Les ministres des Affaires étrangères des BRICS ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur un communiqué commun lors de leur sommet tenu à Rio de Janeiro. Cela montre les divergences au sein de ce bloc en pleine expansion.
Le pays hôte a publié une déclaration condamnant le protectionnisme commercial. Celle-ci précise que les ministres des Affaires étrangères du groupe ont exprimé de sérieuses inquiétudes face à la perspective d’une économie mondiale fragmentée et à l’affaiblissement du multilatéralisme.
Divergences
La déclaration ne cite pas les États-Unis, bien qu’ils soient à l’origine du virage protectionniste actuel. Les droits de douane unilatéraux ont suscité des inquiétudes quant à un ralentissement de l’économie mondiale.
L’incapacité à parvenir à une déclaration commune était inattendue. Mais en revenant un peu en arrière, il est possible de constater qu’il y a des différends réels depuis l’été dernier. Le groupe élargi des BRICS, qui comprend le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ainsi que de nouveaux membres comme l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, l’Indonésie et l’Iran, est confronté à des défis de taille en raison des mesures commerciales prises par la Maison Blanche.
Pékin, affecté par des prélèvements de 145% dans sa guerre commerciale avec les États-Unis, semble avoir fait des pressions pour un ton plus sévère dans la déclaration finale. L’absence de volonté de tous les présents de condamner ouvertement les mesures américaines a conduit à une déclaration de la présidence plutôt qu’à une déclaration commune. À titre d’exemple, l’Égypte et l’Éthiopie ont refusé d’accepter certaines formulations appelant à une réforme des Nations unies, notamment de son Conseil de sécurité, une aspiration de longue date du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud.
L’ombre des États-Unis est toujours présente
Cette différence souligne la nouvelle composition du groupe après l’adhésion en 2024 de nouveaux membres ayant des points de vue divergents sur certaines questions. Les nouveaux membres africains n’étaient pas d’accord avec le fait de présenter l’Afrique du Sud comme candidat privilégié des BRICS pour un Conseil de sécurité réformé. Les pays doivent donc travailler davantage pour parvenir à un consensus. En même temps, un groupe élargi a plus de pouvoir, plus de ressources et plus d’espace pour la coopération.
L’essentiel pour les BRICS est de veiller à ce que le système commercial multilatéral ne s’effondre pas complètement. N’oublions pas que la Chine est la principale force dans ce bloc et elle ne permettra pas des décisions qui peuvent mettre ses relations avec les États-Unis en danger. D’ailleurs, la centralité du dollar pour les pays BRICS n’est pas contestée. La création d’une monnaie unique n’est plus à l’ordre du jour. Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires de 100% si le bloc allait de l’avant avec une monnaie unique pour remplacer le dollar dans les relations commerciales.
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Pour rappel, l’année dernière, les débats se sont intensifiés en Tunisie sur la nécessité de rejoindre ce bloc, considéré comme une alternative sérieuse face aux relations avec l’Union européenne. L’état des lieux actuel montre bien que cela n’est pas une si bonne affaire si nous cherchons des retombées positives immédiates. Elle peut s’inscrire dans une stratégie d’élargissement du spectre de nos relations économiques, mais en aucun cas elle ne pourra remplacer, du point de vue économique, les relations étroites avec les pays de la rive nord de la Méditerranée.