Alors que le monde retient son souffle devant les menaces des guerres commerciales qui se profileront avec l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier 2025, la perspective d’une guerre des monnaies est tout aussi préoccupante.
Les guerres monétaires ne sont pas un phénomène nouveau. Pendant les années 1930 et après la grande dépression de 1929, plusieurs pays et à leur tête les Etats-Unis ont fait recours à des tarifs douaniers généralisés et à des dévaluations successives de leur monnaie, afin de doper leurs exportations et d’échappe à la récession.
Selon Bloomberg, une étude récente a évalué à 18% la réduction des échanges commerciaux causée par ces politiques non coopératives. Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les accords de Bretton Woods pour que les dévaluations compétitives cèdent la place à une coordination des politiques commerciales et monétaires au niveau international.
Aujourd’hui, la coopération économique mondiale semble être un objectif difficilement atteignable. Les pays partenaires de l’économie américaine useraient sans doute de l’arme ultime du taux de change pour faire face au protectionnisme et à l’unilatéralisme défendus par Trump.
La Chine a déjà entamé cette bataille avec une dépréciation de plus de 5% de sa monnaie depuis le mois de septembre dernier, lorsque la probabilité de voir le 45ème président des EU rempiler pour un nouveau mandat s’est renforcée. Les autres pays asiatiques, notamment les principaux concurrents et partenaires de la Chine, ne tarderaient pas à rejoindre le bal des dévaluations, vu la forte imbrication commerciale des économies de l’Asie. La BCE, de son côté, même si elle n’est pas appelée à influencer de manière directe la monnaie unique, devrait vraisemblablement réagir à une éventuelle appréciation de l’euro vis-à-vis des monnaies asiatiques. Un dollar de plus en plus fort pourrait forcer les Américains à réagir, déclenchant ainsi une spirale de Tit for Tat sans fin.
Si, politiquement, le Président américain a promis à maintes reprises d’apaiser les affrontements au Moyen-Orient, de mettre fin à la guerre en Ukraine et d’empêcher une troisième guerre mondiale, son protectionnisme économique, qui déclencherait des représailles de toutes sortes, promet de mettre le feu aux poudres, provoquant une escalade des conflits économiques et amplifiant ainsi l’instabilité de l’économie mondiale.
Lamia Jaidane-Mazigh
Cette analyse est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n° 911 spécial classement des entreprises