La Banque mondiale prévoit, dans son dernier rapport « Global Economic Prospect 2025 », un taux de croissance mondiale de 2,7% pour 2024. Pour la Tunisie, elle estime un taux d’à peine 1,2%.
Dans un contexte mondial chargé d’incertitudes économiques et de tensions géopolitiques croissantes, ces taux de croissance anémiques mettent en évidence la vulnérabilité des économies face aux chocs externes. Ils révèlent aussi les défis structurels auxquels sont confrontés des pays en développement tels que la Tunisie.
A l’heure actuelle, les pressions qui pèsent sur les finances publiques en Tunisie, compte tenu du poids de la dette, privent le budget de l’Etat de jouer un rôle crucial dans la transition écologique, alimentant ainsi la montée des vulnérabilités sociales.
En l’absence de politiques publiques à la hauteur des défis, l’impact des événements météorologiques extrêmes liés au réchauffement climatique sur l’insécurité alimentaire va probablement se renforcer dans les années à venir. Le stress hydrique est une préoccupation majeure, particulièrement pour la Tunisie, et si les conditions de sécheresse persistent, cela pourrait conduire à un tarissement des ressources en eau, fort menaçant tant pour l’agriculture que pour la sécurité alimentaire et la paix sociale.
L’enjeu climatique est d’autant plus préoccupant que les engagements mondiaux actuels visant à atteindre une neutralité carbone d’ici 2050 demeurent non seulement insuffisants, mais également fragiles et parfois menacés par l’instabilité politique. En effet, ces promesses ont été mises à l’épreuve par des enjeux géopolitiques, où des décisions politiques majeures remettent en question les initiatives communes de lutte contre le changement climatique, comme l’atteste le récent désengagement des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, suivi par la sortie de la Federal Reserve américaine du réseau NGFS (Network for Greening the Financial System), l’abandon des exigences de s’aligner sur l’accord de Paris de la GFANZ (Glasgow Financial Alliance for Net Zero), ou encore la sortie des six plus grandes banques américaines de la NZBA (Net Zero Banking Alliance).
La fragilité des engagements climatiques internationaux révèle un paradoxe inquiétant. Alors que l’urgence climatique exige une action collective renforcée, les intérêts économiques compromettent les efforts communs. Pourtant, chaque retard dans les réformes pèsera lourd dans la facture du bien-être économique et social, du moment que le coût de l’immobilisme sera bien plus élevé que celui de l’action.
Par Noura Harboub-Labidi
Cette analyse est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 912 du 29 janvier au 12 février 2025