Panique dans les rangs des démocrates à un an jour pour jour du scrutin présidentiel aux Etats-Unis. L’actuel locataire de la Maison-Blanche est à la traîne dans les sondages devant son rival républicain Donald Trump. La cause ? Son alignement total sur les positions israéliennes, même les plus extrêmes. Une cécité politique qui pourrait lui coûter très cher ; au point que certaines figures démocrates, comme David Axelrod, ancien conseiller d’Obama, appellent Biden à se retirer de la course.
En effet, les jeunes générations accusent le président américain de « complaisance » avec les bombardements israéliens sur Gaza et menacent de ne pas voter pour lui lors de l’élection de 2024 où il brigue un second mandat à la Maison-Blanche.
Mauvaise posture
Ce phénomène est visible lors de la manifestation massive de soutien aux Palestiniens début novembre à Washington où une foule d’environ 100 000 personnes venant de tous les coins des Etats-Unis scandait devant la Maison-Blanche le slogan « Biden + Netanyahou = criminels de guerre ».
Ainsi, un récent sondage du New York Times place Joe Biden entre 4 et 10 points derrière Trump dans 5 États (Arizona, Géorgie, Michigan, Nevada, Pennsylvanie) où l’élection devrait se jouer. Parmi les États pivots, Biden n’est devant Trump que dans le Wisconsin, de 2 points.
Quelle leçon les observateurs politiques outre-Atlantique tirent-ils de ces alarmants sondages pour le 46e président américain candidat à sa propre succession ?
Un vote décisif
En dépit d’une bonne conjoncture économique (croissance économique de 2,1% au deuxième trimestre 2023 et chômage relativement bas de 3,5% en juillet dernier), la politique étrangère, bien que traditionnellement elle influence rarement le vote des Américains, s’invite à cette élection présidentielle puisque, chose inédite, elle mobilise cette fois les jeunes et les électeurs de couleur, avec la question palestinienne. « Les groupes démographiques qui ont soutenu Joe Biden avec des écarts écrasants en 2020 sont aujourd’hui beaucoup plus disputés », ainsi, « le candidat démocrate perd du terrain chez les jeunes et les minorités », relève le New York Times.
Pour preuve ? Certains analystes avertissent que la position de Biden sur Israël pourrait lui coûter l’élection en 2024. Devenu de l’avis général plus royaliste que le Premier ministre israélien, n’a-t-il pas répondu quand il fut interrogé jeudi 9 novembre sur ce qu’il pensait des chances d’un cessez-le-feu, lui qui jusqu’ici s’est toujours opposé à cette idée, « qu’il n’avait aucune. Aucune possibilité » ?
Or, à cause de ses positions jugées extrémistes même dans le camp démocrate en faveur d’Israël, le vent semble désormais tourner en sa défaveur. Selon un récent sondage Quinnipiac, seuls 21% des moins de 35 ans approuvent la politique de Biden en Israël.
Plus étonnant : d’après un autre sondage de CBS, 64% des 30-44 ans pensent que les États-Unis ne devraient pas envoyer d’armes à l’Etat hébreu. Et 80% des démocrates, selon un sondage Data for Progress, pensent que Biden devrait appeler à un cessez-le-feu. « Les États-Unis subissent une révolution culturelle », assène un commentateur averti de la scène politique américaine.
Si certains analystes avertissent que la position de Biden sur Israël pourrait lui coûter l’élection en 2024, c’est que les électeurs jeunes et de couleur ont joué un rôle clé en 2020, où 60% des 18-29 ans ont voté pour lui, 24% de plus que pour Trump. De plus, le vote de ces mêmes électeurs avait pesé sur la balance dans certains États, comme l’Arizona et le Michigan, où l’écart entre lui et Trump chez les jeunes était respectivement de 24 et de 33% ; la Géorgie, où 90% des Noirs ont voté pour lui ; et la Pennsylvanie, où 85% des jeunes Noirs ont voté pour lui.
Rien n’est encore joué
Notons à ce propos que le camp démocrate a rapidement cherché à relativiser les récents sondages. « Les prévisions un an à l’avance ont tendance à s’avérer légèrement différentes un an plus tard », a déclaré Kevin Munoz, l’un des porte-parole de la campagne Biden-Harris pour 2024, en citant à l’occasion un sondage qui donnait le président Barack Obama largement battu un an avant sa réélection en 2012.
Au final, il est utile de rappeler que même si un récent sondage de CNN donnait le potentiel candidat républicain Donald Trump vainqueur, avec 4 points d’avance, face à l’actuel chef de l’exécutif américain Joe Biden, à un an de la présidentielle américaine (49% des intentions de vote, contre 45% des voix pour ce dernier), il est toutefois possible d’être élu président des États-Unis sans emporter le vote populaire, comme ce fut le cas de Trump en 2016 face à Hillary Clinton. L’essentiel étant d’obtenir la majorité des grands électeurs (270 sur 538).
En attendant, le camp démocrate a de toute évidence senti le vent du boulet ; son candidat au futur scrutin présidentiel saura-t-il tirer les conséquences d’un alignement inconditionnel sur Israël qui le mènera inéluctablement à sa perte ?
Désormais, son avenir est entre ses mains.