Emmanuel Macron a (re)nommé, dans la soirée de vendredi 10 octobre 2025, Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre. Cette reconduction, après une démission au début de la semaine, porte l’espoir du président français que l’ex-ministre des Armées pourra obtenir suffisamment de soutien d’un Parlement profondément divisé pour faire adopter le budget de 2026.
Cependant, cette reconduction risque de raviver la colère de certains adversaires politiques de Macron (RN et LFI), qui estiment que la meilleure façon de sortir de la plus grave crise politique que le pays ait connue depuis des décennies était des élections législatives anticipées, voire sa démission.
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La tâche immédiate de Lecornu sera de présenter un budget à l’Assemblée nationale, et ce, dès lundi 13 octobre. Un nouvel effondrement du gouvernement augmenterait la probabilité que Macron convoque des élections anticipées, un scénario qui profiterait le plus aux extrêmes (droite et gauche).
Le prix est de 0,2% du PIB
La tourmente politique en France, qui a entamé la croissance et inquiété les marchés financiers, a été largement déclenchée par la décision de Macron l’année dernière de dissoudre l’Assemblée nationale et, par ricochet, de convoquer des élections législatives, un pari qui a donné un Parlement sans majorité, divisé entre trois blocs idéologiquement opposés.
La volonté du pays d’assainir ses finances, nécessitant des coupes budgétaires ou des hausses d’impôts sur lesquelles aucun parti ne peut s’entendre, n’a fait qu’aggraver le malaise. De même, les manœuvres des leaders politiques cherchant à succéder à Macron à l’élection présidentielle de 2027 ont fait que les calculs politiciens s’imposent.
Si l’Assemblée nationale ne parvient pas à trouver un terrain d’entente sur un budget dans le délai imparti, une législation d’urgence pourrait être nécessaire pour faire fonctionner le pays l’année prochaine sur la base du budget 2025.
La Banque de France a estimé que l’incertitude politique actuelle coûterait 0,2% de PIB à l’économie.
Un technocrate pour sauver le pays ?
Au cœur des récentes négociations budgétaires figuraient la volonté de la gauche d’abroger la réforme des retraites de 2023 de Macron – qui a relevé l’âge de la retraite -, et de taxer plus lourdement les riches. Ces demandes ont été difficiles à concilier avec celles des conservateurs, dont Macron a également besoin pour faire adopter un budget.
Macron a proposé aux partis politiques de reporter d’un an, à 2028, le relèvement de l’âge de la retraite à 64 ans. La concession a été qualifiée d’insuffisante.
Selon plusieurs sources, la solution serait un gouvernement de technocrates, sans ambitions présidentielles. Mais bien que, sur le papier, un tel gouvernement puisse cocher de nombreuses cases, il existe une raison essentielle pour laquelle cela a peu de chances de fonctionner en France : l’opinion publique.
Les Français sont connus pour être profondément, et parfois passionnément, politiques. Et avec les décisions difficiles à prendre pour faire adopter le budget 2026 et ramener le déficit du pays à environ 3% du PIB, il s’agit peut-être de l’un des moments les plus politiques que le pays ait connus ces dernières années.