« La grève générale réussie à 100% « , clament les syndicalistes réunis aujourd’hui. A l’appel de l’UGTT, les fonctionnaires et les salariés des entreprises publiques se sont rassemblés jeudi devant la place Mohamed-Ali.
Une grève générale inédite touchant tous les services publics a débuté depuis ce matin. Une marée humaine réunie sur la place Mohamed-Ali scandait : » Dégage , gouvernement du FMI”, “Ghannouchi assassin” et bien d’autres slogans…
La Centrale syndicale réclame une amélioration consistante du pouvoir d’achat des citoyens et la diminution de l’inflation dans un contexte politique tendu en ce début du mois de janvier.
Syndicalistes et politiciens côte à côte
Faouzi Charfi, un des dirigeants du parti Al Massar, revient sur les augmentations des salaires, en déclarant: « La demande est légitime. Quand vous demandez des efforts à des gens, il faut demander à tout le monde et non à une catégorie de personnes ».
Il ajoute: « Les Tunisiens n’en peuvent plus. La classe moyenne est en train de s’appauvrir. Et cela creusera de plus en plus le fossé social entre les riches, les pauvres et la classe moyenne. Et ce d’autant plus que les Tunisiens n’ont pas le sentiment que ce gouvernement va au bout de ses réformes, qu’il est sérieux, qu’il ne cède pas aux chantages des politiciens et à ceux des députés ».
Jounaïdi Abdeljaoued, dirigeant du parti Al Massar se félicite de la réussite de la grève. « C’est un succès éclatant. Je pense que l’existence même en tant que force syndicale patriotique est un élément important de l’équilibre social et politique du pays », a-t-il dit.
L’UGTT ne va pas rester les bras croisés
Selon lui, l’UGTT ne va pas rester les bras croisés devant les prochaines échéances électorales. Il précise: « Le gouvernement demeure indifférent aux revendications des citoyens, mais il préfère se tourner vers le FMI. A mon avis, c’est un mauvais choix, une mauvaise orientation. Or cela fait des mois que l’Ugtt a fait des concessions et le chef du gouvernement n’a pas réagi. Et tout cela risque d’exploser ».
Samira Trabelsi, syndicaliste, affirme que sa présence d’aujourd’hui est pour les générations futures, travaillant dans le secteur de la médecine scolaire : » Il n’y a plus de médecins spécialisés, tout le monde part. Comment voulez-vous créer des élites avec des gens qui partent chaque année et un gouvernement qui n’écoute pas ? ».
Aujourd’hui, les écoles publiques, les établissements publics sont fermés, les transports en commun paralysés.
Rappelons que les fonctionnaires et les salariés des entreprises publiques représentent près d’un quart de la population active.
Il y a un an le FMI avait exigé du gouvernement, en contrepartie d’un prêt de 2,4 milliards d’euros sur quatre ans, de diminuer la masse salariale qui aurait atteint 14% du PIB et de mettre en route les réformes structurelles convenues.
Pour pouvoir investir dans le développement régional, le pays a besoin de réformes de fond, notamment dans le marché du travail et de la fiscalité.