En ces temps difficiles de lutte contre la crise de la Covid-19, le leader mondial des technologies de l’information et de la communication, Huawei, a fait un pari gagnant sur l’utilisation de la technologie afin de soutenir le gouvernement tunisien ainsi que tous les Tunisiens dans cette lutte acharnée. Une aide aussi bien technologique que médicale et qui a été d’un grand secours et d’une efficacité incontestable dans cette bataille sanitaire.
Spark Zhang, Directeur général de Huawei, en révèle les contours indiquant au passage les tenants et les aboutissants de cette aide sur fond d’un optimisme indubitable pour un avenir brillant. C’est, dirait-on, la marque de fabrique d’une multinationale en plein essor dont la responsabilité sociale n’est pas la moindre de ses valeurs. Interview.
L’Economiste Maghrébin : Un des enseignements majeurs de la crise de la Covid-19 est le renforcement du rôle social des entreprises. Quelle a été la stratégie de Huawei en la matière ?
Spark Zhang : La première chose qui nous est venue à l’esprit est de nous interroger sur ce que nous pouvions faire pour nos clients. Et ensuite, que pouvions-nous faire pour le pays ? Il est vrai qu’en tant que multinationale, nous avons plus de moyens, comparé aux autres entreprises. Nous avons essayé de nous référer à l’expérience des pays voisins déjà aux prises avec la lutte contre cette crise.
Nous avons recueilli des informations qui nous sont d’une grande utilité et nous avons beaucoup appris, en si peu de temps, de l’expérience des experts et des médecins ainsi que de nos confrères chinois sur la manière dont ils ont lutté contre ce virus.
La Chine étant le pays où tout a commencé. Nous avons étudié de près et transmis cette expérience à nos partenaires, à nos clients ainsi qu’au gouvernement. Nous avons insisté sur le fait que des mesures importantes avaient été prises pour lutter contre le virus. Elles étaient certes utiles mais pas toujours d’une très grande efficacité.
Par ailleurs, nous nous sommes intéressés aux conditions de travail au sein de nos bureaux. Nous nous sommes demandé ce que nous pouvions fournir en plus des outils de protection comme les masques et certains médicaments. Nous avons convenu de faire intégrer à nos partenaires notre façon de travailler. En tant que multinationale, nous avions l’habitude et l’expérience du télétravail. Avec le confinement, cette démarche est devenue le moyen le plus efficace.
“Nous avons essayé de nous référer à l’expérience des pays voisins déjà aux prises avec la lutte contre cette crise”
Pour autant, les employés, qu’ils soient prêts, préparés ou non, doivent apprendre à travailler de manière optimale en disposant de certaines commodités. Il s’agit, en l’occurrence, de mettre en marche un réseau fonctionnel, un système de télétravail efficient, de s’assurer que les collaborateurs aient un accès facile au système de l’entreprise et puissent, de ce fait, communiquer entre eux facilement. Ce sont là des questions que nous nous sommes posées et nous en avons conclu que nous pouvions bâtir, à partir de ce constat, des solutions viables.
Nous avons proposé notre aide aux hôpitaux, au ministère de la Santé, au ministère de l’Enseignement Supérieur, à la Présidence du gouvernement à travers l’installation d’un système de télétravail, afin qu’ils puissent travailler à distance pendant la période de confinement. Je puis vous dire, à partir de leur retour d’expérience, que cette aide leur a été utile. On n’en espérait pas moins.
Cette crise va-t-elle enclencher des changements dans le fonctionnement interne de Huawei ?
Lorsque la crise sanitaire a éclaté, notre premier réflexe a été de nous préparer sur le plan psychologique, pour changer justement notre façon de travailler tout comme notre façon de vivre d’ailleurs. D’abord, il a fallu une prise de conscience pour devoir se protéger soi-même en respectant la distanciation sociale, en portant un masque et en se lavant régulièrement les mains. Pour le reste, comme je l’ai mentionné, nous sommes habitués à opérer dans le cadre du télétravail.
Ce n’est pas une affaire inédite pour nous autres. Tous nos employés ont l’habitude de travailler de façon flexible et d’évoluer constamment avec beaucoup d’agilité et de souplesse. Aussi, il est important pour nos employés d’être efficaces. Ils doivent toujours être dans un état d’esprit positif et proactif. Nous avons oeuvré, à cet effet, à encourager la communication entre les différents employés. Fort heureusement, nos méthodes fonctionnent plutôt bien.
Quelle est la contribution des nouvelles technologies dans cette même lutte contre la Covid-19 ?
L’élément le plus important pour nous est de nous assurer que le réseau est stable et qu’il fonctionne correctement. Pendant le confinement, la plupart des personnes sont restées chez elles et se sont abstenues de sortir. De ce fait, l’utilisation du réseau s’est accrue de manière significative.
Ici en Tunisie, nous opérons fortement avec les opérateurs télécoms, ce qui nous rend responsables de la garantie de la qualité du réseau. Nous devons faire en sorte que leurs clients aient une expérience utilisateur réussie. Nous savons pertinemment que les jeunes en particulier peinent à rester confinés chez eux et seraient même tentés de s’y soustraire au cas où le réseau serait défaillant. Si bien qu’il est de notre responsabilité que le réseau fonctionne à la perfection. En outre, nous nous sommes dit que tous ne sont pas en capacité de naviguer sur Internet en toute sécurité. C’est pourquoi, nous nous sommes employés pour que tout aille pour le mieux dans ce sens.
Mise à part l’infrastructure, comment le software peut-il contribuer dans le cadre de la lutte contre la pandémie ?
Je voudrais citer un cas en particulier. Nous avons mené des entretiens avec le corps médical, notamment les médecins pour les informer que les médecins en Chine, en Corée du Sud et dans d’autres pays avaient l’habitude d’utiliser l’intelligence artificielle. Nos confrères ont évoqué une technique de photo qui permet de détecter la présence du Coronavirus. Ici, en Tunisie, les médecins nous ont surpris. Ils étaient au fait de l’existence de cette nouvelle technologie qui pourrait leur être utile mais ils ont manqué de soutien et ils ont eu recours à des logiciels open source et à des plateformes qu’ils ont essayé d’adapter en fonction de la situation.
Ils les ont testés de la même manière qu’on teste l’intelligence artificielle. Jusque-là, je constate que le résultat est très prometteur dans le sens qu’ils ont pu accumuler plus de data pour les docteurs et les hôpitaux en Tunisie.
Quelles sont les valeurs qui ont fait le succès de Huawei ?
Notre expérience, par le passé, en tant que prestataires de services, nous a toujours renforcés dans notre conviction de mettre en priorité l’intérêt de notre client et d’œuvrer pour créer de la valeur pour lui. On en a fait notre credo et une des clés de succès de notre compagnie. Tout notre personnel donne le meilleur de lui-même afin de faire de l’expérience client la plus réussie et la plus réconfortante possible.
Nous constatons qu’Huawei investit de plus en plus dans le renforcement de ses relations publiques et dans sa stratégie de marque. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Huawei est aujourd’hui un leader mondial dans le secteur des technologies de l’information et de la communication.
Dans de nombreux pays, on s’y emploie pour que des lois en matière de digitalisation se mettent en place et constituent un véritable catalyseur aussi bien pour le gouvernement, la société que les industries. À cet effet, nous devons être plus transparents vis-à-vis de la société en général. Et pour cette raison, nous sommes tenus à plus d’ouverture non seulement aux médias mais également à nos partenaires, notamment ceux associés au service client. La règle est qu’en tant que citoyens responsables et en tant qu’entreprise, nous devons être plus transparents.
A travers les technologies qu’elle déploie, Huawei entend-elle réduire la fracture numérique entre les régions ?
C’est un fait qu’en tant qu’acteur majeur des technologies de l’information et de la communication dans le monde, réduire la fracture digitale est aujourd’hui notre mission.
Actuellement, notre priorité est de nous concentrer sur nos clients, sur la construction d’une infrastructure. Ceci est notre travail parce que tel est notre rôle. Ensuite, je ne vous apprends rien en vous disant que la transformation digitale nécessite plus d’un acteur. Indéniablement, tout le monde doit mettre la main à la pâte, y compris nos clients, les consommateurs ainsi que nos partenaires.
Nous devons, pour ce faire, être plus ouverts et plus inclusifs. Pour ce qui est de la situation en Tunisie, la priorité est de collaborer avec les opérateurs télécoms et le gouvernement afin d’améliorer l’infrastructure TIC du pays à travers, par exemple, l’octroi d’un réseau plus rapide et stable chez soi.
Nous ressentons le besoin et la nécessité d’apporter cette amélioration étape par étape et de nous assurer que la Tunisie maintienne sa position au sein de la région.
Le marché tunisien est-il assez mature pour des technologies telles que la 5G, l’AI, le Cloud…
Personnellement, je conçois la maturité à deux niveaux : d’abord en termes d’infrastructure et ensuite au niveau de l’état d’esprit digital. L’année dernière, le fondateur de la compagnie, qui a visité la Tunisie à maintes reprises, a considéré que la situation de la Tunisie est très avantageuse en ce qui concerne la révolution de l’industrie digitale.
La Tunisie est proche de l’Europe. Elle doit, de ce fait, constituer un centre manufacturier pour cette dernière. Aujourd’hui, il faut prendre conscience que la Tunisie est prête à saisir cette opportunité, et ce, à plus d’un titre.
D’abord, le niveau d’éducation, notamment des ingénieurs, et ensuite, l’infrastructure en soi. Par ailleurs, je pense que la bonne approche ne serait pas d’attendre que le marché atteigne une certaine maturité, nous devons plutôt grandir et croître avec le marché. C’est ainsi qu’il deviendra mature.
Auriez-vous des conseils pour booster cet état d’esprit digital ?
En effet ! Il y a un programme qui s’appelle ICT Academy auquel j’appelle les universités, les professeurs et les étudiants à adhérer et à en profiter. Ils pourront ainsi collaborer avec nous afin de s’initier davantage sur les dernières technologies, les dernières tendances industrielles ainsi que les dernières connaissances en la matière dans le but de se préparer à l’avènement d’une révolution digitale.
Quid de la recherche & développement, de l’innovation, des nouveaux produits ?
La recherche et développement est d’une importance majeure chez Huawei. En fait, l’année dernière, nous avons investi plus de 15% de notre chiffre d’affaires dans la recherche et le développement. Nous sommes donc très confiants. Pour nous, le marché du smartphone Huawei est important.
A titre d’exemple, nous avons lancé sur le marché tunisien le smartphone Nova 7i qui s’est bien commercialisé en étant démuni du système Google. Il semble que cette stratégie fonctionne, si l’on en juge par les échos qui nous parviennent du marché. Ce produit est très populaire, en l’occurrence, auprès de la jeune population. Notre plan dans l’avenir est d’introduire plus de smartphones sur le marché tunisien. Notamment les appareils dernier cri, y compris la série P40, en tant que téléphones mobiles flexibles. Ils seront enrichis de la Huawei AppGallery afin que les clients puissent expérimenter différents logiciels qui sont plus fluides et plus rapides.
Le mot de la fin?
En chinois, le mot crise signifie menace mais également opportunités. Ce que je voudrais dire c’est que nous faisons face à une grande crise mais nous ne devons jamais perdre confiance et nous devons également rechercher des opportunités issues de celle-ci. La Tunisie, de par sa position géographique favorable, le niveau de l’éducation, la haute qualité du capital humain ainsi que ses solides fondamentaux est promise à un bel avenir. Nous gardons, pour notre part, confiance en nous. Nous travaillons de manière sereine et épanouie.
Il y aura un avenir brillant pour nous tous.
Interview réalisée par Nadya Bchir