Les entreprises publiques de transport n’ont cessé au fil des années de cumuler les déficits et de faire l’objet d’actions d’assainissement à répétition. Pour résoudre cette problématique structurelle, le ministère de tutelle a engagé une action de diagnostique qui a abouti à l’élaboration d’une stratégie visant non seulement l’assainissement de ces entreprises, mais surtout leur retour à une activité économique saine et équilibrée sans risque de rechute.
Cette nouvelle approche de gestion a été le thème du « premier colloque des gestionnaires des entreprises publiques de transport » qui s’est tenu aujourd’hui 11 novembre au siège de l’IACE, auquel ont été invitées toutes les parties prenantes : administration centrale, entreprises publiques de transport et organisations nationales impliquées dans ce secteur d’activité.
Ce colloque, qui est le couronnement de la démarche entreprise par le ministère du Transport pour restructurer le secteur, a vu la participation de 80 gestionnaires de l’administration centrale et des entreprises publiques concernées qui étaient présents pour débattre de l’avenir de ces entreprises.
Les participants au colloque ont eu à débattre de :
- La nouvelle approche gouvernementale pour les entreprises publiques de transport;
- Le nouveau rôle des conseils d’administration des entreprises publiques et des administrateurs;
- Les critères de nomination des administrateurs des entreprises publiques;
- La présentation de la situation financière et des grandes lignes de restructuration des entreprises publiques du secteur : TRANSTU, SNTRI, STS, SORETRAS, CTN, TUNISAIR, SNCFT et STAM.
M. Chiheb Ben Ahmed, ministre du Transport, a présenté dans son allocution d’ouverture du colloque la stratégie à mettre en œuvre, ses objectifs et les résultats du diagnostic réalisé qui permettront au prochain gouvernement de disposer d’un état des lieux exhaustif avec des pistes de restructuration pour le secteur du transport.
La stratégie du ministère de tutelle vise la mise en œuvre d’une bonne gouvernance des entreprise publiques endettées, à travers leur restructuration. Elle adopte une nouvelle vision par la mise en œuvre d’un nouveau modèle économique pour ces entreprises du secteur du transport. Ce secteur représente 8,5% du PIB national, 11% des investissements réalisés et fournit 140.000 emplois directs. A elles seules, les 26 entreprises publiques de transport emploient 40.000 personnes.
Le diagnostic réalisé a touché la composante logistique pour le commerce extérieur, la restructuration des entreprises publiques, la sécurité et le volet social. Il a de même révélé l’incapacité financière des entreprises à payer leurs dettes, notamment vis-à-vis des fournisseurs publics et des caisses sociales, ce qui handicape leur développement futur. Ces entreprises ont cumulé 1400 millions de dinars de déficit et les opérations d’assainissement dont elles ont fait l’objet étaient conjoncturelles et non structurelles. Cette situation est le coût de la non-décision politique d’avant la révolution.
Pour assurer la pérennité à ces entreprises publiques, il s’avère nécessaire de mobiliser un financement de l’ordre de 1000 millions de dinars, une restructuration avec classification des entreprises et une approche spécifique à chacune d’elles. Un tel effort n’est pas possible sans une implication et un partenariat public privé (PPP) à travers la création de mécanismes appropriés tels que la création d’un fonds de retournement et un fonds d’impact.
Le secteur pour se développer doit créer de la valeur ajoutée et faire des entreprises publiques de transport un moteur de développement à travers une bonne gouvernance et la modernisation des structures de gestion. C’est ainsi que la nouvelle approche recommande la séparation entre la fonction de directeur général de l’entreprise et de président du conseil d’administration de l’entreprise publique.
Le rôle du PDG doit se limiter à la gestion de l’entreprise alors que le conseil d’administration doit avoir les pouvoirs nécessaires pour assurer un rôle de contrôle, de surveillance administrative, financière et assumer la responsabilité de cette mission. Ce conseil doit être assisté par des comités techniques spécialisés et les membres qui le composent doivent être nommés selon des critères rigoureux qui prennent en compte la spécificité de chaque entreprise.
La première séance du colloque a vu la présentation du cas de TUNISAIR alors que la deuxième partie a été consacrée à un atelier de travail sur les critères de nomination et d’évaluation des administrateurs.