Un éventuel dégraissage drastique au sein du personnel de la compagnie nationale Tunisair semble être derrière la tension grandissante. Et ce, entre l’UGTT et le ministère du Transport et de la logistique.
Pourtant, il y a à peine deux semaines, les relations entre le secrétaire général de l’UGTT et le ministre du Transport, Anouar Maârouf, semblaient au beau fixe.
En effet, lors de la réunion qui a eu lieu entre eux, le 22 avril 2020 au siège du ministère, il a été convenu de « garantir la continuité du service public et surmonter la crise due au coronavirus. Et ce, en mettant en place un programme de sauvetage des institutions publiques de transport. Ces dernières connaissent de grandes difficultés pour préserver leur pérennité et leur caractère public ». C’est ce que déclarait un communiqué émanant du ministère.
Alors que s’est-il passé entre temps pour que les choses tournent au vinaigre entre la centrale syndicale et le ministère? La pomme de discorde se nomme évidemment la compagnie aérienne nationale, Tunisair.
UGTT : « Les débuts du ministre sont médiocres »
Ainsi, dans son intervention sur les ondes de Mosaïque FM, hier, Elyes Ben Miled, le secrétaire général adjoint de la Fédération générale du Transport relevant de l’UGTT, a lancé une attaque en règle contre le ministre du Transport. Il lui reproche de « manquer de vision réformatrice du secteur du transport ». Et il qualifie ses débuts à la tête du ministère de « médiocres ».
« Anouar Maârouf veut instrumentaliser un soupçon de corruption relatif au processus de réparation de deux moteurs d’avions de Tunisair. Toutefois, le dossier a été transmis à la justice depuis 2018. Mais les autorités judiciaires n’ont pas encore tranché sur cette affaire », a assuré M. Ben Miled.
Alors, ces violents propos du responsable syndical contre le ministre cachent-ils une crainte? Celle que l’UGTT soit éclaboussée de près ou de loin par cette affaire?
Soupçons de corruption
En effet, le ministre s’est dit « choqué » par un « important dossier de corruption au sein de Tunisair ». Et ce, dans sa déclaration sur les ondes radiophoniques, samedi dernier.
Ce dossier est évidemment en rapport avec un contrat de réparation de deux réacteurs qui a été établi il y a deux ans. Depuis, ces réacteurs sont réparés, mais restés au Canada. Entre-temps, l’avion en question est cloué au sol. « Il semblerait que ce contrat ait été établi à travers une société inscrite dans un paradis fiscal », a lancé Anouar Maârouf.
Ainsi, les soupçons de la centrale syndicale contre le ministre « qui cherche à instrumentaliser cette affaire » semblent confirmés par le plan de restriction. Ce plan qui prévoit une retenue de 50% des salaires du personnel de Tunisair détaché à l’étranger.
61% de l’effectif pourrait passer à la trappe
En outre, selon M. Ben Miled, la masse salariale des employés dans les représentations de Tunisair à l’étranger est estimée, chaque année, à 11 MDT. Et ce, contre le triple pour les « locaux » travaillant dans ces mêmes agences.
De plus, le syndicat n’a pas été « consulté » sur « la manœuvre ». Et n’a été averti qu’une fois la décision prise; ce qui serait donc « illégal ». Dixit le secrétaire général adjoint de la Fédération générale du Transport.
Rappelons qu’avant le début de la crise sanitaire, le PDG de Tunisair, Elyes Mnakbi, estimait que la compagnie devrait licencier 4800 employés. Soit 61% de son effectif total de 7800 personnes; afin de retrouver son équilibre financier.