Recep Tayyip Erdogan se rendra à la Maison Blanche pour la première fois depuis six ans. Apportant avec lui une série d’accords visant à restaurer les relations tendues entre les États-Unis et la Turquie.
La rencontre entre Erdogan et Donald Trump devrait ouvrir la voie à l’achat par la Turquie de tout. Depuis les avions de chasse de Lockheed Martin Corp., en passant par les avions de Boeing Co., jusqu’à plus de 50 milliards de dollars de gaz naturel liquéfié. C’est ce qu’a rapporté, ce jeudi 25 septembre, de hauts responsables turcs au magazine Capital.
Erdogan voit dans cette rencontre une occasion de renouer des liens tendus par les achats d’armes russes, les querelles diplomatiques et les taxes douanières de rétorsion. La Turquie dépend toujours du soutien militaire et diplomatique des États-Unis pour maintenir son influence régionale. Et les investisseurs considèrent son rôle au sein d’une alliance occidentale comme crucial pour la croissance de la première économie du Moyen-Orient. Les anticipations d’un dégel des relations avec Washington ont soutenu les marchés turcs. La dette publique et les actions ayant progressé depuis l’annonce de la visite de Trump à la Maison Blanche la semaine dernière.
Les deux dirigeants ont parcouru un long chemin depuis leur rencontre difficile à la Maison Blanche en novembre 2019. Après que Trump s’est engagé plus tôt cette année-là à retirer ses troupes de Syrie, la Turquie a lancé une incursion militaire contre les forces kurdes soutenues par les États-Unis. Incitant donc Washington à imposer des sanctions à plusieurs ministres turcs.
L’alliance a évité de justesse l’effondrement lorsque le vice-président de l’époque, Mike Pence, a négocié un cessez-le-feu. Permettant ainsi aux forces soutenues par les États-Unis de s’éloigner de la ligne de feu turque.
Six ans plus tard, et notamment une présidence entièrement démocrate durant laquelle la Turquie n’était pas une priorité pour Washington, Erdogan et Trump ont tous deux intérêt à améliorer leurs relations. La Turquie est disposée à ce que les États-Unis couvrent une partie de ses besoins militaires et énergétiques. Ce qui offre à Trump une victoire facile sur le plan commercial.
Pour Ankara, les avantages sont tout aussi évidents. Erdogan souhaite réaffirmer son engagement envers la place de la Turquie au sein de l’alliance occidentale après sa réélection il y a deux ans. Il a déjà rassuré les investisseurs internationaux en abandonnant ses politiques économiques peu orthodoxes et en nommant Mehmet Şimşek, ancien stratège de Merrill Lynch, au poste de ministre des Finances.
La création de relations étroites entre les États-Unis et la Turquie est cruciale
Toutefois, il est essentiel de construire des relations étroites avec la Maison Blanche pour renforcer la confiance dans les marchés turcs jusqu’à ce que l’inflation – qui dépasse actuellement 30 % – soit maîtrisée et que le pays reconstitue ses réserves de change pour résister aux turbulences.
La majeure partie des contrats potentiels de jeudi pourrait concerner le secteur aéronautique. Boeing et Lockheed Martin pourraient recevoir des commandes pour jusqu’à 250 avions commerciaux, ainsi que des avions de combat F-16 supplémentaires, selon des responsables turcs.
Trump a déclaré la semaine dernière qu’il était possible de résoudre le conflit de longue date autour de l’avion de combat F-35. La Turquie était initialement partenaire du développement de l’avion de combat le plus avancé de Lockheed. Mais elle a été exclue du programme après l’acquisition du système de défense aérienne russe S-400. Cet achat a donné lieu à des sanctions du Congrès, connues sous le nom de CAATSA, visant l’industrie de défense turque, sanctions qui restent en vigueur.
Ankara a refusé de renoncer aux S-400, comme l’exige Washington, mais espère qu’un compromis sur leur déploiement pourrait rouvrir la porte à l’achat de 40 F-35, selon la même source turque.
La Turquie a annoncé mercredi des accords à long terme avec Mercuria Energy Group Ltd et Woodside Energy Group Ltd. Et ce, pour acheter environ 76 milliards de mètres cubes de gaz naturel sous forme de GNL, principalement auprès d’installations aux États-Unis.
Les livraisons de gaz et les accords de défense stimuleront les échanges bilatéraux, que les deux pays ont déclaré vouloir tripler pour atteindre environ 100 milliards de dollars par an.
Par ailleurs, les données du Fonds monétaire international soulignent que les exportations étaient à peu près équilibrées dans les deux sens. Ce qui a permis à la Turquie de ne subir que 15 % de droits de douane américains sur ses produits, parmi les plus bas taux imposés par Trump à ses homologues en août.