En Tunisie, la période de la haute lactation s’étend de mars à juillet, période où la production atteint son apogée. Elle constitue une période difficile car cette surproduction de lait ou production maximum ne trouve pas toujours preneur et se traduit par des difficultés d’écoulement, d’autant que les centrales laitières, même en travaillant a plein rendement, ne peuvent y faire face facilement.
A cela s’ajoute l’exigence réglementaire qui exige de soumettre le produit après son industrialisation, à une période de stabilité d’au moins 10 jours, afin de réaliser les analyses nécessaires.
Cette année, et en attendant l’entrée en activité de la centrale laitière de Sidi Bouzid, les producteurs sont contraints de jeter leur surproduction de lait.
Face à cette situation, une réunion urgente s’est tenue le 02 avril au siège de GIVLAIT (Groupement Interprofessionnel des viandes rouges et du lait), pour débattre de la situation de la filière, avec la participation de représentants de GIVLAT, de l’UTAP (Union tunisienne de l’agriculture et de la pèche), de la Chambre nationale des centres de collecte de lait et de la Chambre syndicale nationale des producteurs du lait et dérivés.
Le communiqué diffusé après cette réunion a mis l’accent sur la situation critique que traverse la filière dans cette période de haute lactation, se traduisant par une surproduction de lait, à laquelle les centrales laitières n’arrivent pas à faire face, obligeant les producteurs à jeter leur production quotidienne. Cette situation catastrophique menace d’écroulement, si rien n’est fait, toute la filière, avertit le communiqué.
Le communiqué ajoute que les mécanismes mis en place pour faire face à de telles situations, comme le stockage, le séchage, l’exportation régulière, n’ont pas été mis en œuvre. En effet, la priorité a été donnée, ajoute le communiqué, au stockage, sans penser au mécanisme de l’exportation et à l’encouragement de l’activité de séchage.
Le communiqué ajoute que les professionnels, face à cette situation, appellent les parties concernées à :
- Exploiter au maximum la capacité de séchages des unités installées, en régularisant la situation des dossiers de séchage du lait pour les années 2011, 2012 et 2013 et mettre en place une base de travail pour l’année 2014;
- Adopter un programme d’exportation d’urgence sur cinq années, pour exporter 15 millions litres de lait par an, afin de permettre aux entreprises exportatrices de réaliser à temps, la prospection des marchés et la conclusion de contrats;
- Délimiter les responsabilités pour ce qui est des quantités de lait qui seraient détruites.
Il est à noter que la filière laitière se porte bien et pourrait mieux répondre aux besoins du pays, si tous les mécanismes de régulation sont exploités avec plus d’efficacité, en renforçant notamment la capacité des centrales laitières et en optant franchement pour le séchage, en vue d’absorber les excédents et la surproduction et de couvrir nos besoins en poudre laitière destinée à l’industrialisation des dérivés du lait.
De même, il est vital pour la filière d’encourager l’exportation, via les circuits légaux et conventionnels, surtout, vers la Libye, pays voisin qui absorbe, clandestinement, une bonne quantité du lait tunisien.