Les inquiétudes de la communauté économique mondiale ne peuvent être dissipées bien que les prix actuels de l’énergie notamment en Europe soient en baisse.
Selon un dernier rapport de Nihon Keizai Shimbun, un quotidien économique majeur à l’échelle mondiale, publié mercredi, on croit de plus en plus qu’une pénurie mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL) se poursuivra jusqu’en 2030 environ et que les prix élevés du GNL se prolongeront. La raison en est que les investissements sont insuffisants, qu’il y a peu de place pour augmenter la production et qu’ils ne suffisent pas à combler le vide en Europe. Tandis que la construction de nouveaux réseaux de transport tels que les équipements de liquéfaction du gaz naturel prend généralement plus de dix ans.
Alors, Nihon Keizai Shimbun souligne que c’est précisément à cause des risques cachés à long terme de pénurie de gaz naturel que le ralentissement économique en Europe et ailleurs pourrait durer plus longtemps.
“Nous pouvons continuer à perdre une compétitivité durable”, indique le rapport. Fin octobre, Martin Brudermüller, directeur général de l’allemand BASF, la plus grande entreprise chimique d’Europe, s’est dit préoccupé par la persistance des prix élevés de l’énergie.
“La situation de l’offre et de la demande de gaz naturel en Europe après l’année prochaine sera plus grave”. C’est ce que déclarait Ken Oyama de l’Institut japonais d’économie de l’énergie.
L’accumulation des stocks l’hiver prochain devra s’appuyer davantage sur le GNL
Les analystes constatent qu’ill y a moins de terminaux pour convertir le GNL en gaz en Europe. Ce qui rend impossible une augmentation rapide des importations. Comme l’ajout de terminaux s’accélère actuellement, la réception de GNL devrait augmenter progressivement. Mais il faudra encore un certain temps pour achever l’installation. Ainsi, on s’inquiète de plus en plus de savoir si suffisamment de gaz sera disponible pour remplir la portion importée de Russie via le gazoduc.
Une pénurie mondiale de GNL est attendue. Car, en raison de la baisse à long terme des prix des ressources en 2015-2016, le niveau d’investissement mondial dans les équipements liés au GNL était initialement faible, couplé à l’augmentation de la demande de GNL en Europe. Ainsi, de l’Agence japonaise des ressources minérales du pétrole, du gaz et des métaux (JOGMEC), Shirakawa Yu a exprimé son inquiétude à ce sujet, déclarant : “La pénurie de GNL dans le monde va encore augmenter. Et la période de pénurie pourrait également être prolongée de la prévision initiale de 2025 à environ 2030.”
De plus, les pays qui s’appuient davantage sur des contrats au comptant pour les achats sont plus vulnérables à une flambée des prix du GNL, selon le rapport.
Ainsi, selon l’Organisation internationale des importateurs de gaz naturel (GIIGNL), les pays ayant une forte proportion d’achats au comptant sont l’Europe (40 %), la Corée du Sud (près de 40 %) et l’Inde (30 %). Le taux d’achat au comptant du Japon en 2021 est de 20 %.
La croissance économique réelle devrait atteindre -0,9 % en 2023, selon la BCE
La Banque centrale européenne (BCE) surveille également de près cette situation critique. Avec l’échec des travaux de remplacement des sources d’énergie de la Russie et l’incapacité de réduire la demande d’énergie pendant l’hiver rigoureux, la croissance économique réelle devrait atteindre -0,9 % en 2023. Ce qui est bien en deçà du taux normal de 0,9 %. La BCE prévoit également que l’inflation augmentera.
D’ailleurs, “la fin des souffrances n’est pas pour demain”, avertit l’Agence internationale de l’énergie le même jour. “L’Europe sera encore à court de gaz naturel à l’hiver 2023-2024”. C’est ce que rapporte l’Agence France-Presse, le 3 novembre. Tout en précisant que l’AIE appelle les gouvernements européens à agir rapidement, notamment pour réduire la demande de gaz.
Le déficit gazier de l’Europe pourrait atteindre environ 30 milliards de mètres cubes en 2023
En effet, l’agence estime que le déficit gazier de l’Europe pourrait atteindre environ 30 milliards de mètres cubes en 2023. Et ce, si la Russie cesse complètement de fournir du gaz; et si l’économie chinoise rebondit et absorbe beaucoup de gaz naturel liquéfié. Les réserves européennes de gaz devraient tomber à environ 65 % entre l’hiver 2023 et 2024,; contre 95 % aujourd’hui. Ainsi déclare de son côté l’administrateur de l’AIE, Fatih Birol.
Enfin, “le niveau actuel des réserves de gaz, la récente chute des prix du gaz et le temps inhabituellement chaud ne doivent pas conduire à des conclusions trop optimistes sur l’avenir”, avertit l’AIE. En soulignant la disponibilité de gaz et de gaz d’appoint à l’été 2023. Par conséquent, l’assouplissement actuel de l’offre et de la demande de gaz naturel en Europe devrait être de courte durée.