Trois jours de congé pour l’Aïd Al-Fitr en cette année 2019, avec ce qu’on « grattera » à la périphérie pour faire les ponts.
Est-ce bon pour l’économie ? Poser la question n’est pas criminel. Même si la question peut fâcher plus d’un.
C’est la parfaite question qui fâche. L’évoquer ne peut que déplaire à des pans entiers d’employés tunisiens. D’autant plus qu’elle concerne une fête religieuse. En parler n’est pas cependant criminel. Dans la mesure où dans la pratique, il y a un réel problème pour l’économie nationale.
Comment en effet taire ces trois jours de congés et avec eux ce que le Tunisien arrive à plus ou moins « gratter » comme heures et jours à leur périphérie. Une évidence, même si certains peuvent le nier.
Il suffit de voir Tunis, les veilles des fêtes religieuses, car le phénomène se renouvelle à l’occasion de l’Aïd El Kébir (la fête du sacrifice), pour s’en rendre compte. La circulation est beaucoup moins dense que les jours de semaine et des commerces sont fermés ou tournent bien au ralenti.
En cette année 2019, l’Aïd El Séghir (Aïd Al-Fitr) a, de ce point de vue, un visage bien particulier. Certains employés ont pris la poudre d’escampette depuis le week-end qui a précédé l’Aïd. Ils ont fait leur « pont ». Et seront tentés de poursuivre leurs vacances le week-end après.
Le vendredi, intervenant après l’Aïd, ne connaîtra pas la foule des grands jours
Est-ce si grave ? Les bureaux, cela concerne aussi bien le secteur privé que le secteur public, ne se videront pas pour autant ? Il y aura toujours du personnel. Et comme le dit le proverbe tunisien « Ely Yahdhar Y Zazy », comprenez qu’il ne faut pas s’inquiéter outre mesure et que ceux qui seront au travail feront le boulot.
Faux. Car, un travail quoi qu’il soit n’est pas l’œuvre de quelques fonctionnaires. Souvent une tâche pour être accomplie a besoin du concours de nombreuses personnes. Preuve à l’appui : nous entendons souvent un fonctionnaire nous demander de « revenir plus tard » ou « demain » parce que la personne chargée d’exécuter une tâche est en congé ou est absente.
Et puis après, le vendredi, intervenant après l’Aïd, ne connaîtra pas la foule des grands jours. Faut-il rappeler, à ce propos, que l’après-midi du vendredi est en partie chômée en Tunisie. Pour raison évidement de prière du vendredi. Sans oublier qu’une bonne partie de la journée sera consacrée aux embrassades et congratulations et… le rituel de la pause-café.
Un discours et un état de fait que l’on se doit sans doute de tempérer. Faut-il oublier que de ces pratiques, le fonctionnaire n’en est pas tout à fait responsable ? Ne sait-on pas que beaucoup de fonctionnaires sont originaires de l’intérieur du pays ?
Rareté et longue attente
Ils doivent de ce fait se déplacer dans leur famille. Et avec la qualité de notre transport suburbain, ne sont-ils pas soumis aux pires tracasseries pour ne pas dire aux exactions que sont la rareté des moyens de transport et la longue attente ? Leur accorder davantage de jours de congés est une exigence.
Ne faut-il, en outre, reconnaître que les deux Aïd (Al-Seghir et Al-Kébir) sont les seules pratiquement fêtes où tout le monde se retrouve pour passer du bon temps et approfondir les liens familiaux.
Certes, mais est-ce à dire que la question du long congé des deux Aïds ne doit pas être repensé. En fait, revu et corrigé. Des solutions peuvent exister. Comme, par exemple, accorder plus de jours pour les congés de l’Aïd et ne plus considérer comme chômées d’autres fêtes intervenant au cours de l’année.
L’occasion n’est-elle pas également idoine pour repenser la séance unique ? Une séance unique qui intervient pendant pratiquement, bon an mal an, trois mois de l’année : le Ramadan et deux mois de l’été (25% de l’année).
Une séance unique qui n’existe pas chez nos voisins : ni en Algérie, ni encore au Maroc. Une spécificité tunisienne qui fait mal quoi qu’on en dise à l’économie.
Je ne suis pas tt à fait d’accord avec vous, du moins pour la première partie. En fait, aujourd’hui c’est le fonctionnaire qui paye le grand fardeau de cette “triste et souffrante économie” d’un modèle exogène à notre situation. Malheureusement, l’Etat ne trouve pas bon d’autres solution, et ces trois jours nous pouvons les sacrifier, mais est-ce la solution?
Dans ce climat de corruption, d’évasion et de fraudes, on ne peut pas obliger les bons fonctionnaires à payer une facture qui remonte déjà aux années 80.