La visite du président de la République Kaïs Saïed au siège de la Banque centrale et sa rencontre avec le gouverneur de la BCT en disent long sur la gestion des finances publiques. Moez Joudi, économiste et président de l’Institut tunisien des administrateurs, analyse la situation financière via sa page officielle.
Ainsi, il met l’accent sur la gestion des finances publiques, le rôle des banques et l’indépendance de la Banque centrale qui sont, selon lui, des éléments clés pour la compréhension de la manière dont les gouvernements financent leurs dépenses, les taux d’intérêt sur les emprunts d’État…
De ce fait, il part du constat que le processus de prêt intérieur d’un État par le biais du marché bancaire et des banques est un mécanisme qui repose sur plusieurs considérations économiques et financières essentielles. Les taux d’intérêt augmentent souvent de manière significative pour plusieurs raisons. Le rôle des banques n’est pas de prêter directement à l’État, mais plutôt de stimuler l’économie réelle et d’encourager la rentabilité. Le surendettement de l’État peut entraîner des risques élevés et affaiblir la stabilité financière des banques.
Il précise à cet effet : “Lorsque l’État s’endette pour financer ses dépenses publiques, cela peut indiquer un déséquilibre financier ou des dépenses excessives par rapport à ses propres ressources. Les politiques gouvernementales en matière de finances publiques jouent un rôle essentiel dans cette situation, et un échec de ces politiques peut entraîner un déficit et un recours à l’emprunt. Les banques, en tant qu’institutions financières, ont pour objectif principal de favoriser l’économie réelle et la croissance, plutôt que de prêter à l’État”.
Avant d’ajouter : “L’excès d’endettement de l’État peut augmenter les risques financiers et mettre en péril la stabilité des banques, ce qui peut se refléter dans leurs évaluations et leurs notations. Le processus de passage par les banques pour l’achat d’obligations d’État suit la logique du marché, ce qui entraîne des coûts et des prix plus élevés lorsque la demande dépasse l’offre. Ces coûts imposent des limites à l’emprunt et incitent les gouvernements à réduire les dépenses et à maîtriser les déficits”.
Abordant la question de l’élimination du rôle des banques dans ce processus et le recours directement à la Banque centrale pour le financement intérieur, Moez Joudi tire la sonnette d’alarme, en déclarant : “Cela peut rendre l’emprunt plus facile pour les gouvernements successifs, ce qui peut entraîner une inflation monétaire et une dépréciation de la monnaie, comme on le voit actuellement en Turquie. Il est important de noter que lorsque les banques réalisent des bénéfices, cela peut contribuer à augmenter les recettes fiscales de l’État, car les impôts sur les bénéfices bancaires sont souvent élevés”.
Enfin, il conclut : “L’indépendance de la Banque centrale repose sur son indépendance dans la conduite de la politique monétaire et son évitement du prêt direct à l’État. Cela lui permet de jouer son rôle dans le maintien de l’équilibre financier général et la lutte contre l’inflation monétaire”.