Qui est derrière l’incendie qui vient de ravager une locomotive de transport de phosphate à Métlaoui; à l’heure précise de rupture du jeûne? En attendant les conclusions de l’enquête menée par le parquet de Gafsa, tout semble indiquer qu’il s’agit d’un acte criminel prémédité.
Dans une enquête ordinaire sur un délit ou un crime, l’on se pose automatiquement des questions sur les motifs de l’acte. Et l’on cherche notamment à savoir à qui profite le crime. Cette procédure s’applique parfaitement à l’incendie. Ainsi, un incendie s’est déclaré ce week-end dans l’une des locomotives de transport de phosphate à Metlaoui, exactement à la rupture du jeûne (19h35).
Une heure perfide pour mettre le feu, intentionnellement, à une locomotive flambant neuf de sept milliards de nos millimes dans la laverie n°3 de la délégation de Mdhilla, utilisée pour transporter le phosphate commercial.
Un coup dur pour la CPG et le phosphate
Il s’agit, à n’en pas douter, d’un énième coup dur pour la Compagnie des Phosphates de Gafsa. En effet, la compagnie subit des pertes annuelles énormes. Et ce, depuis la révolution à cause des actes de sabotage et des revendications sociales excessives.
Ainsi, dans un communiqué paru le lendemain de l’incendie, la Compagnie Phosphate Gafsa (CPG) propriétaire du véhicule ferroviaire, a indiqué que « les agents du deuxième shift de la laverie 3 du district de production de Mdhila ont été surpris de voir un incendie se déclencher dans l’une des locomotives, stationnée à la station Soheib pour le transport du phosphate commercial ». Selon un responsable de la CPG, la locomotive est endommagée à 80% et ne peux plus être récupérée.
L’arme du crime
Le communiqué ajoute que les premiers prélèvements techniques ont permis de recueillir des indices solides favorisant la piste criminelle. Et que le parquet de Gafsa a autorisé l’ouverture d’une enquête criminelle pour déterminer les circonstances de cet incendie.
A noter que selon notre confrère al-Chourouk, des restes de pneus incendiés ont été trouvés à proximité de la locomotive. Cette piste privilégie donc un acte criminel avec préméditation.
Un investissement énorme
Pour rappel, la SNCFT, transporteur officiel de phosphate de Gafsa, a pris livraison en février 2020, des dix premières locomotives diesel EMD Type GT42AC sur un total de 20 engins fabriqués par l’entreprise Progress Rail, dans l’Indiana aux Etats-Unis. Et ce, dans le cadre d’un contrat de 165 millions de dinars attribué en décembre 2016.
A savoir que l’acquisition de ces nouvelles locomotives, financée par un crédit de 165 millions de dinars fourni par un pool de banques tunisiennes (Attijari bank, BNA, UIB, ATB, BT, STB), va permettre à la CPG de renouveler son parc et d’accroître sa capacité en matière de transport de phosphate. Et surtout d’améliorer le rendement du secteur minier et de réduire le coût de transport.
Les camionneurs gros perdants
Or, le renforcement du rail pour le transport du phosphate n’est pas du goût des transporteurs de ce minerai par voie terrestre. D’autant plus que le coût du transport est de 25 dinars la tonne pour les camionneurs privés. Et ce, contre 8 dinars par voie ferrée.
De surcroît, le retour au rail pour le transport du phosphate est une bonne nouvelle pour la SNCFT. Cette entreprise publique qui exploite ce réseau. De même que pour la communauté du bassin minier. Laquelle souffre énormément de la pollution générée par le transport par camions.
Pour résumer, l’acquisition de ces nouvelles locomotives très performantes permettra, d’ici 2021, de transporter totalement le phosphate par voie ferrée. Et de mettre fin, par conséquent, au transport par les camionneurs.
Ainsi, les intérêts des sociétés privées de camionneurs sont frappés de plein fouet. De là à établir une corrélation entre causes et effets, la justice se chargera d’établir la vérité.
Cependant, à la question à qui profite le crime? La réponse paraît limpide comme de l’eau de roche. Suivez mon regard!!!