Comment nos jeunes jugent-ils la situation du pays ? Quelles sont leurs préoccupations? C’est autour de ces questions que SIGMA et la fondation Konrad Adenauer ont organisé jeudi 24 novembre une conférence-débat sur le thème : “Être jeune en Tunisie aujourd’hui et demain”.
Être jeune aujourd’hui c’est être confronté à la problématique de l’emploi, à la tentation de l’émigration, à l’immigration clandestine, aux fléaux de l’extrémisme, à la violence…
Selon le sondage de Sigma, 70% des jeunes de 18 ans à 35 ans estiment que la Tunisie est sur la mauvaise voie et que la situation s’est détériorée par rapport à leurs attentes de la révolution.
“L’évaluation de la situation actuelle et le moral en berne des jeunes Tunisiens découlent de la précarité ambiante et de la difficulté à accéder à l’emploi, principale préoccupation des jeunes“, souligne Hassen Zargouni, directeur de Sigma Conseil, qui ajoute que 68% des préoccupations des jeunes concernent précisément l’emploi .
D’après lui, les jeunes d’aujourd’hui ne sont plus disposés à patienter. Or, si la grande majorité porte un regard critique sur la situation actuelle, quoi que l’on dise la jeunesse reste le plus bel âge. Pour autant, 49% des sondés rencontrent plusieurs difficultés dans leur vie quotidienne, soit à travers la marginalisation, relation conflictuelle avec les agents de l’ordre, la drogue, la violence… “Ces jeunes ont un problème de valeurs et d’identification“, renchérit le responsable de SIGMA.
Contre toute attente, alors que l’accès à l’emploi semble être la principale préoccupation des jeunes, 55% d’entre eux déclarent percevoir le travail comme une contrainte, juste pour subvenir à leurs besoins, et non pas comme un vecteur d’épanouissement. Ils sont contredits par 18% des sondés.
Au final, l’enquête montre que le travail n’est pas érigé en tant que valeur émancipatrice, mais “travailler pour gagner de l’argent seulement”, précise-t-il, en poursuivant: “C’est à la famille et à l’école de montrer en quoi le travail est une valeur en soi. Aujourd’hui, on n’apprend pas assez à l’école l’importance de la valeur travail”.
Quant à la perception des responsables gouvernementaux sur la jeunesse, 3%seulement des jeunes estiment que les politiciens s’intéressent à eux encore moins à leurs préoccupations. Le problème est lié à un manque total de vision que les jeunes perçoivent chez les politiques.
De son côté, Hardy Ostry, représentant de la coopération internationale à la fondation Konrad Adenauer Stiftung, soutient que les résultats sont ambigus car ils reflètent la déception des jeunes vis-à-vis de la politique, notamment après le 14 janvier 2011.
Il précise dans ce contexte: “Nous sommes à quelques jours de la Conférence internationale sur l’investissement. Il est très important d’investir dans la jeunesse. Aujourd’hui, le rôle de l’Etat a changé. L’Etat ne doit pas tout assurer. L’Etat peut contribuer à l’encadrement et à la création d’un cadre propice à l’innovation et à la création de projets“. Et d’ajouter: “Si on veut que la Tunisie avance sur les voies économique et sociale, il va falloir motiver et mobiliser les jeunes“.
Il conclut : ” Il n’empêche que les jeunes doivent se prendre en main et ne pas hésiter à s’engager dans le développement du pays. Nous soutenons les jeunes à travers des micro-projets. Le potentiel est là. Mais les jeunes ont besoin d’encadrement et d’accompagnement pour se développer et être plus dynamiques. Les jeunes d’aujourd’hui ont besoin d’espoir”.
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