L’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Pierre-Olivier Gourinchas, dans une interview au journal français Le Monde le 22 avril 2025, se référant aux prévisions économiques de l’organisation concernant un ralentissement de la croissance économique mondiale, souligne la nécessité de repenser le système commercial mondial et d’établir de nouvelles règles pour son fonctionnement. L’économiste français indique que le ralentissement n’est pas seulement dû à l’augmentation des tarifs douaniers entre la Chine et les États-Unis, les deux plus grandes puissances économiques du monde, mais aussi à l’incertitude que cette évolution crée.
Commentant le ralentissement attendu du commerce mondial par le FMI, dont le taux de croissance passera de 3,8 % en 2024 à 1,7 % en 2025, Gourinchas rappelle que les tensions commerciales mondiales existent depuis longtemps, principalement en raison des politiques économiques protectionnistes non tarifaires menées par certains pays. Il faut donc, poursuit-il, « repenser le système commercial mondial » et « imaginer un nouveau cadre » compatible avec la nouvelle période dans laquelle est entrée l’économie mondiale.
En ce qui concerne l’inflation, Gourinchas note qu’aux États-Unis elle restera à 3 %, tant en 2024 qu’en 2025, alors que les estimations précédentes du FMI la situaient à 2 %.
Pour l’Europe et l’Asie, l’inflation restera à des niveaux bas, parce qu’en raison des tarifs américains, les exportations de produits d’Asie et d’Europe diminueront, l’activité économique ralentira et l’inflation diminuera.
Concernant le risque de créer une nouvelle crise financière, Gourinchas affirme qu’il n’est pas visible, ajoutant toutefois que les risques ont augmenté.
Interrogé sur la situation budgétaire de la France, l’économiste indique que la France et les autres pays qui augmentent leurs dépenses de défense devront prendre des mesures compensatoires permanentes.
Enfin, à propos des possibles tensions sociales dans les pays asiatiques et africains, en raison des turbulences économiques mondiales, Gourinchas ne les exclut pas, tout comme il n’exclut pas la possibilité que certains pays aient besoin de restructurer leur dette.