a qualifié l’océan d’« ébullition », soulignant que la surpêche, le plastique, l’acidification et les émissions de gaz à effet de serre exposent notre inaction à l’état brut.
Macron épouse la cause des océans et hausse le ton
Dès le début du sommet, Emmanuel Macron, le président français, a souhaité donner le ton. Il a affirmé dans son allocution : « Il faut ranimer le multilatéralisme sous la conduite du Secrétaire général de l’ONU ». « La seule façon d’y parvenir se traduit par la mobilisation de tous les acteurs : chefs d’État et de gouvernement, mais aussi scientifiques », souligne le quotidien Le Monde. “Ce ton martial” a d’ailleurs été soutenu par son homologue brésilien Luiz Inácio Lula da Silva. Il a à ce titre jugé « inadmissible que les plus riches détruisent l’océan alors que les plus pauvres en dépendent pour vivre », rapporte la chaîne de télévision France 3.
Mais si les appels sont fréquents, que révèle réellement l’agenda? Il se structure autour de six priorités essentielles :
- Ratification du traité sur la haute mer (BBNJ), signé en 2023, qui vise à protéger 64 % de l’océan mondial hors juridiction nationale.
- L’objectif de Kunming-Montréal prévoit la création d’aires marines protégées couvrant 30 % des océans d’ici à l’horizon 2030.
- Combat contre la pêche illégale, non déclarée et sans réglementation.
- Décarbonation du transport maritime, en plaidant pour l’électrification des ports.
- Reprise des négociations sur le plastique en août 2025.
- Engagement de financements considérables, tant publics que privés, afin d’appuyer les États côtiers en situation de vulnérabilité.
Dans l’ensemble, l’ambition est digne d’éloges. La France a annoncé la ratification officielle du traité BBNJ, et d’après la chaîne France 3, quinze autres pays devraient la suivre au cours de la conférence. D’ailleurs, un événement solennel y est dédié, représentant ainsi un véritable moment d’appréciation de la volonté politique mondiale.