La bataille est encore délicate. La législation tunisienne actuelle punit la victime, mineure, et récompense le violeur. Aujourd’hui, l’adolescente de 13 ans qui épouse son violeur met en lumière les violations des droits de l’enfance. De ce fait, l’article 227 bis doit être abrogé. Telles sont les demandes récurrentes des organisations de défense des droits de la Femme, mais aussi celles de certains députés.
Le projet de loi sur la violence à l’égard des femmes est en cours de discussions à l’ARP, notamment à la commission des droits et libertés, affirme Bochra Belhaj Hamida. Elle déclare: “Nous essayons d’obtenir l’abrogation de la mesure qui permet à un violeur d’épouser sa victime. C’est inadmissible. Il est clair que le chemin est encore long”, soupire-t-elle.
Et de poursuivre: “Certains députés sont pour l’abrogation mais la plupart ne se prononcent pas”.
Mme Bel Haj Hamida déclare également: “On a décidé de réfléchir et de prendre du temps. Espérons qu’on finira par trouver un terrain d’entente. Le mariage est une institution qui permet aux jeunes qui le souhaitent de vivre ensemble. Le mariage ne peut être imposé, c’est anticonstitutionnel et contraire à la morale et une grave atteinte aux droits de la femme. Or pour ceux qui veulent présenter le mariage comme étant une forme de réparation ne se rendent pas compte que c’est humiliant pour la femme et contre la Constitution mais plus que jamais contre l’Etat de droit”.
Les discussions reprennent jeudi. La loi du silence reste la règle mais il est grand temps de lever le voile sur l’ampleur des abus commis.