La croissance de l’économie des pays du Maghreb a nettement ralenti selon le dernier rapport sur la région Maghreb-Moyen-Orient du Fonds monétaire international (FMI).
Si les tensions commerciales mondiales offrent une clef d’analyse, l’organisation financière internationale pointe la défaillance des pays concernés en matière de gouvernance publique et de gestion de leur dette. Aujourd’hui, pour les pays du Maghreb, la sortie du sous-développement passe par l’autosuffisance agricole. Celle-ci suppose la modernisation de l’agriculture et des techniques agricoles. En outre, elle nécessite la modernisation de l’appareil industriel et l’entrée dans l’économie numérique et l’adoption des nouvelles technologies.
De fait, les pays maghrébins sont toujours en quête d’un modèle de développement. La succession et la combinaison de politiques étatistes et de politiques d’ajustements structurels (ou de libéralisation de l’économie) ont échoué à sortir ces pays d’un sous-développement. C’est ce qu’indique bien le faible niveau du PNB annuel par habitant.
Outre le cas de la Libye, la croissance du Maroc (+2,7 %), de l’Algérie (+2,6 %) et de la Tunisie (+1,5 %) ne sont pas assez fortes. Elles ne peuvent assurer la relance de l’économie du pays et satisfaire la demande d’emploi des nouvelles générations.
Pourtant la stimulation de la croissance et de la création d’emplois pourraient se concrétiser si les acteurs étatiques concernés empruntaient une voie connue de tous. Cependant, elle est ignorée de chacun, faute de volonté/courage politique : l’intégration régionale.
C’est le FMI lui-même qui préconise une plus grande ouverture au commerce intra-régional de biens et de services. Ceci permettrait de créer un vaste marché qui rendrait la région plus attrayante pour les investisseurs. Cette ouverture lui permettrait aussi, à long terme, d’augmenter sa croissance à un point de pourcentage.
Réalité paradoxale !
Or la réalité est toujours aussi paradoxale: les pays de la région Maghreb commercent moins entre eux, qu’avec le reste du monde. Pis, les échanges intra-régionaux représentent moins de 5% du total des échanges des pays.
Une coquille vide l’Union du Maghreb arabe (UMA) représente aujourd’hui cette situation. Pour rappel, l’UMA créée le 17 février 1989 à Marrakech par les cinq États d’Afrique du Nord: l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie.
Inspiré du modèle de la Communauté économique européenne, le traité de Marrakech entendait réaliser une “Union d’États”. Même si l’objectif visé est pour le moins équivoque.
Entre le modèle confédéral soucieux de la souveraineté des États membres et l’interprétation “unioniste” du colonel Kadhafi, la question est restée indécise jusqu’à ce que la réalité pratique retienne la version minimaliste.
En réalité, derrière l’idée pan-maghrébine, supranationale et de fédéralisation qu’évoque le mot “Union”, transparaît plus modestement la volonté d’adopter une politique commune. Et cela, par la voie classique de la coopération intergouvernementale en matière économique, militaire, scientifique, technique…
Etablir un marché commun
L’intégration économique maghrébine devait se renforcer sur la base d’un marché commun. Celui-ci établi progressivement par la libre circulation des biens et des services, des capitaux et des hommes. Ce marché commun devait être complété par la création d’une banque maghrébine d’investissement et des projets d’infrastructures pan-maghrébins.
Le colonel Kadhafi a défendu un projet plus audacieux (unioniste). Ce projet qui répondait aux aspirations unitaires des peuples arabes, a été écarté. Reste que la création de l’UMA visait de faire entrer le Maghreb dans le jeu (libéral) de la mondialisation. Et ce, avec des objectifs aussi ambitieux que l’intégration économique des pays membres. Et cela, par l’augmentation des échanges et les investissements intra-communautaires, le règlement des conflits internes. Mais aussi par la promotion du développement de la région et l’amélioration du niveau de vie des populations.
Portée par une dynamique pan-maghrébine, l’UMA a vite été dépassée par les tensions interétatiques entre ses membres. Toute intégration régionale suppose une cohésion politique entre États. Toutefois, l’organisation s’est heurtée dès sa création aux différends entre ses membres créateurs. L’UMA a été victime des dissensions entre l’Algérie et le Maroc. Il s’agit notamment du conflit du Sahara occidental et “la guerre des sables” de 1963, de la persistance du différend sur le tracé des frontières algéro-libyennes et de l’embargo imposé à la Libye à partir de 1992.
Entre coquille vide et machine à illusions, l’UMA ne pouvait poursuivre ses objectifs. Quand ses créateurs étaient responsables de sa paralysie politique et institutionnelle depuis 1994…
Mais qui est responsable de cette situation de désunion du Grand Maghreb (sans évoquer l’arabisme, car la composante amazigh est très importante)?
A mon avis c’est la politique de division que mène l’Algérie depuis 40 ans qui est responsable de cet effritement.
Les dirigeants algériens depuis Boumédienne ne cessent de demander l’indépendance du Sahara occidental qu’il appellent la RASD. or le Grand Maghreb n’a pas besoin d’un 6ème état.
Les dirigeants algériens veulent ignorer sciemment les changements géo-stratégiques survenus dans le monde depuis la dislocation de l’URSS et continuent à penser en termes “révolutionnaires” devenus caducs à notre époque de mondialisation.
Le rêve des peuples maghrébins à l’union (ou au moins à la coopération) se trouve brisé par les faux calculs des dirigeants algériens.