Depuis quelque temps, les autorités au pouvoir exécutif, avec à leur tête Kaïs Saïed, font face à des problèmes à la limite de l’insoluble que les observateurs comparent à de véritables « casse-têtes chinois » ! Tout d’abord et plus récemment en date, figure celui du complot contre la sûreté de l’État.
Plus de quatre-vingt jours après les premières arrestations de plusieurs personnalités nationales actives et connues pour leur militantisme au sein de leur parti politique respectif ou au sein de composantes de la société civile, dont notamment celles censées défendre les principes de la démocratie, des libertés publiques et individuelles et du respect des droits de l’Homme, le statu quo est de mise. L’affaire, présentée comme étant un complot contre la sûreté de l’Etat avec tentative d’assassinat contre Kaïs Saïed, n’a pas bougé d’un iota. Dans le sens où l’instruction judiciaire ne connait aucune évolution officielle : ni lancement d’accusation précise ; ni désignation de date de procès ; et encore moins d’audience d’une des chambres des mises en accusation.
Nouvelles arrestations, nouveaux points d’interrogation
Plus encore! De nouvelles arrestations ont été opérées dans les milieux actifs dans la lutte pour la défense des droits de l’Homme. On citera, à ce propos, les Bochra Belhaj Hamida, Ayachi Hammami, etc. Même Bassam Trifi, président en titre de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), recevait une convocation à titre de « renseignements ». Mais il annonçait qu’il décidait de ne pas obtempérer pour la simple raison que, selon ses dires, le motif invoqué n’existe même pas. « On est convoqué à titre de témoin ou de présumé accusé », assure-t-il en substance. Avant d’ajouter que selon des données obtenues, sans confirmation, il s’agit de « questionnaire à propos de certaines fuites rendues publiques sur les réseaux sociaux concernant cette même affaire de complot contre la sûreté de l’État ».
En attendant les procès…
Il faut dire que si les avocats de la défense « affirment et réaffirment » que les dossiers sont vides. Ce qui expliquerait l’absence jusqu’à présent de toute accusation officielle et précise. Le ministère public et les juges d’instruction, quant à eux, restent complètement muets sur ce dossier.
Pour les différents comités de défense des diverses personnes arrêtées et incarcérées, si le Parquet ne se prononce pas sur l’évolution de l’instruction, cela prouverait qu’il n’aurait rien trouvé comme preuves ou documents solides à charge.
Les avocats de la défense vont plus loin, en se basant sur le communiqué rendu public par le ministère des Affaires étrangères. Lequel a blanchi les membres des missions diplomatiques étrangères accréditées en Tunisie avec qui les personnes arrêtées étaient censées « communiquer, voire comploter ».
D’ailleurs, on n’a enregistré aucune convocation et encore moins d’expulsion d’un quelconque diplomate étranger par les autorités compétentes; à savoir le ministère des Affaires étrangères ou la Présidence de la République.
Et c’est pour les mêmes considérations que le comité de défense de Noureddine Boutar, directeur général de la Radio Mosaïque Fm, fortement soutenu par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), a déclenché une vaste opération de communication en faveur du directeur de la Radio.
Le président du comité de défense, Mr Ayoub Ghedamsi, a fini par « se lâcher » en fournissant certains détails sur l’affaire. Ainsi, « outre l’absence d’accusation officielle, toutes les vérifications et expertises effectuées par les diverses institutions bancaires se sont avérées négatives ». Sachant que seule la commission des analyses financières relevant de la Banque centrale de Tunisie (BCT) n’a pas envoyé son rapport.
Sans vouloir interférer dans les dossiers en cours d’examen devant les tribunaux, force est de reconnaître que les affaires relevant du dossier du présumé complot contre la sûreté de l’État suscitent de nombreux points d’interrogation. Et ce, quant aux procédures d’usage suivies dans leur traitement.
Dialogue, dites-vous? Mais le Parlement est là!
Ensuite, on citera les initiatives pour le dialogue, résumées, par celle que le Quartet tente de mettre au point depuis plusieurs mois.
Ainsi, il est conduit par les chefs de file de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH), le Conseil de l’Ordre des avocats et le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). Ceux-ci affirment être en concertation pour élaborer une initiative qui réunit plusieurs composantes autour de la table du dialogue. Et ce, afin de discuter de l’avenir politique, économique, social et sécuritaire de la Tunisie
Mais la question qui se pose sérieusement est la suivante : et si Kaïs Saïed rejetait l’idée même de se faire remettre le texte de l’initiative ; sachant qu’il a déjà tourné en dérision ledit dialogue. En effet, rappelons-nous de sa réponse à une question d’un journaliste : « De quel dialogue parle-t-on maintenant que le pays dispose d’un Parlement », indiquait M. Saïed ?
Tunisie – FMI : le feuilleton s’éternise…
Le troisième volet est, sans conteste, l’éventuel accord définitif avec le Fonds monétaire international. Au moment où le Gouvernement crie haut et fort qu’il mettra tout en œuvre pour finaliser cet accord, le Président Kaïs Saïed continue de souffler le chaud et le froid. Dans le sens où, sans annoncer son rejet catégorique de tout accord avec le Fonds, il n’en continue pas moins de refuser toute condition imposée par le FMI visant à mettre en danger la cohésion sociale.
Ceci revient à une forme déguisée de pression mettant, ainsi, autant le Gouvernement de Najla Bouden que le FMI dans l’embarras. Surtout qu’on ne sait pas encore avec précision si la signature du Président Saïed est exigée ou non.
Entretemps, les déclarations les plus optimistes continuent de fuser sans donner des chiffres, des dates et des hypothèses quant aux solutions à adopter en cas d’échec de la conclusion de ce fameux accord. Lequel est impératif pour les équilibres financiers et budgétaires de la Tunisie dès cette année 2023. Sinon… on préfère ne pas y penser!
Poursuite du feuilleton des limogeages
Quatrième point qui cause des désagréments énormes à la bonne marche des affaires de l’État, il y a, bien entendu, le feuilleton des départs du Gouvernement.
Et dans ce cadre et pas plus tard que jeudi 4 mai 2023, on apprend le limogeage de la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Neila Gongi. Puisqu’elle a eu le malheur de révéler que le gouvernement en est à la phase finale de la préparation du programme d’orientation des subventions vers ceux qui le méritent, notamment en ce qui concerne le carburant.
“Au cours des prochains jours, nous terminerons les travaux. Puis les dates des augmentations des prix du carburant seront déterminées. Tout en mettant en place une vision complète concernant l’orientation du système de soutien aux familles tunisiennes et à certaines catégories économiques ». Telle était la conclusion à laquelle elle arrivait dans sa déclaration.