18 août 2024. Il est minuit, et mes pieds touchent pour la première fois le sol chinois. Ce pays que je connaissais uniquement à travers quelques notions d’histoire : Mao Tse-Tung, la sagesse de Confucius et un désir ardent de visiter la Grande Muraille de Chine.
Une visite qui arrive à point nommé après ma lecture de Funérailles célestes, un roman de l’écrivaine chinoise résidant en Grande-Bretagne, Xinran. Je me suis alors souvenu que je n’avais pas encore découvert l’univers littéraire de Mo Yan, l’écrivain chinois lauréat du Prix Nobel de littérature en 2012. Toutes ces pensées traversaient mon esprit pendant que je remplissais les formalités douanières et les fiches correspondantes, tandis que les caméras de contrôle de l’aéroport international de Pékin me prenaient en photo, ainsi que les 17 autres journalistes avec lesquels je suis à Pékin pour une formation organisée par China Broadcasting International Economic and Technical Cooperation Co. LTD (CBIC), intitulée « Formation pour renforcer les capacités de communication médiatique en Tunisie ».
Bien que je sois dans un cadre strictement dédié à la formation, avec un programme cohérent et varié, mon esprit n’a cessé de vagabonder, désireux d’explorer les mystères de ce pays envoûtant… Entre la volonté de réussir ma formation et d’obtenir mon diplôme, et l’envie irrésistible de visiter plusieurs monuments incontournables, mon cœur chavire. Mes yeux se perdent derrière les vitres du bus qui nous emmène de l’aéroport à l’hôtel : gratte-ciel, monuments, tout respire la grandeur et l’ordre dans les rues et avenues. Il est presque 2 heures du matin, et toute la délégation de journalistes tunisiens est épuisée. Chacun rejoint sa chambre pour récupérer les heures de sommeil perdues à cause des deux vols (Tunis-Doha et Doha-Pékin) et du décalage horaire épuisant. Il était clair que les activités de la formation démarreraient en dépit de la fatigue du voyage, des 8 heures de vol entre Doha et Pékin et des 5 heures et demie de vol entre Tunis et Doha.
À travers nos différentes discussions avec les formateurs chinois, il est apparu que, malgré les réalisations, les prouesses et le progrès fulgurant de ce pays, ils insistent toujours sur le fait qu’ils se considèrent encore comme un pays en développement, et qu’il leur reste un long chemin à parcourir pour atteindre le bond économique souhaité et réaliser leur rêve de devenir une grande puissance mondiale. Pour les Chinois, le principe est simple : il faut continuer d’avancer, s’armer d’une volonté inflexible et travailler dur pour relever les nombreux défis qui se présentent.
Il convient de rappeler que la Chine a enregistré une croissance de 5,2 % de son Produit intérieur brut (PIB) en 2023, selon une annonce faite le mercredi 17 janvier par le Bureau national des statistiques (BNS). Une réalisation notable malgré les séquelles de la pandémie mondiale. Ce taux de croissance devrait continuer à évoluer positivement, surtout si l’on prend en compte les trois années de restrictions sanitaires contre le Covid qui ont ralenti l’économie chinoise. Ces mesures ont été levées fin 2022, ce qui a permis à l’économie du pays de redémarrer dès le début de l’année suivante. Les chiffres témoignent de la réussite chinoise.
Il y a tout à gagner à renforcer les relations entre l’initiative de la Ceinture et de la Route et les pays arabes. Divers arguments, tant historiques qu’économiques, plaident en faveur de l’approfondissement de ces liens. L’un de nos formateurs, lors d’une conférence sur les relations sino-arabes dans le cadre de cette initiative, a affirmé que la Chine a été, pendant plusieurs années consécutives, le plus grand partenaire commercial des pays arabes. La valeur du commerce entre la Chine et les pays arabes est passée de 7,36 milliards de dollars américains en 2004 à environ 430 milliards de dollars américains en 2022.
Un projet politique sous-tend cette initiative. Le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, a déclaré que la camaraderie entre la Chine et les pays arabes, ainsi que les liens entre les peuples chinois et arabes, trouvent leurs racines dans les échanges amicaux le long de l’ancienne Route de la Soie, dans la lutte commune pour l’indépendance nationale et dans la coopération fondée sur des bénéfices mutuels. Cette déclaration, faite lors de la séance d’ouverture de la dixième session du Forum de coopération sino-arabe, le 30 mai 2024, réaffirme la volonté politique de renforcer ces relations.
Avant de viser si haut, la Chine , a réussi à éradiquer l’analphabétisme chez ses 1,4 milliard d’habitants. La rapidité et l’efficacité avec lesquelles elle réalise des infrastructures sont également remarquables : chaque minute, la Chine construit ou rénove 481 mètres d’autoroutes et de routes rurales, et chaque minute, elle fabrique 10 véhicules fonctionnant avec des énergies renouvelables. « Huit employés gèrent le port commercial de Shanghai, où toutes les opérations sont exécutées par des robots », une information qui nous a surpris, nous qui sommes habitués à des administrations pléthoriques.
Modernité et authenticité forment un beau couple
Même au sommet de la technologie et du progrès scientifique, la Chine ne rompt jamais avec son histoire et ses légendes. Elle parvient à allier modernité et tradition en faisant référence à des mythes anciens. Par exemple, les noms de ses vaisseaux spatiaux reflètent cette combinaison. Tianwen (天问), mission d’exploration de Mars, signifie “Questions Célestes” et fait référence à un poème ancien. Tiangong (天宫), “Palais Céleste”, fait référence au mythe du palais des dieux. Shenzhou (神舟), “Vaisseau Divin”, renvoie à la “Barque d’Yao”, utilisée par un empereur mythique pour traverser le ciel. Cette combinaison de tradition et de progrès caractérise la Chine du XXIe siècle.
Pour renforcer les échanges culturels, notamment à travers la traduction des œuvres chinoises vers d’autres langues et vice-versa, la Chine compte sur Beyt Il Hikma (maison de la sagesse). Cette institution a traduit plus de 1 500 livres dans diverses spécialités, telles que la politique, la littérature, l’économie et les biographies. Elle a aussi traduit plus de 310 films et séries chinois vers d’autres langues, particulièrement l’arabe, avant d’élargir ses efforts à d’autres langues. Cette institution tend la main à toutes les parties intéressées par une collaboration culturelle avec la Chine.
Au cours des dix dernières années depuis le lancement de l’initiative “La Ceinture et la route”, plus de 150 pays et plus de 30 organisations internationales ont signé des accords de coopération. De nombreux projets ont été réalisés, ouvrant la voie à la prospérité commune. La Chine a établi des partenariats stratégiques avec 14 pays arabes et la Ligue des États Arabes, faisant de cette région un espace privilégié pour les partenariats. Plus de 200 grands projets de coopération ont été réalisés entre la Chine et les pays arabes, bénéficiant à environ deux milliards de personnes. La Chine a signé des documents de coopération avec les 22 pays arabes et la Ligue des États Arabes pour l’initiative, tendant la main à toute l’humanité pour un avenir plus radieux.
L’agriculture, fer de lance pour lutter contre la pauvreté
Les trois jours passés dans la ville de Yinchuan, chef-lieu de la région autonome hui du Ningxia, ont été une occasion de découvrir la contribution du modèle agricole chinois dans la lutte contre la pauvreté. Au fil des ans, la Chine a réussi à rendre cette partie désertique cultivable grâce au soutien financier du gouvernement. Des milliers de fermes ont émergé grâce à un système de crédits sans intérêt permettant aux agriculteurs de cultiver leurs terres avant de vendre leurs récoltes au gouvernement. Il a fallu de nombreuses années pour que le gouvernement transforme ce désert en terres arables dans le cadre de ses efforts de lutte contre la désertification.
Pékin ou l’hymne à la joie de vivre
Ce qui a particulièrement éveillé mon imagination lors de mon séjour à Pékin, c’est la joie de vivre qui semble imprégner la population chinoise. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, leur quotidien ne se résume pas seulement au travail. La danse, le chant et le sport occupent une place centrale dans leur vie. En me promenant dans les rues de Pékin en soirée, j’ai été agréablement surpris de voir des groupes de personnes, de tous âges, se retrouver pour chanter, danser ou faire du sport après une longue journée de travail. Une telle spontanéité fait des rues de Pékin un véritable souffle de joie de vivre.
Les monuments incontournables me tendent les bras
Je ne vais pas prétendre que j’ai bravé de longues marches sur les rampes de la Grande Muraille de Chine, surtout avec la chaleur écrasante qui m’en a empêché ce jour-là. Cependant, j’ai continuellement admiré le charme de cette merveille du monde, qui me fascine depuis mon enfance. Petit, j’attendais impatiemment le jour où je pourrais visiter à la fois le Château de Versailles et la Grande Muraille de Chine. Par la grâce de Dieu, j’ai eu la chance de découvrir ces deux trésors. S’étendant sur plus de 6 000 kilomètres à travers la Chine, la Grande Muraille me raconte une histoire que je n’ai pas encore finie de découvrir…
Lors de mon séjour à Pékin, j’ai eu l’occasion de visiter deux sites emblématiques qui reflètent la richesse historique et moderne du pays : le Palais d’Été, chef-d’œuvre impérial, et la tour centrale de radio-télédiffusion de Pékin. Ces visites m’ont permis de découvrir à la fois le patrimoine culturel millénaire de la Chine et son avancée technologique.
Le Palais d’Été, un chef-d’œuvre construit en 1750 sous l’empereur Qianlong de la dynastie Qing, est un lieu splendide situé autour du lac artificiel Kunming, qui s’étend sur 200 hectares. Ce palais servait à la fois de résidence d’été et d’espace de détente pour les empereurs chinois. Alliant beauté naturelle et architecture chinoise traditionnelle, il est entouré de jardins paysagers, de pavillons élégants et d’œuvres d’art, faisant de ce lieu un véritable havre de divertissement et de culture.
Même s’il s’agit d’un espace officiel et technique, les autorités chinoises ont fait de la tour centrale de radio-télédiffusion de Pékin un site touristique. Elle permet d’observer la ville de manière panoramique depuis un restaurant et une terrasse d’observation. La tour dispose d’une terrasse à 238 mètres de hauteur, et le sommet de son antenne atteint 405 mètres.