Dans un article sur Giorgia Meloni et la lutte contre l’immigration irrégulière, daté du 29-30 septembre 2024, le quotidien français Le Monde revient sur les accords conclus en la matière entre l’Italie/Union européenne et certains pays d’Afrique du Nord.
Sous le titre « Giorgia Meloni érige la stratégie migratoire de l’Italie en modèle », Le Monde souligne tout d’abord que « la politique étrangère que mène, depuis son accession au pouvoir il y a deux ans, la présidente du Conseil italienne, Giorgia Meloni, est dominée par une priorité : la lutte contre l’immigration irrégulière ». C’est un thème omniprésent dans tous les discours de la présidente du Conseil Italien, même à la tribune de l’ONU…
Et apparemment, cette stratégie a porté ses fruits à en croire les chiffres publiés par ministère de l’Intérieur sur le phénomène migratoire. En effet, « les arrivées sur les côtes italiennes ont connu une baisse remarquable. Le 25 septembre, on en comptait 47 569 pour l’année 2024 contre 133 098 à la même période en 2023 », rapporte Le Monde.
Même le nouveau PM britannique – travailliste – a félicité la cheffe de l’extrême droite italienne Mme Meloni pour ces résultats obtenus. Elle n’hésite désormais plus à utiliser « la question migratoire comme un levier d’influence pour l’Italie. Elle est devenue incontournable pour le dossier à Bruxelles et érige sa stratégie en modèle », explique notre source, bénéficiant «… soutien constant de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur ce dossier ».
Différence de traitement des pays « partenaires »
Outre le PM britannique et la présidente de la Commission européenne qui ont adhéré à la stratégie “melonienne“, on peut citer la sociale-démocrate, Nancy Faeser, qui chapeaute le ministère de l’Intérieur de la coalition au pouvoir en Allemagne.
Dans ce cadre, Giorgia Meloni et son homologue allemand, Olaf Scholz, auraient même convenu, jeudi 26 septembre, « de maintenir une liaison étroite sur le sujet en vue des prochains conseils européens ».
Jusque-là tout va bien côté européen. Mais qu’en est-il de ce côté-ci de la Méditerranée, particulièrement pour la Tunisie?
D’après “les chiffres et les lettres“ rapportés par nos confrères du Monde, deux choses ont attiré notre attention.
Primo, le quotidien français rappelle que Mme Meloni « a multiplié les déplacements en Afrique du Nord », notamment en Libye, en Tunisie et en Egypte.
Mais ce qui est frappant, c’est le montant apporté par l’Italie et la Commission européenne au Caire pour “lutter“ contre l’immigration irrégulière : 7 milliards d’euros. Vous avez bien lu, “sept milliards d’euros”.
Secundo, le journal écrit que « la destination prioritaire de Mme Meloni reste la Tunisie […] Elle s’y est rendue quatre fois. En juillet 2023, accompagnée de Mme von der Leyen, elle a conclu un accord avec Tunis conditionnant de fait une aide budgétaire de 150 millions d’euros en plus d’un transfert de 105 millions d’euros destinés au contrôle des frontières à la lutte de Tunis contre les migrations irrégulières ». Vous n’avez pas besoin d’une calculatrice pour connaître le montant exact promis par Rome et Bruxelles à Tunis : 255 millions d’euros – oui, deux-cent-cinquante-cinq millions d’euros.
Comment peut-on qualifier cela sinon une différence de traitement entre Tunis et Le Caire sur un sujet identique, l’immigration irrégulière vers l’Europe à partir de leurs côtes ou territoires respectifs? A noter que le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, se félicitait récemment de la “baisse significative des flux migratoires vers les côtes italiennes grâce à l’accord conclu avec la Tunisie”.
Et pour couronner le tout, notre pays est accusé de maltraitance, ce qui n’est pas pour déplaire les immigrés, par les forces de sécurité. En soulignant au passage la mention de l’arrestation de nombreux passeurs; ainsi que le démantèlement de plusieurs ateliers de fabrication de bateaux.