Quand la liberté devient tout et n’importe quoi. Dérégulations, dérives, perte de prestige, perte de repères, et on pourrait encore allonger la liste.
On a beaucoup dit et écrit qu’il fallait en finir avec cette idée du père, du guide éclairé, du sauveur. On doit bien se rendre à l’évidence, que jamais ce besoin n’a été aussi pressant qu’en ces moments difficiles que traverse le pays. Et ce n’est pas diminuer quoi qu’on dise du mérite de l’actuel locataire du Carthage dont le mandat touche à sa fin.
Pourtant, au lendemain de la présidentielle de 2014, on a bien cru un instant que le candidat Essebsi allait être l’homme de la situation, avant de découvrir le pot aux roses. Et depuis, le pays n’a fait que s’enfoncer. Alors, forcément, on repense à l’homme providentiel, au grand manitou, au sorcier, à l’homme d’Etat.
Plus de Bajbouj, et à la place, un discrédit énorme. Un homme d’Etat qui pourrait siffler la fin de la récréation. Mais homme d’Etat, c’est quoi au juste ?
Est homme d’Etat celui qui, face aux désordres publics, introduit un ordre et une rationalité. Est homme d’Etat, celui qui instaure et qui régule. Voilà pour la définition.
Avez-vous vu quelque part un homme politique tunisien de cette trempe dans la salle ? Autre question : est-il possible de ranger l’ancien président Ben Ali dans cette catégorie ?
Je respecte bien sur l’avis de ceux qui disent que si l’ancien président est bien sorti de sa caserne, il n’est pas devenu pour autant un homme d’Etat prometteur.
On peut toutefois s’interroger : où était le pays au moment de la prise de pouvoir de ce dernier ? Et comment juger la situation aujourd’hui ?
Si je devais le faire, je répondrais, sans l’ombre d’une hésitation, un pas en avant et mille pas en arrière. Et pour que le pays se retrouve par exemple dans la situation du Yémen, il ne faudrait plus attendre un siècle ; et ce n’est pas trop dire.
En fait, pour décrire la situation actuelle, il n’y a qu’un seul mot : décomposition. Lente, mais sûre. Une décomposition que je pourrais résumer par cette fameuse réplique de Rached Ghannouchi à des salafistes impatients, que ni l’armée, ni l’intérieur, n’étaient encore sûrs. Depuis, quel chemin ! Et rien ne dit que 2019 ne sera pas un remake de 2014.
Les Tunisiens ont bien vu ce que la coalition Ennahdha-Nida Tounes a donné au pays. Par conséquent, il leur appartient d’y réfléchir à deux fois, avant de reconduire une seconde coalition du type Ennahdha – Tahya Tounes
Trop beau pour les nahdhaouis pas du tout pressés et qui font entièrement confiance au facteur temps…Et puis, tant qu’il y aura un sorcier à Montplaisir…regardez comment
La France a accueilli l’autre jour le cheikh-professeur ! A Paris, on a ouvert grand les bras au fossoyeur de l’Etat républicain au nom d’une diplomatie dite populaire et qui fait ombrage…Marianne s’en retournerait ; diviser pour régner comme dit l’adage.
Vous me direz, à qui est la faute ? Je répondrais, sans doute à cette conscience nationale qu’on ne reconnaît plus. A part ça, ça flambe dans les coeurs comme ça flambe dans les prix, et ça bloque de partout.
Tout va bien donc !