L’Observatoire National de la jeunesse, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux et le Social Science Forum se sont mobilisés pour l’élaboration d’une étude intitulée « l’école aux yeux des parents » dont les résultats préliminaires ont été annoncés aujourd’hui, 11 novembre lors d’une conférence de presse. Cette étude présente les résultats primaires d’un travail effectué sur terrain du 1er au 30 septembre 2015 par 27 enquêteurs sur terrain et 7 contrôleurs régionaux qui ont travaillé sur un échantillon de 2000 personnes sur les 24 gouvernorats de la Tunisie.
Interpellé par leconomistemaghrebin.com sur les raisons pour la quelle l’étude a été menée, le sociologue Abdelwahab Hfaiedh a indiqué que les trois organismes font partie de la société civile et comprennent très bien l’importance de la participation dans les efforts de la réforme de l’enseignement en Tunisie. Ils se sont rendu compte de l’absence des parents du processus de la réforme de l’enseignement. « L’existence d’une évaluation sous un nouvel angle à savoir celui des parents est une chose nécessaire et importante à la fois » estime-t-il.
L’étude s’est focalisée sur 7 axes, à savoir : les conditions de la rentrée scolaires, les réactions des gens avec le dialogue sociétal pour la réforme du système éducation, les dépenses des familles sur l’enseignement, l’éducation civique, la vie scolaire, et la déscolarisation. Nous nous sommes focalisé dans cet article sur les trois premiers volets.
Comment l’année scolaire a démarré ?
73,3% des interrogés estiment que l’année scolaire a démarré comme prévue sans entraves et sans problèmes, 17,2% estiment que des cas de retard ont été souvent enregistrés. 6,6% estiment que le retard est justifié par le manque de corps enseignant ou la réduction du nombre d’heure. L’intervenant a indiqué que ce constat a été fait dans les zones rurales qui devraient être considérées comme des zones prioritaires. 1,8% ont répondu que la rentrée scolaire a été retardée à cause de l’absence des élèves. Cette absence est due au fait du non achèvement des travaux d’un certain nombre d’école.
En ce qui concerne le phénomène de l’absence du corps enseignant : 43% des interrogés estiment que l’absence du corps enseignant est un cas rare, 9% estiment que c’est un cas très rare, et 30% estiment que c’est un phénomène très récurrent. Le sociologue a indiqué que le ministère de l’Education est appelé à ouvrir ce dossiers.
Le dialogue sociétal sur le système éducatif aux yeux des parents
A la question « as-tu participé au dialogue sociétal sur la réforme du système éducatif ? » , 27,6% ont répondu par oui et 72% ont répondu par non. En ce qui concerne ceux qui ont répondu par la négative, 63,9% disent qu’ils n’étaient même pas informés par l’existence de ce dialogue et 19,5% affirment qu’ils ne sont pas intéressés par le sujet. Dans ce sens, l’étude indique que 1 sur 5 des parents ont suivi les processus du dialogue. L’étude indique qu’un taux bas qui ne dépasse pas le 3% n’a pas confiance dans le ministère de tutelle raison pour laquelle, Abdelwahab Hfaiedh affirme que le ministère doit exploiter la confiance des parents et travailler un peu plus sur la communication. D’ailleurs 65% estiment que le ministère ne s’est pas montré à la hauteur dans la communication au sujet du dialogue national ce qui n’a pas permis aux parents d’élèves de comprendre ses enjeux et ses objectifs. A la question as-tu visité une école pendant le mois de l’école ? 43% ont répondu par l’affirmatif et 58% par la négative.
87% des interrogés ont affirmé qu’ils sont prêt à contribuer aux efforts pour la restauration des écoles contre 13% qui ne le sont pas. Ces chiffres expliquent bel et bien l’enthousiasme des parents et des élèves pour le volontariat. Cependant une chose est sûrs, les parents d’élèves demeurent catégoriques et refusent les grèves menées par les enseignants et élèves. 80,3% disent qu’ils sont contre et 19,7% disent qu’ils sont pour. 72% des interrogés sont favorables au prélèvement sur salaires des grévistes et 28% sont contre. Pour ce qui de la réussite systématique des élèves 78% des interrogés estiment qu’il est mauvais et très mauvais.
Les dépenses pour l’enseignement
Ce volet a pris en considération trois aspects à savoir : les fournitures scolaires, les cours particuliers, les activités en dehors de des établissements scolaires, le foyer et la nourriture. D’après l’étude, 56,9% de l’échantillon de l’école primaire et 80% du secondaire estiment qu’ils dépensent plus que 100 dinars pour les fournitures scolaires (déclarations des parents). Le sociologue a commenté ce résultat par la flambée des prix et la concurrence du secteur privé dans la production des livres scolaires et parascolaires : « la légende de la gratuité de l’enseignement n’est plus d’actualité » indique-t-il.
Pour ce qui est des dépenses pour les cours particuliers , il ressort des déclarations des parents que 11,2% qui ont des enfants à l’école primaire et 20% des parents qui ont des enfants au secondaire dépensent plus de 100 dinars pour un seul enfant pour les cours particuliers et 64% qui ont des enfants à l’école primaire et 44,2% des parents qui ont des enfants au secondaire dépensent de 50 dinars par mois pour chaque enfants . Concernant les activités en dehors des établissements scolaires, il s’est avéré que 79,3% de l’échantillon à l’école primaire et 73,9% au secondaire dépensent mois de 50 dinars pour chaque élève. Pour ce qui est de la problématique du foyer, 80% de l’échantillon dont les enfants sont inscrit à l’école primaire et 65.1% de l’échantillon dont les enfants sont inscrit au secondaire affirment qu’ils dépensent mois de 50 pour chaque enfants. De même l’étude a relevé l’émergence de nouvelles nécessités dans le marché de la consommation à l’instar de l’ordinateur 51% des interrogés disposent d’ordinateur contre 49% qui ne disposent pas et 56,8% sont connecté à l’internet.