Depuis la découverte du virus Ebola en 1976, la recherche s’est penchée sur la question du traitement de cette maladie. Jusqu’à présent, des traitements et vaccins expérimentaux potentiellement efficaces ont été mis au point. Toutefois, leur efficacité sur l’homme n’est pas encore avérée. Dans ce contexte particulier de flambée de cette maladie depuis quelques mois, il devient impératif de déterminer comment se protéger du virus Ebola et comment traiter les patients contaminés.
Devant l’incapacité des méthodes classiques à contrôler l’épidémie, qui jusqu’à la date du 31 août a fait 3.685 victimes et entraîné le décès de pas moins de 1.841 personnes, le recours à des méthodes non encore approuvées pourrait faire la différence.
En tête de liste le ZMapp, testé gratuitement sur quelques patients, a permis leur guérison. Ce médicament conçu par la société Mapp Biopharmaceutical’s est une combinaison de trois anticorps qui ciblent et se lient de manière élective à une protéine spécifique du virus Ebola, permettant de neutraliser le virus. Cependant, l’espoir de trouver un traitement efficace se heurte à l’incapacité de la société américaine à fournir le médicament en quantités suffisantes pour pouvoir contrôler la maladie.
D’autres molécules sont encore à l’essai, à savoir le Favipiravir ( Toyama Chemicals), mais également le BCX4430 (Biocryst), dont l’efficacité est estimée entre 83 et 100 % sur les rongeurs, et qui devront être expérimentées chez le singe très prochainement.
Sur ce sujet, le Pr Samba Sow du centre de développement des vaccins à Bamako, au Mali, explique qu’« un comité va se réunir, incluant des personnels de santé locaux, pour établir des protocoles d’essais cliniques. Il s’agit de traitements très expérimentaux, il faudra donc les utiliser dans les cas graves, avec des formulaires de consentement rédigés dans toutes les langues locales ».
L’OMS a par contre autorisé la transfusion de sang provenant de patients guéris et les sérums dits de convalescence. Le Dr Marie-Paule Kieny, sous-directeur général de l’OMS, explique qu’« actuellement, des transfusions sanguines faites à partir de donneurs convalescents sont déjà employées dans les centres de soins. Le plasma de convalescent et la transfusion sanguine doivent être considérés comme des priorités. » Cette méthode a expérimenté avec succès sur neuf patients, à l’occasion de l’épidémie Ebola de Kikwit, en République Démocratique du Congo en 1995.
Le traitement repose sur le fait que les individus contaminés par le virus Ebola produisent naturellement des anticorps, afin de lutter contre la maladie. Le sang contenant les anticorps des patients guéris, une fois transfusé aux malades devrait permettre de booster le système immunitaire de ces derniers.
A cet effet, Dr Marie Paule Kieny ajoute :« Nous avons convenu que les thérapies de sang total peuvent être utilisées pour traiter le virus Ebola et tous les efforts doivent être investis pour aider les pays infectés à les utiliser. Il y a une réelle opportunité qu’un produit dérivé du sang soit utilisé maintenant et cela peut être très efficace en termes de traitement des patients. (…) Il y a aussi beaucoup de gens maintenant qui ont survécu et se portent bien. Ils peuvent fournir du sang pour traiter les autres personnes qui sont malades. »
Deux essais cliniques de deux vaccins protégeant contre le virus Ebola sont sur le point d’être entamés, une autre alternative pour tenter de contrer cette épidémie sans précédent.