La Maire de Paris, Anne Hidalgo, est candidate au poste de haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ce avec le soutien d’Emmanuel Macron. Une candidature pour le moins inopportune au regard du prisme pro-israélienne qui caractérise la candidate; alors que les Palestiniens représentent une population de réfugiés. Le HCR est en effet chargé des réfugiés et des déplacés dans le monde…
Les réfugiés palestiniens
Qu’ils se trouvent en Cisjordanie, à Gaza, dans les camps dans des pays arabes voisins ou ailleurs dans le monde, les Palestiniens ont le fort sentiment d’appartenir à un même peuple. Toutefois, le peuple palestinien est en partie un peuple de réfugiés et d’exilés. Ces réfugiés et leurs descendants étaient estimés, en 2021, à 5,8 millions, compte non tenu des Palestiniens arabes de la diaspora qui ont acquis une nationalité étrangère.
Avant même la défaite des armées arabes et la proclamation officielle de l’État d’Israël, le déplacement et l’expulsion des Palestiniens avaient été largement entamés, mais la « Nakba » est le principal exode palestinien (750 000 personnes). Les attaques des différentes milices juives – dont la Haganah – ont entraîné l’exode massif de Palestiniens vers la Cisjordanie (alors jordanienne), la bande de Gaza (qui relevait alors de l’autorité égyptienne), le Liban, la Syrie et la Jordanie.
La Commission de Conciliation pour la Palestine (UNCCP) voit le jour et la résolution 194 (III) de l’Assemblée générale est votée le 11 décembre 1948, selon laquelle « il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible ». Et « ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers » doivent recevoir des indemnités à titre de compensation pour la perte de leurs biens. Or en 1967, la « Guerre des Six jours » provoque un nouvel exode pour près de 250 000 Palestiniens, avant que la politique de colonisation des terres arabes force régulièrement au départ les Palestiniens.
Depuis la « Nakba » de 1948, le « droit au retour » est une pierre angulaire du mouvement national palestinien. Ce droit est exclu par Israël, qui en fait une question existentielle : compte tenu de la fragilité des équilibres démographiques, le retour des réfugiés en Israël risquerait, selon les sionistes, de détruire l’identité juive d’Israël. Pourtant, ce dernier avait admis, lors de la Conférence de paix de Lausanne en 1949, le contenu de la résolution 194. Israël justifie son reniement par le fait d’avoir été contraint d’accepter ce texte en échange de son admission à l’ONU.
Le prisme pro-israélien d’Anne Hidalgo
Face au génocide des Palestiniens de Gaza, Anne Hidalgo affiche la même ligne que celle qui guide son discours et ses actes par rapport au conflit israélo-palestinien : un soutien inconditionnel à Israël et l’absence de considération pour le sort des Palestiniens. Une posture indigne d’une capitale comme Paris.
Sa posture est symbolisée notamment par sa décision d’inaugurer une « Place de Jérusalem ». Le choix des noms de rue ou de place revêt souvent une dimension politique, symbolique, voire axiologique, qui plus est dans la capitale d’une ville-monde comme Paris.
C’est le cas de la dénomination de cette place située dans le 17e arrondissement de Paris. Le choix d’honorer Jérusalem n’a rien de condamnable en soi, au contraire. Du reste, officiellement, la Place de Jérusalem devait célébrer la vocation œcuménique de la Ville sainte. Un discours officiel qui a pourtant volé en éclat après les révélations du président du Consistoire central, Joël Mergui, selon lequel cette décision « fait suite à [s]a proposition, exprimée lors de la réception du président de la République d’Israël, Reuven Rivlin, à l’Hôtel de Ville [en janvier 2019]».
Dans des courriers qu’il a échangés avec la maire de Paris, Anne Hidalgo y justifiait la création d’une place de Jérusalem par les liens entre Paris et la « communauté juive » et afin de « commémorer l’amitié qui unit la Ville de Paris à l’État d’Israël ». Elle soulignait aussi que la future place se trouverait « aux abords » d’un lieu « hautement symbolique » : le futur Centre européen du judaïsme.
L’argumentaire, pour le moins orienté, nous éloigne de l’esprit œcuménique alors promis et relève au contraire d’une logique plus communautariste et clientéliste à quelques mois du scrutin municipal…
En inaugurant une « Place de Jérusalem » sous le signe exclusif des liens entre la capitale française, sa « communauté juive » et Israël, la maire de Paris omet tacitement le caractère multiconfessionnel de la « Ville sainte » et la légitime revendication des Palestiniens de faire de sa partie orientale la capitale de leur État.
Aussi, la démarche d’Anne Hidalgo sous-tend-elle une adhésion au principe du fait accompli d’une annexion israélienne de Jérusalem-Est. Du reste, lors de l’inauguration de la Place, la présence et la satisfaction affichée du maire de Jérusalem, Moshe Leon, farouche partisan de la colonisation, a le sens politique de l’événement…
Alors que les Palestiniens font face au spectre de nouvelles expulsions massives de Gaza, mais aussi de Cisjordanie, un poste comme celui du HCR doit être incarné par une figure digne de la mission et des valeurs de cette noble institution. En ce sens, la candidature de Mme Hidalgo nous semble non recevable.