L’année 2016 suscite de grandes inquiétudes pour l’économie globale. Les révisions successives à la baisse des prévisions de croissance, les turbulences sur les marchés financiers et l’incertitude sur les marchés des matières premières et particulièrement celui du pétrole sont autant de motifs d’appréhension. Quelques éléments sur les facteurs de fragilité de l’économie globale…

La crise financière sur les marchés chinois a fini par convaincre ceux qui avaient des doutes sur la fragilité de l’économie mondiale. En effet, l’année a commencé par d’importantes turbulences sur les marchés financiers chinois qui ont amené les autorités à les fermer pour restaurer la stabilité et l’ordre. Des turbulences qui sont significatives de la nervosité des pays émergents et de l’économie mondiale en général en ce début d’année.

Les grandes institutions internationales, notamment la Banque mondiale et le FMI, ont revu en ce début d’année leurs prévisions de croissance à la baisse. La croissance mondiale ne dépassera pas un taux de 3%, soit un des taux les plus bas depuis la grande crise financière de 2008 et 2009. Un taux que beaucoup d’autres experts considèrent comme optimiste et qui pourrait par conséquent être encore revu à la baisse. Clairement, la croissance mondiale sera fragile lors de l’année qui commence et des économies comme la nôtre doivent trouver en leur sein les ressorts d’une croissance nécessaire pour résorber le chômage et permettre la réalisation des revendications de la révolution.

Trois facteurs sont à l’origine de cet excès de fragilité de l’économie mondiale au cours de cette année. Le premier est relatif au changement de politique monétaire américaine, entamée depuis quelques semaines. Ce changement met fin à la politique monétaire expansionniste mise en place par la FED pour faire face à la crise financière de 2008 et 2009. Cette politique a été beaucoup critiquée par certains car elle a favorisé la formation d’une nouvelle bulle financière. Pour d’autres, elle a été à l’origine d’une baisse du dollar et a dopé la compétitivité de l’économie américaine par rapport à d’autres pays, notamment les économies émergentes qui ont connu une hausse de leurs taux de change suite à un afflux de capitaux extérieurs en quête de placements. Mais, en dépit de ces critiques, cette politique expansionniste associée à une politique de relance budgétaire a contribué à un retour de la croissance américaine avec une nette amélioration de ses performances sur le front de l’emploi.

Or depuis des mois, beaucoup criaient au loup et mettaient l’accent sur le risque inflationniste pour demander la fin des politiques monétaires expansionnistes aux Etats-Unis. La FED avait beau résister et poursuivre ses choix monétaires pour éviter l’essoufflement de la croissance, elle a fini par céder sous les pressions et opérer un virage de sa politique monétaire avec un relèvement de ses taux. Or, ce qui était demandé à cor et à cri depuis quelques mois va devenir une nouvelle source d’inquiétude. D’ores et déjà, certaines institutions et quelques experts qui avaient demandé le relèvement des taux américains, soulignent aujourd’hui qu’il sera à l’origine d’une baisse de la croissance mondiale et de sa plus grande fragilisation. On estime aujourd’hui que ce relèvement des taux d’intérêt américains se traduira par une baisse de la croissance mondiale au cours de la nouvelle année de 0,4%. Des estimations qui montrent qu’en dépit du recul de l’Oncle Sam dans l’économie mondiale, il garde une grande influence et que sa dynamique continue à imprégner le reste du monde.

Le second facteur de fragilité de l’économie globale concerne l’essoufflement de la croissance des émergents. Il s’agit d’un développement important sur la scène globale dans la mesure où ces pays ont porté la croissance mondiale au lendemain de la crise financière globale. Or, ces dynamiques ont connu un coup d’arrêt dans la plupart des pays à l’exception de l’Inde qui maintient une cadence relativement élevée qui devrait se situer autour de 7% cette année. Le Brésil est embourbé dans une crise politique profonde liée à une importante affaire de corruption qui a touché un grand nombre de responsables du Parti du travail au pouvoir depuis plusieurs années et qui est à l’origine d’une tentative de destitution de la présidente Dilma Roussef.

Par ailleurs, la Russie connaît les effets d’une chute profonde des cours des matières premières et particulièrement du pétrole et du gaz qui sont à l’origine de l’entrée dans une grande récession. Reste la Chine qui enregistrera cette année une croissance annuelle de 6%. Mais, cette croissance, certes importante, sera incapable d’absorber la nouvelle main-d’œuvre sur le marché du travail. Ainsi, les émergents ne sont pas au mieux de leur forme ces dernières années et on estime que la réduction d’un point de croissance dans ces pays sera à l’origine d’une baisse de la croissance globale de 0,4%.

Le troisième facteur de fragilité pour l’économie mondiale concerne la baisse des cours des matières premières et particulièrement du pétrole du fait de la baisse de la demande mondiale et particulièrement celle des pays émergents. Cette tendance se confirme de plus en plus pour s’inscrire dans la durée et devenir un élément structurel de l’économie globale. Or, si elle représente une évolution positive pour les pays importateurs de matières premières, cette chute des cours a des effets négatifs sur la demande mondiale du fait de la baisse de la demande en provenance des pays exportateurs.

Ainsi, le changement de politique monétaire de la FED, l’essoufflement de la croissance des pays émergents et la chute des cours des matières premières constitueront, tout au long de l’année en cours, des sources de fragilité pour la croissance globale. Cette fragilité doit amener des pays comme le nôtre à trouver en lui-même ses propres ressorts de croissance, notamment dans la relance de l’investissement afin de porter la croissance économique.