«Tunisie – Chine: un partenariat d’avenir», tel est le thème de la 5ème édition du Tunis Forum organisé, aujourd’hui, par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprise (IACE), en présence de Mohamed Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et ministre des Finances par intérim, Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre– France, Wang Yiwei, universitaire-Renmin de Chine, Serge Degallaix, directeur de la Fondation prospective et innovation -France ainsi que plusieurs ministres et personnalités influentes de la sphère économique nationale et internationale.
La première session de Tunis Forum a tourné autour des échanges commerciaux et stratégies pays, se focalisant sur l’analyse de la situation de la balance commerciale de la Tunisie avec la Chine. Une étude réalisée par l’IACE a été, dans ce sens, présentée avec un focus sur les composantes de la stratégie de promotion de l’exportation en Chine, et ce, en se basant sur les opportunités offertes par le marché chinois d’une part, et les stratégies d’internationalisation chinoises, d’autre part.
Egalement, la nouvelle stratégie de la Chine intitulée «Nouvelle Route de la soie» ainsi que les opportunités de collaboration à acteurs multiples incluant des pays européens et africains ont été débattues.
Ils ont dit
Ahmed Bouzguenda a souligné, de prime à bord, que la Tunisie enregistre le tiers de son déficit commercial avec la Chine. Un déficit marqué par un volume des importations égal à 60 fois le volume des exportations.
Quant à la Chine, elle a su se positionner deuxième au Top 20 des pays sources des IDE, juste derrière les USA. Des IDE qui sont orientées principalement vers l’Asie avec 70% et une faible part vers l’Afrique.
M. Bouzguenda a déclaré que l’initiative de la “Route de la soie”, lancée par le Président chinois en septembre 2013, constitue une nouvelle vision de la globalisation et des relations économiques internationales. Cette immense initiative géo-économique, qui se décline en deux routes, soit une ceinture économique terrestre et une route maritime, a pour objectif de renforcer la connectivité de la Chine avec l’espace euro- asiatique ainsi que l’Afrique.
La Tunisie bénéficiant d’importants accords commerciaux avec l’Europe, d’une ouverture sur le Maghreb et l’Afrique, et une main-d’œuvre compétente et compétitive, doit trouver sa place sur cette route de la soie, et ce, via sa nouvelle stratégie d’intégration axée sur des mesures à court et long termes.
Pour sa part, Mohamed Fadhel Abdelkefi a affirmé que la Tunisie est confrontée aujourd’hui à une situation économique extrêmement compliquée avec des moteurs de croissance quasiment à l’arrêt.
Et pourtant, l’Etat a su jouer son rôle durant ces dernières années malgré le peu de moyens, et ce, en doublant le budget, ramenant des financements nécessaires, multipliant par 5 les interventions publiques, notamment dans les zones intérieures du pays…
D’où la Tunisie a pu, selon ses dires, devenir un chantier à ciel ouvert et a pu exporter vers des pays extrêmement compliqués pour se classer premier exportateur africain en excluant l’Afrique du Sud.
Pour renforcer ce positionnement de la Tunisie, comme étant une porte d’entrée pour l’Afrique, de nouvelles opportunités sont à saisir, notamment avec la Chine. Ces opportunités sont extrêmement importantes pour les deux pays. Les Chinois pourront s’installer en Tunisie et par la suite faire de la Tunisie une plateforme d’exportation vers l’Europe mais aussi l’Afrique du Nord. La Tunisie, de son côté, bénéficiera de la Route de la soie.
Avoir un partenaire tel que la Chine avec un concept win-win demeure nécessaire pour aligner les intérêts des deux parties. Ce partenariat permettra l’installation des entreprises chinoises en Tunisie, la création d’emplois pour les Tunisiens, le transfert des capitaux vers la Tunisie et l’ouverture des marchés européens mais aussi subsahariens au profit de la Chine.
Interpellé sur les perspectives de coopération entre les deux pays, Serge Degallaix a précisé qu’il y a un potentiel très important entre la Tunisie et la Chine, mais la Tunisie est insuffisamment connue dans le milieu d’affaires chinois en comparaison de l’Algérie et du Maroc.
C’est pourquoi, il y a de la pédagogie à faire pour montrer que la Tunisie dispose d’importants atouts, à savoir sa population, son éducation, sa position géographique à la jonction de l’Afrique, du monde arabe et de l’Europe, ses accords de libre-échange et une culture industrielle et entrepreneuriale qui est très importante. Ce sont des atouts qu’il est nécessaire de mettre en valeur, et ce, via des actions à mener, comme la stratégie d’intégration élaborée par l’IACE.
Quant à la Chine, M. Degallaix a fait savoir que c’est un pays qui monte, aujourd’hui, en gamme et qui cherche de nouveaux marchés et partenaires tels que la Tunisie. Et compte tenu des excellentes relations entre la France et la Tunisie, d’une part, et la Chine, d’autre part, une relation triangulaire Tunisie – France –Chine serait bénéfique à tout le monde, parce que chacun apporte ses atouts et ses avantages, permettant d’aller plus vite et plus loin grâce aux avantages complémentaires et à la confiance réciproque qui s’installera.
Revenant sur la stratégie chinoise de la Route de la soie, Wang Yiwei a précisé qu’un repositionnement de l’économie chinoise et une révision de la stratégie industrielle demeure nécessaire. Pour ce faire, la Chine a lancé le projet de la nouvelle Route de la soie, un maillage d’infrastructures diverses pour faire émerger un empire commercial sur l’ensemble des continents et pour cela, elle s’est dotée d’un bras financier, qui n’est autre que la Banque Asiatique d’Investissement pour les infrastructures.
Cette stratégie est basée sur la globalisation inclusive pour un intérêt mutuel entre plusieurs pays, et ce, en se basant sur l’industrialisation et le renforcement de la connectivité de la Chine avec l’espace euro- asiatique ainsi que l’Afrique.
Dans ce cadre, la Chine a opté pour la création d’une nouvelle connectivité avec de nouveaux partenaires, à savoir les USA et l’Afrique, la réalisation de plusieurs projets en coopération avec le PNUD, la signature des accords de partenariat avec l’Europe, notamment l’Italie, Lisbonne et les USA, et ce, dans le cadre de la reconstruction de la Route de la soie.
Par conséquent, la Chine est devenue le centre de l’économie du monde en se concentrant sur l’effet gagnant-gagnant et le concept de partenariat d’intérêt mutuel pour devenir une sorte de grande porte pour le développement économique.
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