Alors que Donald Trump s’apprête à entamer un nouveau mandat, la politique africaine des États-Unis reste une question ouverte. Si le souvenir de son premier mandat évoque un désintérêt quasi total pour le continent, les observateurs laissent entrevoir des scénarios contrastés, oscillant entre indifférence accrue et un regain d’attention stratégique dans le cadre de la rivalité sino-américaine.
Le spectre du désengagement américain
Lors de son premier mandat, Donald Trump s’était distingué par une absence presque totale d’interaction directe avec les pays africains. Les rares initiatives subsistaient grâce à l’inertie des institutions américaines, qu’il s’agisse de la diplomatie, de l’assistance économique ou des opérations militaires.
Cette fois-ci, on peut redouter un effacement encore plus prononcé, alimenté par une réduction drastique des budgets, notamment sous l’impulsion d’acteurs influents comme Elon Musk, impliqué dans des réformes budgétaires.
Ce désengagement survient alors que la compétition pour l’influence en Afrique s’intensifie. La Chine et la Russie se positionnent comme des acteurs majeurs, tirant parti du vide laissé par l’Occident.
Une telle dynamique pourrait conduire à une baisse significative de l’aide américaine et au retrait des 2 000 soldats encore présents sur le continent.
Ce désengagement survient alors que la compétition pour l’influence en Afrique s’intensifie. La Chine et la Russie se positionnent comme des acteurs majeurs, tirant parti du vide laissé par l’Occident.
La réduction du rôle américain pourrait non seulement affecter les partenariats économiques, mais aussi compromettre la lutte contre des groupes extrémistes actifs dans plusieurs régions africaines.
Un intérêt opportuniste dans un contexte sino-américain
Cependant, l’émergence d’une nouvelle guerre froide avec la Chine pourrait forcer Donald Trump à accorder une attention sélective à l’Afrique.
Les pays riches en ressources stratégiques, tels que le Nigeria ou l’Angola pour le pétrole, ou encore la République démocratique du Congo pour le coltan et le cobalt, pourraient figurer parmi ses priorités.
Ces matières premières sont cruciales dans le contexte de la transition énergétique mondiale et de la domination technologique, des enjeux directement liés à la rivalité avec Pékin.
Les pays riches en ressources stratégiques, tels que le Nigeria ou l’Angola pour le pétrole, ou encore la République démocratique du Congo pour le coltan et le cobalt, pourraient figurer parmi ses priorités.
Les pays où la Chine est particulièrement active, voire militairement présente, pourraient également attirer l’attention. L’administration Biden avait réagi face à des rumeurs d’une potentielle base militaire chinoise en Guinée équatoriale, illustrant l’importance stratégique de telles questions.
Sous Trump, une surveillance similaire pourrait émerger, bien que limitée par son approche non-interventionniste.
Sécurité et géopolitique au Sahel : une opportunité pour Trump?
Le Sahel, théâtre d’un effondrement de l’influence occidentale, pourrait offrir une opportunité à l’administration Trump. Le retrait des troupes américaines et françaises a laissé un vide sécuritaire exploité par la Russie, notamment à travers le groupe Wagner.
Certains analystes soulignent que si Trump n’est pas enclin à intervenir dans des conflits étrangers, l’essor russe dans cette région pourrait inciter Washington à reconsidérer sa stratégie.
L’Afrique, riche en ressources mais confrontée à des défis structurels, demeure à la croisée des chemins entre opportunités économiques et batailles géopolitiques.
Le Sahel, marqué par une instabilité croissante et une compétition géopolitique accrue, pourrait devenir un terrain d’action symbolique pour Trump. Une réintégration des États-Unis dans la région renforcerait leur influence tout en défiant la montée en puissance de Moscou.
L’Afrique face à une géopolitique polarisée
Si l’Afrique occupe une place marginale dans la vision géopolitique de Trump, les réalités stratégiques mondiales pourraient contraindre son administration à agir. Les rivalités avec la Chine et la Russie, ainsi que les besoins en ressources critiques, font de l’Afrique un enjeu clé dans un monde multipolaire.
Cependant, ce retour potentiel de l’attention américaine risque de rester limité et opportuniste, sans stratégie de long terme pour le développement du continent.
L’Afrique, riche en ressources mais confrontée à des défis structurels, demeure à la croisée des chemins entre opportunités économiques et batailles géopolitiques.
En définitive, avec Donald Trump, l’Afrique pourrait osciller entre l’ombre et une lumière opportuniste.
L’absence d’une politique cohérente et durable risque de perpétuer l’idée d’un continent perçu comme un terrain secondaire de compétition entre puissances mondiales, au détriment de ses besoins réels.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)